érieure du siège de la banque Unicredit à Milan (Photo : Damien Meyer) |
[09/12/2011 15:51:33] MILAN (Italie) (AFP) Les banques italiennes et le gouvernement sont montés au front vendredi contre l’Autorité bancaire européenne (EBA), dont les estimations sur les besoins de recapitalisation sont accusées de défavoriser le secteur bancaire italien et de risquer d’aggraver la crise.
L’EBA n’a pourtant revu jeudi qu’en légère hausse les besoins des banques italiennes à 15,366 milliards d’euros contre une estimation provisoire de 14,77 milliards fin octobre pour qu’elles portent leur ratio de fonds propres les plus solides à 9% d’ici fin juin 2012 afin d’être plus fortes face à la crise.
Mais les banques de la péninsule, qui avaient déjà exprimé de vives critiques fin octobre, ont décidé d’attaquer frontalement en annonçant un possible recours.
“En plus de demander formellement que l’exercice soit revu profondément, l’ABI (l’association bancaire italienne) se réserve (le droit) de vérifier dans toutes les instances sa légitimité”, a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Sous forte pression depuis des mois, les banques de la péninsule –qui ont déjà du mal à se financer sur le marché et doivent de plus en plus avoir recours au guichet de la Banque centrale européenne en raison de la crise de confiance dont souffre l’Italie– contestent la méthodologie de l’EBA.
Elles estiment être pénalisées par la différence existant entre les pays européens au niveau de la détermination des actifs pondérés par le risque ainsi que par la valorisation des obligations d’Etat à leur prix de marché, alors qu’elles détiennent environ 170 milliards de titres de dette italiens dont les prix ont chuté depuis l’été à cause de la méfiance des investisseurs.
Fin octobre, Giuseppe Guzzetti, président de l’association des fondations bancaires, avait déjà accusé l’EBA de “sauvegarder les intérêts français” et de “pénaliser ceux des Italiens”.
Les banques italiennes reprochent donc à l’EBA de les “contraindre” à “effectuer des recapitalisations non nécessaires”, avec le risque que cela n’entraîne un resserrement du crédit et ne grippe encore plus la machine économique italienne, dont l’entrée en récession est prévue l’an prochain.
Le gouvernement est venu leur prêter main forte par la voix du ministre du Développement économique, Corrado Passera, qui était encore il y a trois semaines … patron de la deuxième banque du pays, Intesa Sanpaolo.
L’exercice a été “mal pensé, mal géré, erroné au niveau du calendrier, peu sage” et “risque d’aggraver la situation”, a-t-il jugé au cours d’une audition parlementaire.
Jeudi soir, Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS), qui a besoin de 3,267 milliards, Banco Popolare (2,731 milliards) et UBI Banca (1,393 milliard) avaient déjà émis de vives critiques.
BMPS avait notamment estimé que le seuil de 9% de fonds propres n’était “pas approprié” pour les banques qui, comme elle, ont un modèle d’activité traditionnel centré sur les particuliers et les entreprises et non sur la finance.
Elle avait également soutenu que, même si les obligations italiennes sont frappées par la “volatilité”, on ne pouvait “d’aucune façon mettre en doute la solidité de l’Etat italien”.
Ces trois banques ont toutefois indiqué qu’elles feraient “tous leurs efforts” pour atteindre le seuil de 9% d’ici fin juin 2012, sans indiquer comment.
Elles sont en effet les plus exposées car UniCredit, qui présente le besoin en capitaux le plus important (7,974 milliards), a pris les devants en annonçant mi-novembre une augmentation de capital de 7,5 milliards tandis qu’Intesa Sanpaolo est déjà suffisamment capitalisée.
Au delà de ces critiques, la Banque d’Italie a tenu à envoyer jeudi un message rassurant aux marchés en soulignant que les banques du pays avaient la capacité de “résister à des chocs particulièrement défavorables”.