Tunisie – Tourisme : La recette de Mehdi Houas pour «transformer» le secteur


tourisme-12122011-art.gifC’est devenu une habitude: chaque ministre du Tourisme cherche à marquer son
empreinte dans le secteur non pas par des actions concrètes mais par des
professions de foi punaisées dans moult études, restées sans lendemain, pour la
plupart. L’actuel ministre,
Mehdi Houas n’a pas échappé à la règle. Il vient de
mettre au point une feuille de route qu’il estime comme la voie la plus
appropriée pour «transformer le tourisme tunisien». En voici l’essentiel.

La feuille de route propose, d’abord, des objectifs globaux. Il s’agit de
réaliser, d’ici 2016: 10 millions d’entrées, une dépense moyenne de 800 dinars
par touriste et 8 milliards de dinars de recettes. Pour y parvenir, quatre axes
sont retenus.

Le premier consiste à monter en gamme notre tourisme balnéaire. Selon le
ministre, pour contourner l’incapacité du balnéaire dans sa forme actuelle
d’attirer une clientèle moyen-haut/haut de gamme, il propose de valoriser les
quelques refuges balnéaires non encore exploités selon des concepts «éco-resort
de très haut de gamme», à l’instar de ce qui prévaut dans les îles Seychelles.
Parmi ces refuges, le ministre a retenu en exclusivité son village natal, les
îles Kerkennah.

La seconde piste que le ministre propose d’explorer porte sur la construction
«d’une palette de produits pour séjours courts». Au nombre de ceux-ci, il cite
pêle-mêle les week-ends prolongés, les occasions spéciales (mariages), le
tourisme agro-écologique (observation et exploration de la nature, chasse,
pêche, randonnées, gastronomie locale…), le tourisme culturel et de patrimoine
(visite de sites archéologiques…), les thérapies douces (thalasso, argilo,
envisager de construire le plus beau hammam du monde…).

Le troisième axe est articulé autour de la valorisation «du splendide désert
tunisien». Pour le ministre, «nos clients européens n’ont aucune proposition
comparable en termes d’accessibilité, sécurité, diversité et dépaysement».

Last and not least, le ministre suggère de construire ce qu’il appelle «Las
Vegas pour classe moyenne». Il propose de développer cette niche dans des
insularités régionales comme l’oasis de Remada (sud de la Tunisie) lesquelles
peuvent ête conçues en relative «extra-territorialité en ce sens où les clients
ne chercheront pas à en sortir.

Point d’orgue de cette feuille de route, Mehdi Houas a plaidé pour une
suspension des investissements dans le tourisme de golf et de marina. Il relève,
à ce propos, que le moment est venu d’évaluer «avec toute la mesure requise»
l’impact majeur de ces deux produits sur l’environnement. Toujours selon lui,
«pour le premier, l’érosion et appauvrissement des sols, l’avancée du désert
ainsi que la grande gourmandise en eau, et pour le second, la déstructuration du
littoral et des fonds marins abîmés». Il propose de renforcer les quelques golfs
à plus fort potentiel, et pour la marina, de valoriser les installations
existantes.

En accompagnement, de cette feuille de route, il propose une panoplie d’actions.
Il s’agit de réduire l’assistance de l’Etat et des banques publiques, d’œuvrer à
redevenir des opérateurs touristiques plus complets et non pas juste des
hôteliers sous-traitants de tours opérateurs, de se débarrasser des hôtels non
rentables, d’adopter pleinement l’open sky (moins d’argent en billets d’avion
c’est plus d’argent dépensé sur place), de valoriser le patrimoine pluriel et
millénaire du pays et de mieux le proposer aux touristes.