Référendum en Grèce : le quitte ou double de Papandréou refait plonger la zone euro

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élévisée à Athènes (Photo : Vasileios Filis)

[01/11/2011 12:03:41] ATHENES (AFP) La zone euro a brutalement replongé dans la tourmente mardi après l’annonce surprise d’un référendum en Grèce, le Premier ministre grec Georges Papandréou jouant son va-tout face à une forte contestation interne, au risque d’un défaut de paiement de son pays.

Après l’accalmie qui avait accueilli les résultats du sommet européen jeudi dernier qui a accouché d’un plan de désendettement pour la Grèce, l’annonce d’un référendum en Grèce a “pris les marchés par surprise et les a choqués”, selon le courtier IG Market à Paris.

Elle a fait dévisser les bourses européennes, plombées notamment par le plongeon des valeurs bancaires, et affecté aussi les places asiastiques. La place d’Athènes a elle dégringolé de plus de 6% à l’ouverture.

A l’avant-veille du sommet du G20 jeudi et vendredi à Cannes, où l’Europe compte présenter son plan anti-crise, l’euro a baissé aussi. Vers 06H00 GMT, la monnaie européenne valait 1,3797 dollar contre 1,3851 dollar lundi soir.

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éou dans les bras de son homologue luxembourgeois Jean-Claude Juncker à Bruxelles le 26 octobre 2011 (Photo : Eric Feferberg)

Selon une source gouvernementale, cette consultation référendaire, la première organisée dans le pays depuis celle ayant aboli la monarchie en 1974, interviendra “vers janvier”. Elle sera précédée vendredi soir d’un vote de confiance au parlement, où M. Papandréou dispose d’une majorité de 153 députés sur 300, amaigrie par la rigueur mais dont les analystes parient pour l’occasion sur la discipline.

L’idée est de demander aux électeurs s’ils approuvent l’accord par lequel la zone euro s’est engagée dans la nuit du 26 au 27 octobre à Bruxelles à sortir la Grèce de son surendettement en échange d’une tutelle et d’une cure d’austérité renforcées, a précisé la même source à l’AFP.

“Que va-t-il se passer si le peuple dit +Non+? Le risque est que la communauté internationale coupe l’arrivée d’argent et que le pays finisse par quitter l’euro”, rès avoir fait défaut, a commenté à Francfort Christoph Weil, analyste de Commerzbank.

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ouverture le 1er novembre 2011

Qu’ils qualifient le référendum d'”initiative à haut risque” comme le libéral Kathimérini, ou y voient un aveu de “faillite politique” à l’image du quotidien de gauche Elefthérotypia, les médias grecs s’accordaient mardi pour juger que M. Papandréou avait haussé vertiginieusement la mise, en se demandant s’il avait au moins prévenu ses principaux homologues, au premier rang desquels la chancelière allemande Angela Merkel.

A Paris, la présidence française a annoncé que le chef de l’Etat Nicolas Sarkozy allait téléphoner à Mme Merkel à la mi-journée.

Pour le politologue Ilias Nikolapopoulos, ce coup de poker est une décision potentiellement “suicidaire pour le pays”, qui compromet les délicates négociations entamées après l’accord de Bruxelles avec les détenteurs privés de dette grecque pour qu’ils en effacent près d’un tiers au prix pour eux d’une perte de 50%.

“Cela rajoute de l’incertitude, ce qui n’est jamais bon pour les marchés, qui se demandent si tout l’échafaudage monté par la zone euro peut s’effondrer en cas de +non+ au référendum”, commentait en écho Michalis Matsourakis, chef économiste de la banque grecque Alpha Bank.

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à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

Selon lui, M. Papandréou a été contraint de choisir cette option pour trouver une issue sur le plan intérieur, confronté au refus catégorique de l’opposition de lui prêter main forte, et à une contestation sociale généralisée en réaction à la brutale chute du niveau de vie de pans entiers de la population provoquée par la cure de rigueur.

L’économiste Georges Pagoulatos, spécialiste des questions européennes, souligne également l’impératif pour le gouvernement socialiste de “renforcer sa légitimité” et resserrer ses troupes, avant plusieurs échéances parlementaires délicates pour avaliser de nouveaux sacrifices.

La tenue d’élections anticipées, réclamée par l’opposition, est, elle, jugée “catastrophique car menaçant d’une grande instabilité politique”.

Même s’il avait déjà évoqué au printemps le tenue d’un référendum à l’automne pour soutenir les grandes réformes en cours, M. Papandréou a de fait réussi à mettre sur la défensive ses rivaux, unis mardi dans la dénonciation d’une décision assimilée à droite à un “chantage” et à gauche à un acte de “terrorisme” politique.

Pour M. Pagoulatos, l’option du référendum permet à l’exécutif grec “de gagner du temps”, sans forcément risquer de déstabiliser la zone euro, l’Union Européenne ayant prouvé selon lui, notamment avec l’Irlande, qu’elle “avait les moyens de faire face à des consultations négatives”.

Les constitutionnalistes grecs soulignaient aussi qu’en cas d’abstention supérieure à 60%, le référendum ne serait pas valable.

Cette disposition pourrait alors offrir une porte de sortie au dilemne posé par M. Papandréou aux Grecs, partagés selon un sondage paru dimanche entre leur rejet du plan européen (59%) et un soutien massif au maintien de la Grèce dans la zone euro (72,5%).