Tunisie : Quel avenir pour les membres des instances de la Révolution?

Une partie du personnel politique et associatif, qui a occupé la scène avant le
23 octobre 2011, dans les nombreuses instances nées de la révolution du 14
janvier se retrouve au «chômage». Certains parmi ce personnel lorgnent du côté
de certains maroquins notamment si la tendance qu’ils représentent a droit de
cité dans le paysage politique dominant de la Constituante. Tout le monde sait,
à ce propos, que le personnel aujourd’hui aux commandes est du moins
théoriquement en sursis!

Le 23 octobre 2011 a ouvert une nouvelle page dans l’histoire de la Tunisie. Sa
principale caractéristique est que seule la Constituante -qui est sortie des
urnes- est la seule entité qui ait une légitimité. Elle est de ce fait le
creuset du pouvoir: lieu où tout convergera et d’où tout partira.

La Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la
réforme politique et de la transition démocratique, qui a clôturé ses travaux,
le 13 octobre 2011, l’Instance nationale de la Réforme de l’information et de la
communication (INRIC), l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE),
la Commission nationale d’établissement des faits sur les affaires de
malversation et de corruption, la Commission nationale d’investigation sur les
violations et les abus, les comités révolutionnaires, pour ne citer que ces
principales structures, qui ont été les centres du pouvoir, et ont suscité
l’intérêt des médias, disparaîtront.

Ils ne sont pas sûrs d’avoir à donner de la voix et assurer d’une manière ou
d’une autre la «gestion» de la chose publique en orientant les choix
fondamentaux du pays. A moins qu’ils se soient retrouvés au sein de la
Constituante.

Beaucoup de prétendants et peu d’élus

Le Tunisien aura remarqué en effet que nombre des membres de la Haute instance
pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et
de la transition démocratique, par exemple, se sont présentés aux suffrages des
Tunisiens le 23 octobre 2011.

Mais s’il y a, ici, comme on dit, beaucoup de prétendants, il n’a eu de place
que pour peu d’élus.

Comment le personnel politique et associatif qui était donc aux commandes avant
le 23 octobre 2011 devra trouver le moyen d’exister?

Il va sans dire que certains devront tôt ou tard retrouver leur corps d’origine.
Qui son amphithéâtre ou sa classe à l’université, au lycée ou encore à l’école,
qui son cabinet médical, qui son officine, qui son bureau dans l’administration,
qui son champ d’olivier…

Avec la satisfaction d’avoir permis au pays d’avancer sur la voie de la
démocratie et contribué à une œuvre historique. Et celle aussi d’avoir enrichi
leur carnet d’adresses et le nombre de leurs amis… et clients.

Ce qui milite pour le fait qu’ils n’abandonneront pas, sans doute, pour autant
le militantisme politique ou associatif dont on ne guérit pas, avec sans doute
la volonté de faire triompher leurs idées. En ayant en ligne de mire les
échéances qui devront succéder à la nouvelle période transitoire qu’est la
Constituante (et dans le désordre): élections législatives, présidentielle ou
encore municipales.

Une partie des fonctions sont «à prendre»

D’autres formeront l’espoir d’occuper un maroquin, notamment si la tendance
qu’ils représentent a droit de cité dans le paysage politique qui a son mot à
dire dans la Constituante. Soit à titre de mouvement majoritaire ou encore de
mouvement sans lequel aucune alliance ne peut être faite.

Tout le monde sait que le personnel aujourd’hui aux commandes dans le pays est,
théoriquement, en sursis. On sait qu’une partie des fonctions est, pour ainsi
dire, «à prendre»: des portefeuilles ministériels aux missions dans les cabinets
ministériels, en passant par la direction des sociétés nationales et des hautes
fonctions dans l’administration publique. Un certain «marchandage» semble déjà
avoir lieu au sujet des maroquins ministériels.

Sans oublier que les instances nouvelles qui seront créées en vue d’encadrer le
nouvel ordre que la Constituante ne manquera pas de mettre en place et pour
accompagner les mutations qu’imposera l’instauration d’un véritable Etat de
droit et des institutions voulue par les Tunisiens.

La réforme de certaines structures de la République afin qu’elles jouent un rôle
plus efficace au service de la communauté nationale dans le pays, notamment au
niveau des régions, devra aboutir, en outre, au renforcement de leurs ressources
humaines. Ce qui offrira bien des maroquins –supplémentaires- pour tous ceux qui
nourrissent des ambitions pour le pays et aussi pour… eux-mêmes.

Il est inconcevable que des âmes bien nées n’aient pas pensée à se positionner
sur le nouvel échiquier. Et ce dans le cas où ils n’aient pas –déjà- entamé une
négociation pour occuper un fauteuil. Et peut-être obtenu à l’endroit des
fauteuils «en compétition» une promesse.

Mais là aussi, le nombre des élus sera moins élevé que celui des prétendants!