Les Ports Francs de Genève, une entreprise qui ne connaît pas la crise

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Vue de Val-de-Travers en Suisse (Photo : Peter Capella)

[01/02/2012 07:42:41] GENEVE (AFP) Les Ports Francs de Genève, où sont stockées des millions de marchandises sous douane pour des montants vertigineux, ne craignent pas la crise et affichent une santé insolente.

“Nous avons atteint le seuil des 22 millions de francs suisses (18,3 millions d’euros) de chiffre d’affaires en 2011 et nous avons remis quelque 10 millions à titre de contribution annuelle à notre actionnaire principal”, le canton de Genève, qui détient 86% des actions, s’est félicité mardi lors d’une conférence de presse Christine Sayegh, présidente du conseil d’administration des Ports Francs genevois.

Le système du port franc est utilisé notamment par les commerçants ou les transitaires en douane, qui louent des surfaces pour y stocker des biens sans payer des droits de douane ni la TVA, pendant la durée du stockage.

Cependant, lorsque le bien sort de l’entrepôt, il est soumis à l’impôt dans son pays de destination. Ce système permet de différer le paiement des impôts et taxes et d’améliorer la gestion de trésorerie des locataires.

La société exploite 140.000 mètres carrés de surface locative, proposée aux professionnels et aux particuliers qui peuvent y louer des locaux pour entreposer des biens en tout genre, comme des grands vins, des cigarettes, des objets d’arts, des voitures anciennes, des bijoux ou des diamants.

Afin de satisfaire à la demande croissante, un nouveau bâtiment a été mis en chantier, représentant 11.000 mètres carrés supplémentaires.

Quelque 2 millions de bouteilles de vin sont ainsi stockées et 27% de la surface est louée pour des oeuvres d’art. Les transitaires en art représentent d’ailleurs un quart de la clientèle.

Pour rendre le contenu de ces énormes entrepôts aux portes de Genève plus transparents, la loi suisse sur les douanes a été modifiée et oblige depuis 2009 les locataires à fournir un inventaire détaillé du contenu de leurs locaux lorsqu’il s’agit de marchandises “sensibles”.

Les cigarettes, en raison de leurs taxes élevées, les oeuvres d’art, les bijoux et les pierres précieuses font partie de ces catégories de marchandises.

“Le Port Franc, c’est un peu comme la caverne d’Ali Baba, pleine de trésors dans l’imaginaire des gens”, a déclaré à l’AFP un responsable des douanes de Genève.

De fait, des grands collectionneurs choisissent les Ports Francs pour y entreposer leurs toiles, comme la famille Nahmad, qui gère deux galeries d’art à New York et Londres. Les locataires aménagent parfois luxueusement leurs locaux, afin de d’y recevoir leurs clients pour leur présenter leurs objets dans un show-room, en toute discrétion et dans une sécurité absolue.

Avec l’introduction de la nouvelle loi prévoyant des inventaires obligatoires, les Ports Francs de Genève craignaient de perdre des clients. Mais cela n’a pas été le cas, selon la direction.

“Je dis toujours à nos futurs clients, si vous avez quelque chose à cacher, ne venez pas chez nous”, a ainsi déclaré mardi Alain Decrausaz, directeur général des Ports Francs.

Le site a même été obligé à plusieurs reprises de refuser des clients cherchant plus de 2.500 mètres carrés de surface, faute de place, car le taux d’occupation avoisine les 100%.

En 2003, les Ports Francs ont défrayé la chronique en Suisse avec la découverte d’un lot de 200 pièces d’antiquités égyptiennes de très grande valeur dans un entrepôt. Ce lot a été saisi par les douanes et rendu à l’Egypte. Puis, deux ans plus tard, un trafic de diamants bruts entre Israël, Genève et Anvers a été mis au jour.