CHRONIQUE La Tunisie est plurielle…

plurielles-090312.jpgLe hasard a voulu qu’en démarrant cet article, un film passait a la télé relatant le rôle de MARTIN Luther King a montgomry lors du boycott des transports en commun qui fut à l’origine de la suppression des lois raciales et toute la sagesse de cet homme apparu. C’est cette sagesse qui a permis à l’Amérique de résoudre l’un de ses plus profonds antagonismes. Plus tard sur TF1, un reportage montrait des extrémistes juifs a Jérusalem qui font tout pour séparer, d’une manière ostentatoire, hommes et femmes.

Un peu des ces situations extrêmes que notre pays est en train de vivre et encore heureux qu’à ce jour il n’y ait ni ku kluX klan ni Sin Beth chez nous. Mais ne sommes-nous pas d’y aller à grand pas?

Et ce qui se passe ces temps-ci peut inquiéter et notamment une série de phénomènes:

– une Troïka en pleine desartakatolisation qui se dit perdante et dirigée par un parti de plus en plus autoritariste avec un président du principal parti qui a décrété que la chariaâ fera partie de la Constitution, n’en déplaise aux détracteurs comme l’a si bien affirmé celle qui nous offrait la mer à boire!

– une opposition complètement désarticulée et atomisée sans aucune ligne directrice qui ne peut que servir les intérêts de ceux qui veulent du mal à ce pays;

– des barbus mal rasés de plus en plus agressifs.

Je prends mes responsabilités en parlant de mal, mais l’histoire l’a bien montré, ce pays a été et sera toujours pluriel. Donc, vouloir lui imposer un carcan “chariaïque“ relève de l’absurdité sociale et humaine, car si le Coran est unique et l’Islam un ciment social unique, il y a des charias et chacun se crée la sienne pour servir et protéger ses intérêts. Il suffit de visiter le monde arabo-musulman pour apprécier ces nuances et les exemples sont légion:

– l’Algérie a vécu sa chariasation dans le sang et le drame,

– le Maroc a, lui, une autre vision: il y a un maroc utile et l’autre à qui on promet le paradis éternel, faute de meilleures conditions de vie ici-bas; il y a la chariaâ des riches et celles des pauvres,

– la Libye, par contre, complètement démantelée par Kadhafi, n’a trouvé comme ciment que la religion en attendant que la société civile se recompose,

– le cas de l’Egypte est très complexe et malgré les richesses du Nil, l’échec de la politique économique de Nasser a développé ce sentiment de rancœur qui finira par mener le pays à la confrontation armée- Frères musulmans; cette confrontation sera douloureuse et plus violente que l’Algérie, et son impact dépassera ses frontières au vu de l’importance géostratégique de ce pays,

– les pays du Golfe et l’Arabie saoudite noient leur problèmes dans le pétrole et utilisent l’arme de la religion pour garder une mainmise sur leur peuple, et les standards des charias appliquées vont crescendo de Dubaï a Ryadh …

– le cas du Yémen est assez curieux car ce pays d’un autre âge a puisé dans sa croyance profonde sa force pour arriver à faire bouger les choses,

– le cas de l’Irak est assez spécial, et malgré la démolition qu’il subit, a un niveau élevé. A ce sujet, je vous raconte une anecdote qui est arrivée durant le mois de ramadan pendant la période de Saddam à un de mes amis qui se trouvait à BAGDAD et qui, un matin, se trouvait invité par des amis irakiens à visiter la ville, ces derniers prirent la route et furent surpris de voir à 60 Km environ un ensemble barbecues géants avec des familles attablées! Essayant de comprendre, on lui expliqua que l’application rigoureuse de la chariaâ avait défini une journée de marche à dos de chameau qui autorisait à rompre le jeûne durant le jour! No comment!

– la Syrie, elle, pose un autre problème: Etat tampon, son écroulement aurait un effet domino sur toute la région et le pétrole passerait à 300 $! Mais allez chercher un peu d’Islam dans le comportement d’Assad!

D’ailleurs, si nos ancêtres avaient tout traduit des auteurs grecs et romains, ils butèrent sur le mot démocratie; actuellement les langues latines butent sur le mot chariaâ.

En bonne musulmane et croyante convaincue, je persiste et signe: je dis non à la chariaâ pour démolir un pays de droit, organisé et structuré et d’histoire millénaire comme voulurent le faire les Vandales et les Hilaliens, ce qui nous mènerait à un Etat de non-droit où la justice se rendra par des fatwas comme actuellement en Egypte où le non-Etat fait que les gens se refugient dans les fatwas de la mosquée Al Azhar qui en délivre actuellement 8.000 par mois… Notre pays mérite mieux d’autant plus que certains sont des mauvais perdants et le risque de voir des ceintures exploser est bien réel.