Carrefour gèle ses hypers Planet, le grand chantier du PDG sortant

photo_1331221423921-1-1.jpg
é baptisé Carrefour Planet, le 25 Août 2010 à Ecully (Photo : Philippe Desmazes/Archives)

[08/03/2012 15:48:26] PARIS (AFP) Carrefour, qui a vu sa rentabilité chuter lors d’une année 2011 catastrophique, a annoncé jeudi le gel de ses nouveaux hypermarchés Planet, une décision qui scelle l’échec du PDG sortant Lars Olofsson à redresser le groupe.

Une remise en cause du concept Planet était pressentie alors que M. Olofsson doit progressivement laisser la place à Georges Plassat, après avoir collectionné les mauvaises nouvelles.

En 2011, le numéro deux de la distribution a vu son bénéfice net chuter de 14,3% à 371 millions d’euros.

Hors sa filiale discount Dia, dont il s’est séparé en juillet, et sans les activités thaïlandaises, vendues à Casino, Carrefour a même accusé une perte nette de 2,2 milliards d’euros.

En France, sa rentabilité a chuté de près d’un tiers, et elle a baissé de plus de 18% en Europe, plombée par la crise grecque. Même l’Asie, considérée comme un eldorado, affiche une rentabilité en baisse de 9,7%. Seule l’Amérique latine bondit, de 18,5%, tirée par le Brésil.

Ces mauvais chiffres étaient attendus, car le groupe avait reconnu à trois reprises que ses résultats seraient moins bons que promis. En revanche, il a surpris en divisant son dividende par deux et en proposant de choisir un versement en numéraire ou en actions.

M. Olofsson est arrivé à la tête de Carrefour en 2009, avec l’ambition de “réinventer l’hypermarché” pour enrayer la baisse de la fréquentation.

Sa recette avait été dévoilée en grande pompe à la rentrée 2010: le plan de rénovation Planet, associant confort d’achat, services et animations, au risque de donner une image de cherté à des consommateurs très sensibles aux prix.

photo_1331221610003-1-1.jpg
à 2011

Initialement, le groupe prévoyait de transformer 245 hypers européens sous cette bannière en France, Espagne, Belgique, Italie et Grèce, tandis que d’autres magasins devaient s’en inspirer, pour un investissement total de 1,5 milliard d’euros à l’horizon 2013.

Mais jeudi, Carrefour a annoncé la suspension en 2012 du déploiement des Planet, exception faite de la transformation de 11 magasins supplémentaires.

Si les performances des magasins Planet sont “supérieures aux magasins non convertis”, les résultats restent “inférieurs aux attentes” a expliqué le groupe, invoquant la situation économique en Europe du Sud, notamment en Grèce, où il a perdu de l’argent en 2011 alors que la consommation est affectée par les mesures d’austérité.

De même, il a connu “des problèmes opérationnels en France”, son premier marché, où il a été affecté par d’importantes ruptures de stock.

Fin 2011, Carrefour totalisait 81 Carrefour Planet, représentant environ 10% de ses ventes.

Carrefour ne parle pas, pour l’heure, d’abandon de Planet. Il va analyser et améliorer “le modèle des magasins déjà convertis”. Il promet “une baisse des coûts de conversion avant tout nouveau déploiement”, et entre-temps, de diffuser les “bonnes pratiques” dans le groupe.

Carrefour va continuer de réduire les ruptures de stock et investit dans les baisses de prix, qui s’accompagnent d’un nouveau slogan, “le prix bas, la confiance en plus”, a souligné le patron des activités françaises Noël Prioux.

“Il y a une vraie opportunité historique pour Carrefour de reprendre +le quart d’heure d’avance+ sur nos produits”, de marque propre, a-t-il déclaré, reprenant un ancien slogan.

Carrefour va notamment “accélérer” sur le développement du “drive” pour en totaliser 150 à 200 d’ici la fin 2012, a-t-il précisé.

“On sera revenus réellement dans la course en une année”, a-t-il estimé, alors que le groupe est en retard sur ses concurrents sur ce canal de consommation, face notamment aux précurseurs Auchan et Leclerc.

Carrefour compte également se développer dans l’e-commerce non alimentaire, après s’être allié au site Pixmania. Là encore, il est en retard, contrairement à Casino qui compense grâce à sa filiale Cdiscount la baisse des ventes non alimentaire de ses hypers.