CHRONIQUE Tunisie – Politique : Le syndrome du drapeau

RTT_avendre-250412.jpg Depuis le début de la révolution et ce qui en suivit de par le monde, phénomènes qui ont dépassé le cadre de la petite Tunisie, il s’en est passé des choses dans cette petite Tunisie:

– Comme dans toutes les révolutions, des gens venus d’ailleurs cherchent à en récupérer les acquis et à remplacer au pied levé le système existant, et comme je l’ai déjà dit dans un autre papier, ils avaient presque 20 ans de décalage sur la réalité du pays et eurent quelques difficultés à surmonter pour assurer une gestion efficiente de ce petit pays.

– Tout en ne niant pas leur mérite et leur souffrance ni leur probité, j’avouerai que les moyens utilisés pour prendre en main ce pays n’étaient pas très adroits et ils commirent des bêtises puis des fautes, et enfin des erreurs stratégiques; je résumerai tout ça par l’expression “syndrome du drapeau“. Suivez mon raisonnement dédalesque:

o L’explosion dans le verbe qui suivit le 14 janvier fut associée a une explosion dans les comportements, et on vit se développer des extrémismes inhabituels sous nos cieux -qui n’entrent pas dans nos traditions où on a toujours cherché le juste milieu– avec une extrême gauche parfois irréaliste et une extrême droite surréaliste; cette explosion a concerné tous les secteurs: le nombre de partis, de débats, de chaînes de télés, de journaux; de grèves; etc.; tout devint excessif mais le pays tournait quand même. J’ai utilisé a escient le mot “explosion“ car heureusement à ce jour, elles n’utilisaient ni TNT ni C4, et on peut considérer que tout s’est passé d’une manière civilisée qui ferait pâlir d’envie plus un originaire de Syrie ou une vie ne vaut rien alors que chez nous rien ne vaut une vie.

o Depuis que le paysage fut occupé par ces gens-là qui se réclamaient de l’islam comme si les autres concitoyens étaient impies, on assista à un curieux manège; classique par ailleurs: chercher à mettre ses pions en place par étape: faire créer l’incident, mesurer la réaction de la société civile, et ensuite prendre la décision qu’ils pensent utile, et les exemples pullulent:

§ Créer une Troïka fantomatique dont certains membres règnent mais ne gouvernent pas même s’ils ont un budget confortable à leur disposition.

§ Envoyer des fantômes troubler le fonctionnement des institutions: l’université, la télé, et la rue; et certains de ces fantômes ont poussé le bouchon trop loin: insulter les juifs, menacer de mort, jeter des pierres sur des manifestants, troubler les prêches des mosquées, et surtout, et là les bornes ont été dépassées, en faisant arracher le drapeau national –crime fédéral aux USA- etc.

§ Provoquer des incidents à l’Assemblée, fermer l’avenue Bourguiba.

§ Promettre aux vieilles filles le mariage –sic– d’ailleurs à ce sujet il faudrait que je les remercie d’avoir pensé à moi…

§ Envoyer une ancienne vedette du foot dans l’un des quartiers historiques de la capitale promettre être encore là en 2017, l’horizon 2017….

§ Suggérer la privatisation de la télé nationale

§ Etc.

o A chaque fois et à chaque incident, il y a une réaction de la société civile, de l’administration et de l’UGTT, et parmi elles, je citerai

§ Khaoula qui a remis le drapeau en place après avoir été poussée par le fantomatique trublion

§ Les chômeurs qui démarrent une manif à partir du siège de l’UGTT

§ Le 9 avril qui permit de rouvrir l’avenue

§ La journée face book sur l’avenue

§ Et même le président, seul dans son grand palais qui ne règne pas, se démarqua de la Troïka et osa prendre des décisions unilatérales et aller seul réciter la Fatiha sur le tombeau de Bourguiba, et se recueillir sur les victimes de la ghriba!

Et on gagne du temps, on tergiverse, on traîne, et on en est encore à l’article 1 de la Constitution.

Je n’irai pas jusqu’à imaginer qu’un esprit machiavélique laisse les camions de fruits et légumes filer en Libye pour que les prix montent, montent, et du coup, quand le portefeuille s’assèche, on ne s’occupe plus de démocratie. Il y a déjà un signe qui ne trompe pas: l’engouement pour le foot a repris comme au beau temps de zaba, les cafés étaient bondés lors du match REAL- BARCA!

Comme on peut le constater par ailleurs, et l’avenir le dira, il y a aussi bien une fissuration dans le parti au pouvoir dépassé par son extrême droite qui utilise les moyens modernes pour nous ramener au 6ème siècle et une dispersion des autres forces que la pauvre Maya essaie de regrouper alors que d’autres essaient en vain de s’abriter derrière la vénérable carrure de BCE. Alors quand est-ce que ce système retrouvera son équilibre? Dieu seul le sait et comme ça, on leur fera plaisir en invoquant le seigneur!>