Tunisie – Répartition des revenus et des richesses : Pouvoir d’achat… Concept et mesures de soutien (1)

Par : Autres

1) Le pouvoir d’achat

Les tunisiens ne cessent de se plaindre de la cherté de la vie. Ils réclament
davantage de «pouvoir d’achat». Nul n’ignore aujourd’hui que l’évaluation du
pouvoir d’achat fait l’objet d’un débat et de controverses. En effet, il y a
souvent une confusion entre le pouvoir d’achat, le niveau de vie, le coût de la
vie et l’inflation.

Généralement, le débat sur le pouvoir d’achat pose de nombreuses interrogations
et des interprétations qui se trouvent souvent à l’origine de malentendus. Les
comptables nationaux mesurent le pouvoir d’achat de l’ensemble des tunisiens,
les chefs de famille constatent le pouvoir d’achat de leur ménage, les syndicats
s’intéressent surtout au pouvoir d’achat des salaires, les hommes politiques
essayent de le manipuler en le poussant à la hausse quand ils sont au pouvoir et
à la baisse quand ils sont dans l’opposition.

Pour situer les idées relatives au thème fort complexe du pouvoir d’achat et des
conséquences qui en résultent pour l’économie dans son ensemble mais aussi pour
les entreprises et pour les salariés en particulier, rappelons quelques
définitions. D’une manière simple, le pouvoir d’achat correspond à «la quantité
de biens et services que l’on peut acheter avec le revenu disponible (Voir Moati
et Rochefort -2008 : «Mesurer le pouvoir d’achat», rapport CAE, no 73, 2008). Le
pouvoir d’achat dépend pour l’essentiel de l’évolution de deux variables: le
revenu disponible brut et l’inflation.

– Le revenu disponible brut est le niveau de revenu courant, y compris les
prestations sociales, dont un ménage dispose, une fois qu’il s’est acquitté des
prélèvements obligatoires. Ce revenu peut être partagé entre consommation et
épargne.

– Le niveau général des prix en vigueur dans le pays est également déterminant
d’autant plus si l’inflation est forte car ce qui compte est moins ce que l’on
gagne sur sa «fiche de paie» que ce que l’on peut réellement s’acheter avec. On
distingue ainsi le «revenu nominal», qui ne prend pas en compte l’inflation, et
le «revenu réel», qui tient compte du niveau général des prix et représente donc
le pouvoir d’achat. Si l’on raisonne en dynamique, l’accroissement du pouvoir
d’achat dans le temps est donc tributaire de l’évolution relative du revenu
nominal et de l’inflation.

Partant de cette logique, nous avons, à partir des données disponibles à l’INS,
tenté d’évaluer la progression du pouvoir d’achat du revenu disponible des
ménages. Les gains de pouvoir d’achat sont la différence entre la croissance du
revenu disponible brut des ménages et celle de l’augmentation de l’indice des
prix à la consommation. Les résultats révèlent une évolution d’environ 4% en
moyenne sur les dix dernières années.

Graphique 7 : Evolution du pouvoir d’achat

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Source : INS et calcul de l’auteur

Il ne faut pas faire de confusion entre pouvoir d’achat de l’ensemble des
ménages et pouvoir d’achat par individu. L’augmentation du revenu global n’est
pas le gain de niveau de

vie que chaque individu perçoit. En effet, le nombre de ménages augmente de 2,3
% par an, et le nombre d’individus ou d’unités de consommations par ménage,
aujourd’hui égal à 4,2 par ménage, demeure relativement stable. Au total, selon
nos calculs, le niveau de vie individuel progresserait d’environ 2,5 % en
moyenne par an.

Comme nous l’avons déjà souligné plus haut, les autorités publiques disposent de
deux leviers principaux pour agir sur le pouvoir d’achat : les revenus et les
prix. On notera à cet égard que les chefs d’entreprise privilégient
effectivement l’actualisation des barèmes fiscaux (34,1%) et la maitrise de
l’inflation (31,8%). Nous essayons dans ce qui suit de discuter des différentes
actions susceptibles d’améliorer le pouvoir d’achat.