L’ANME remet le Plan solaire tunisien (PTS) sur la table (1)

noura-lazreg-anme.jpgL’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) a récemment lancé un appel d’offres international en vue de revoir le Plan Solaire Tunisien, officiellement adopté en octobre 2009. Explications de Mme Noura Laaroussi Benlazreg, sa directrice générale.

WMC: L’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) a récemment lancé un appel d’offres en vue de revoir le Plan Solaire Tunisien (PST). Pourquoi cette initiative deux ans à peine après le lancement de ce plan?

Noura Laaroussi Benlazreg: A vrai dire, notre Plan solaire, qui date de la fin 2009, n’est pas devenu obsolète. Mais nous avons vécu en 2010 et 2011 deux années difficiles durant lesquelles nous avons essayé de suivre ce plan. En tant qu’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie, qui s’occupe aussi bien de l’efficacité énergétique que des énergies renouvelables, il est de notre devoir de suivre les projets inscrits dans ce plan.

Les projets concernant l’efficacité énergétique, qui sont d’anciens projets, se poursuivent. Ils ont des objectifs assez clairs et nous essayons de les atteindre. Mais nous avons trouvé beaucoup de difficultés en ce qui concerne les énergies renouvelables. La première tient au fait que certains projets concernent l’Etat et d’autres le privé. On n’a pas vu de concrétisation de projets dans le privé. Cela ne veut pas dire que le privé ne s’est pas manifesté; le privé est venu, notamment des étrangers ayant de l’expérience dans le développement des énergies renouvelables, qu’elles soient solaires ou éoliennes. Mais ils ont rencontré un obstacle majeur: le cadre réglementaire.

Comment?

Quand nous avons élaboré le Plan solaire, nous avons, par la loi de 2009, permis l’auto-production, c’est-à-dire la production d’électricité pour ses propres besoins. Or, le Plan solaire envisage la production pour vendre à la STEG ou exporter. Mais le cadre réglementaire n’est pas adéquat. Donc, les conditions permettant de concrétiser les objectifs du Plan solaire ne sont pas réunies. Comment le privé va-t-il se greffer, alors que la STEG a le monopole de la vente et de la distribution? Va-t-il se greffer sur le réseau de la STEG? Le cas échéant il devra être mis à niveau pour pouvoir absorber la quantité d’énergies renouvelables produite.

En outre, nous pensons qu’il n’y a pas de stratégie claire pour le développement des énergies renouvelables. Quand on décide de développer ce secteur, on doit déterminer le potentiel –cela a été fait-, préciser le potentiel à réaliser pendant une certaine période –le Plan solaire l’a fait-, identifier les sites –ils ne le sont pas.

Donc, on se retrouve avec des promoteurs qui, après avoir mené les études requises et identifié les sites, n’ont pas de réponse, d’autorisations pour concrétiser leurs projets.

De même, concernant la réalisation, on ne doit pas se limiter à clamer qu’on veut 1000 mégawatts d’énergie renouvelable à l’horizon 2016. Il faut préciser combien on veut en réaliser chaque année pour qu’il puisse y avoir une adéquation entre le réseau de la STEG et les privés. D’ailleurs, même la STEG n’a concrétisé que dans l’éolien; dans le solaire, elle se cherche encore. Elle mène des études dont on ne sait pas quand est-ce qu’elles aboutiront.

Bref, il manque à notre Plan solaire une vision claire de la démarche de réalisation. C’est pour cette raison que nous avons voulu le reprendre pour qu’il soit un vrai Plan solaire et non un ensemble de fiches projets ne bénéficiant pas de conditions favorables aidant à leur concrétisation. En effet, rien n’est clair à propos des incitations financières et fiscales, de la réglementation, des relations entre la STEG et les privés, de la main-d’œuvre qualifiée nécessaire, du taux d’intégration exigé, etc. On exige effectivement des promoteurs de fermes solaires de garantir un taux d’intégration, mais avons-nous le tissu industriel requis pour cela? Non, nous ne l’avons pas.

De même, les centres de recherche –qui ailleurs ont des relations étroites avec les industriels- constituent déjà un maillon faible dans l’industrie, que dire dans le secteur des énergies renouvelables. Nous avons une technopole qui date de trente ans, mais nous ne savons pas ce qu’elle est en train de faire. Elle est en train de faire des choses mais qui ne sont pas valorisables. Or, dans les énergies renouvelables et le solaire notamment, les technologies évoluent rapidement.

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