Tunisie – Tourisme : “Il est encore temps de sauver la saison touristique 2012“, estime Elyes Fakhfkafh

tourisme-tunisien-2010-1.jpgLe récent Conseil des ministres a écouté un rapport sur la situation du tourisme tunisien ainsi qu’un plan préliminaire de promotion pour la nouvelle saison touristique.

En 2011, la même somme a été allouée à la promotion du tourisme. Une enveloppe de 60 millions de dinars était alors considérée comme exceptionnelle. Elle devait soutenir les réponses à une situation difficile que traversait le secteur. Quel bilan en a-t-on fait? Saura-t-on retenir les leçons d’un exercice épuisant mais qui semblait perdu d’avance?

En 2012, la situation demeure tout autant critique si ce n’est pire. L’exaspération et l’essoufflement commencent à avoir raison des opérateurs touristiques. Le manque de visibilité pour la prochaine saison fera le reste pour mettre le moral et la destination en berne. A cela s’ajoute une situation générale délicate dans le pays et dans la région, qui est d’ores et déjà annonciatrice d’une année 2012 difficile.

Du côté du ministère du Tourisme, on affiche une forme d’enthousiasme surprenante. Dans un entretien accordé au Journal “Essahafa” le ministre, Elyes Fakhfkafh, estime même qu’il est encore temps de sauver la saison 2012.

Le ministre vient d’annoncer qu’une enveloppe de 65 millions de dinars sera consacrée à la promotion touristique au titre de l’année en cours. Le coup d’envoi de la relance sera donné les 3 et 4 février prochain avec une rencontre des tours opérateurs en présence de journalistes, de diplomates et de personnalités nationales et étrangères. Ce séminaire porte sur “la relance du tourisme tunisien”. Prétention ou excès de confiance? Si le tourisme se relançait à coup d’allocutions et de séminaires, cela se saurait! Les 60 millions de dinars dépensés l’année écoulée auraient pu faire l’affaire et sauver les meubles.

Du côté des professionnels, on est sceptique. La situation sur les principaux marchés émetteurs est morose avec la crise économique. La destination tunisienne n’a quant à elle encore rien de nouveau pour être en mesure d’attirer de nouvelles clientèles.

Un opérateur vivant entre la Tunisie et la France et opérant dans le secteur du MICE résume bien la situation: “Si ce sont les mêmes invités, les mêmes approches et les mêmes produits qu’il y a 10 ans, je ne vois pas en quoi cela changera! Les gens ne veulent plus venir… On peine même à ramener des journalistes à qui l’on déroule de vrais tapis rouges ailleurs…!”.

Des propos qu’adopte une grande partie des opérateurs tunisiens. Lors d’une récente conférence de presse, Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV) déclarait que l’argent dépensé dans des campagnes publicitaires en de pareilles circonstances équivalait à jeter de l’argent par la fenêtre.

Entre ceux qui pensent qu’il faut continuer à compter sur la publicité pour ramener des touristes et ceux qui pensent qu’il faut procéder à la mise à niveau du secteur, à inciter les investissements et à l’assainir en préparant des vraies réponses loin du rafistolage, il y a deux visions qui s’opposent bel et bien.

En attendant, sur le terrain, des pros du tourisme peinent. Moez Karoui, opérant et vivant sur le sud de la France, estime qu’il y a un mot d’ordre informel des TO pour éviter la Tunisie au profit du Maroc et de l’Espagne, car “la montée de l’extrémisme en Tunisie met en danger la sécurité des clients“. C’est là quasiment la même réponse que j’ai eue en faisant le tour de pas moins d’une trentaine d’agences simulant l’achat d’un séjour pour les vacances de février! Bravo le gouvernement! A part ça, tout le monde exagère!…”

En attendant et au vu de la situation que traverse le pays, il convient de rester sur ses gardes. Il est clair que ce n’est sûrement pas la publicité seule qui fera revenir les vacanciers en Tunisie. Le ministre du Tourisme devra vite trouver les moyens de sortir le secteur du marasme dans lequel il se trouve. Il devra surtout faire attention à comment il va dépenser l’argent à l’heure où celui-ci est si précieux.