Italie : le Premier ministre cadenasse l’austérité avant de s’attaquer à la croissance

photo_1324554216845-1-1.jpg
écembre 2011 à Rome (Photo : Filippo Monteforte)

[22/12/2011 11:44:24] ROME (AFP) Le Sénat italien devait donner jeudi son feu vert définitif au plan d’austérité du gouvernement de Mario Monti qui va maintenant redoubler d’efforts sur la relance de la croissance alors que la péninsule a déjà mis un premier pied dans la récession.

Comme à la Chambre des députés vendredi dernier, le gouvernement a décidé de poser la question de confiance au Sénat, qui n’a pas modifié le texte adopté par les députés, afin de s’assurer que son plan soit entériné avant Noël.

Le vote, dont l’issue positive ne fait pas de doute, est attendu vers 14H00 GMT après une intervention de M. Monti devant les sénateurs prévue pour 11H30 GMT.

Hormis le parti populiste et fédéraliste de la Ligue du Nord, ex-allié clé de Silvio Berlusconi et l’Italie des Valeurs (gauche), les autres partis se sont engagés à voter ce plan, non sans quelques grincements de dents sur ses aspects les plus impopulaires.

Composé de mesures de réduction du déficit d’environ 20 milliards d’euros, ce plan, qui a provoqué la grogne des syndicats, durcit le régime des retraites et prévoit de nombreuses hausses d’impôts en particulier sur les biens immobiliers jusque là peu touchés, ou les capitaux cachés au fisc et régularisés par le gouvernement Berlusconi, afin de faire payer aussi les Italiens les plus aisés.

Des sacrifices indispensables, selon M. Monti, car sans ce plan, l’Italie, qui croule sous une dette représentant environ 120% de son PIB, aurait pu connaître le même sort que la Grèce.

S’ajoutant à deux cures d’austérité adoptées en juillet et en septembre d’un montant global de 60 milliards d’euros, ce nouveau plan de rigueur doit permettre à l’Italie d’atteindre l’équilibre budgétaire en 2013 et de tenir ainsi la promesse faite à Bruxelles et aux marchés.

Les députés ont tout de même réussi à imposer la semaine dernière à M. Monti des amendements pour relever le seuil du gel de l’indexation des retraites sur l’inflation ou alléger l’impôt sur la résidence principale.

Au-delà de la rigueur, qui est un trois piliers de l’action de l’ex-commissaire européen avec l'”équité” et la “croissance”, ce plan contient aussi plus de 10 milliards de mesures de relance passant notamment par des réductions d’impôts pour les entreprises embauchant des femmes ou des jeunes.

Mais ce n’est qu’un premier pas pour le gouvernement.

Il compte maintenant s’attaquer – sous l’oeil du FMI dont la mission de surveillance commencera début 2012 – aux réformes structurelles destinées à faire repartir l’économie du pays qui a déjà mis un premier pied dans la récession en se contractant de 0,2% au troisième trimestre.

Mario Monti a commencé à recevoir mercredi les leaders des grands partis pour déminer le terrain car le parcours de cette deuxième phase semble déjà semé d’embûches.

Alors que le gouvernement veut réformer le marché du travail pour aller vers une “flexisécurité” inspirée du modèle danois, les syndicats, soutenus par la gauche, sont arc-boutés sur la défense de l’article 18 du statut des travailleurs qui réglemente strictement les licenciements.

A tel point que la ministre des Affaires sociales, Elsa Fornero, qui avait déclenché une levée de boucliers en assurant qu’il n’y aurait aucun “totem” intouchable, a précisé mercredi qu’elle n’avait “rien à l’esprit” concernant cet article qu’elle ne “connaissait même pas”.

L’autre grand dossier prioritaire pour M. Monti, ex-commissaire européen à la concurrence, est la libéralisation de l’économie qui suscite des remous au sein de diverses corporations, appuyées par la droite.

Même s’il a freiné sur des mesures touchant les pharmacies et les taxis, le gouvernement a promis, par la voix du vice-ministre de l’Economie Vittorio Grilli, l’ouverture d’une “phase nouvelle et incisive”.