Tunisie : Les dix idées-forces du Plan de développement du gouvernement BCE

Par : Tallel

environnement-26062010.jpgDevant la rareté des ressources naturelles, les besoins de modernisation de
l’économie et les contraintes du changement climatique, la Tunisie est appelée à
renforcer la gestion de ces raretés et de ces contraintes et à préserver
l’équilibre entre l’offre et la demande des ressources. C’est d’autant plus
nécessaire que la Tunisie est sur le point d’atteindre le maximum de son
potentiel au niveau de la mobilisation des ressources. D’où l’impératif
d’orienter les stratégies nationales en matière de gestion des ressources vers
l’accroissement de la productivité et le
développementdes ressources
renouvelables.

Dans ce contexte, l’effort national sera tourné vers le renforcement de la
sécurité alimentaire, la préservation des ressources en eau, la gestion des
impacts du changement climatique et le renforcement de l’efficacité énergétique.
La question de la bonne gouvernance environnementale sera également au centre de
cet effort à travers l’adoption d’une approche nouvelle en planification et en
programmation territoriale, en vue d’améliorer la qualité de vie du citoyen tout
en optimisant l’utilisation de l’espace.

Renforcer la sécurité alimentaire et améliorer la gestion de l’eau

En plus de son rôle dans la contribution aux équilibres macro-économiques, la
politique de développement du secteur agricole a pour objectif principal
l’atteinte de la
sécurité alimentaire durable, moyennant une exploitation
rationnelle et efficace des ressources naturelles, particulièrement l’eau et les
terres. A cet effet, le modèle de développement agricole sera adapté et ajusté
afin d’accélérer le processus d’intensification et de croissance de la
production, améliorer la performance et renforcer la productivité dans les
différentes filières du secteur, dans un contexte caractérisé par une grande
rareté des ressources et l’accentuation des impacts du changement climatique.

La stratégie pour la période 2012-2016 s’articule autour des axes suivants:

– La consolidation de la souveraineté et de la sécurité alimentaire par un accès
raisonné aux marchés et une évolution du modèle de production;

– La valorisation des exportations par la recherche systématique d’une meilleure
valeur ajoutée des produits,

– La gestion durable les ressources naturelles par une meilleure prise en compte
des externalités environnementales de l’agriculture.

Ces axes seront renforcés par un cadre institutionnel cohérent et favorable à la
concertation et à la participation de tous les acteurs. Une attention
particulière sera accordée à l’amélioration de l’organisation des filières et au
renforcement de la participation des populations rurales et des organisations de
producteurs fédératives et efficaces pour une meilleure gouvernance.

Pour la concrétisation de cette stratégie, les actions suivantes seront
engagées:

– Développer la compétitivité du secteur en engageant un programme de
modernisation.

– Réviser la politique d’intervention de l’Etat en supprimant les distorsions
réglementaires et en lui conférant une plus grande efficacité notamment au
niveau de la politique des prix des produits agricoles et des intrants, et le
renforcement des capacités institutionnelles centrales et régionales.

– Développer les exportations du secteur en vue d’améliorer le revenu de
l’agriculteur, et ce à travers l’intensification de la production et sa
diversification, la maîtrise de la qualité et le respect des normes
internationales de façon à exploiter toutes les opportunités d’exportation
offertes.

– Améliorer la qualité des produits tant sur le plan générique et sanitaire que
spécifique, avec l’instauration d’un logo tunisien pour tous les produits
agricoles.

– Améliorer l’accès à des instruments adaptés de crédit et d’assurance intégrant
le risque climatique.

– Consolider les efforts dans le domaine de préservation des eaux et des terres
en actualisant les stratégies relatives à la mobilisation et la gestion des
ressources naturelles, pour tenir compte de l’évolution économique et sociale du
pays et des contraintes liées notamment à la disponibilité limitée de ces
ressources et aux impacts du changement climatique.

Des projets relatifs à la connexion des barrages et au transfert de leurs
surplus, à l’amélioration de la rentabilité de certains ouvrages hydrauliques et
à la généralisation des techniques d’économie d’eau seront lancés…

Par ailleurs, une révision de la politique de tarification de l’eau est devenue
indispensable, en vue de favoriser une politique plus efficace d’économie d’eau
et assurer l’équilibre financier du secteur de l’eau, tout en apportant le
soutien nécessaire aux personnes à faible revenu.

Renforcer l’efficacité énergétique et développer les énergies renouvelables

Deux orientations prioritaires guideront la politique d’énergie : poursuivre la
réduction de l’intensité énergétique de l’économie et augmenter la part des
énergies renouvelables dans la consommation nationale d’énergie. L’objectif est
d’assurer la sécurité d’approvisionnement du pays en en énergie dans les
meilleures conditions, tout en réduisant la dépendance énergétique de
l’extérieur.

Au niveau des hydrocarbures, l’effort d’investissement sera soutenu compte tenu
de l’impact de la hausse des prix sur le rythme de l’investissement dans les
domaines de recherche et de développement. Parallèlement, l’infrastructure
énergétique sera renforcée.

Au niveau du raffinage, l’installation d’une nouvelle raffinerie et le
renforcement des capacités de stockage et de distribution des produits raffinés
dans le pays est devenue indispensable afin d’assurer la sécurité de
l’approvisionnement du pays dans les meilleures conditions.

Au niveau de l’électricité et du gaz et compte tenu du rythme croissant de la
demande, le programme d’investissement comprend le développement de la
production d’électricité à travers la réalisation de nouvelles centrales de
production d’électricité…

Dans ce cadre, le
Plan Solaire Tunisien (PST) matérialise l’ambition de la
Tunisie de devenir un pôle de production et d’exportation d’équipements et
d’énergies renouvelables. Il comprend 40 projets dans le solaire, l’éolien,
l’efficacité énergétique et les autres formes d’énergie propre pour une
enveloppe d’investissement de l’ordre de 2,5 milliards de dinars permettant, en
2016, de porter à 16% la part d’énergie renouvelable dans la production
électrique et de réaliser 20% d’économie d’énergie.

Développer les ressources minières

La stratégie de développement du secteur des mines s’appuie essentiellement sur
l’adaptation de l’évolution du secteur phosphater aux mutations qui
caractérisent l’environnement social et économique du secteur. Par ailleurs, la
stratégie de développement du secteur des produits non phosphatés s’articulerait
autour de l’intensification de la recherche géologique, cartographique et
minière afin de valoriser des réserves additionnelles, et de diversifier les
produits des salines à valeurs ajoutées. D’autre part promouvoir le secteur des
substances utiles par la réalisation des études approfondies des zones
prometteuses par gouvernorat.

Gérer les impacts du changement climatique

Dans ce domaine, il est prévu la préparation d’un programme d’actions et d’appui
de l’adaptation des écosystèmes naturels et sectoriels et l’exploitation de tous
les potentiels disponibles pour réduire les émissions des gaz à effet de serre;
issu des différents mécanismes de financement prévus par la convention cadre sur
les changements climatiques et par le protocole de Kyoto. En outre il est prévu
la préparation des stratégies d’actions dans les secteurs touristique, agricole
et ressources naturelles et santé pour l’atténuation et l’adaptation aux effets
des changements climatiques ainsi que la consolidation du cadre juridique y
afférent.

Concernant l’exploitation des ressources naturelles, les efforts seront
intensifiés en vue de l’adoption de modes de production économes en ressources
naturelles dans les domaines cultural, de l’élevage et de la pêche et en vue de
la prise en compte par les politiques économiques des exigences de préservation
des écosystèmes, des paysages naturels et des réserves biologiques naturelles.

Améliorer la gestion de l’espace et l’aménagement du territoire

Dans ce domaine, les efforts seront intensifiés en vue de maîtriser
l’exploitation et l’allocation des espaces territoriaux et l’amélioration de la
programmation des extensions urbaines en particulier par la création des zones
industrielles et résidentielles en vue de satisfaire les besoins futurs d’une
part, et la préservation des terrains
agricoles d’autre part, et ce dans le
cadre d’une vision globale pour la gestion du domaine territorial, en plus de
l’optimisation de la coordination entre les différents intervenants en vue de
concrétiser les choix des schémas directeurs d’aménagement.

L’accent sera mis sur la gestion des zones qui connaissent des défis majeurs
telles que les zones qui accueillent les grands projets, les zones qui
connaissent une évolution démographique rapide et les zones prioritaires qui ont
besoin d’un développement accéléré. L’objectif est d’assurer un équilibre entre
développement régional et intégration internationale de la Tunisie à la faveur
de la métropolisation et de l’interconnexion entre les régions.

En matière de qualité de vie, une attention particulière sera aussi accordée à
la propreté de l’environnement, à l’esthétique des villes et des agglomérations
d’habitats par le renforcement du reboisement urbain et par la création de plus
d’espaces verts dans les villes outre l’octroi d’une plus grande attention aux
composantes de la qualité de la vie dans les zones rurales.

A cet effet et afin d’améliorer les composantes de la sécurité sanitaire,
l’action sera portée dans le secteur de l’assainissement sur la généralisation
des services d’assainissement en milieu urbain notamment dans les gouvernorats à
faible taux de raccordement ainsi que sur l’assainissement des petits
agglomérats d’habitation et des zones rurales outre la mise à niveau des
installations d’épuration et le renforcement de la participation du secteur
privé à leur exploitation, ceci en plus de la dynamisation du rythme d’exécution
des projets de dépollution dans les grandes zones industrielles.

Concernant la gestion de déchets, l’action sera portée sur la fermeture des
dépotoirs sauvages et la réhabilitation de leurs sites dans les villes et des
agglomérations d’habitats et sur l’implantation des décharges contrôlées outre
le doublement de la capacité de traitement des ordures ménagères et la gestion
des déchets industriels, hospitaliers et agricoles.

Dans le domaine de la lutte contre la pollution industrielle, il sera procédé à
l’intégration de la mise à niveau environnementale des entreprises industrielles
dans les programmes de mise à niveau et de modernisation outre la mise en place
d’un plan d’action pour l’accompagnement des entreprises industrielles
exportatrices, ceci outre la dynamisation du rythme d’exécution des projets de
dépollution dans les grandes zones industrielles.