Quelles revendications pour Occupy Wall Street? Surtout aucune

photo_1318966675421-1-1.jpg
à New York City (Photo : Spencer Platt)

[18/10/2011 19:41:09] NEW YORK (AFP) Ils bravent la météo, la police, et l’inconfort de nuits à la belle étoile dans un square new-yorkais, mais le plus dur pour les militants d’Occupy Wall Street semble à ce jour de formuler des revendications.

Alors qu’ils entament leur deuxième mois, les membres d’OWS se voient systématiquement poser la même question par les médias et les commentateurs: “Que voulez-vous? Quelles sont vos revendications?”.

Leur réponse est désormais rodée: “nous n’avons pas une ou deux revendications simples (même si beaucoup nous les demandent). Nous sommes un mouvement qui appelle à la responsabilité, à nous mêmes et à notre pays”, affirme un tract distribué au square Zuccotti et intitulé “questions souvent posées”.

OWS a bien un “groupe de travail sur les revendications”, mais à voir son fonctionnement, les réponses devront encore attendre.

Lundi soir, ils n’étaient que deux à participer à une réunion sur un bout de trottoir, peu convaincus eux mêmes de la nécessité d’énoncer des revendications.

“J’ai vu, coalition après coalition, des gens faire des manifestations, poser des revendications, scander des slogans et rentrer chez eux”, explique Janet Kobren, une militante “d’Occupy San Francisco” venue renforcer l’équipe new yorkaise.

“A qui parlent-ils?”, ajoute-t-elle, évoquant ceux qui habituellement manifestent devant les bâtiments officiels en demandant quelque chose de précis. “Je les vois comme des ados, qui disent +Je veux, je veux+ à leurs parents”, ajoute-t-elle.

photo_1318966816538-1-1.jpg
à Washington (Photo : Karen Bleier)

Janet Kobren est à l’unisson de la philosophie d’OWS: “ce n’est pas la peine de demander de changement à un gouvernement ou à des institutions financières qui sont pourries. Nous devons le faire nous même”, dit-elle.

L’autre membre du groupe de travail n’est guère plus avancé.

“Le processus entamé doit nous aider à comprendre la variété des perspectives dans le groupe et de les étudier”, explique James, venu de Chicago et qui refuse de donner son nom de famille.

“Le groupe pourrait avoir une discussion sur ce que sont des +revendications+ (…) dans le développement d’une culture démocratique”, ajoute-t-il.

Sur le square Zuccotti, une table marquée “réflexion” essaie d’être plus concrète.

Les personnes présentes sont invitées à expliquer sur une fiche pourquoi elles sont là et sur une autre comment elles règleraient le problème.

Des dizaines de fiches s’empilent dans les deux boîtes. “Nous en avons un bon nombre chaque jour”, explique Tim Waldon, qui surveille la table.

“Je suis préoccupé par le fait que tout le monde n’ait pas accès à de la nourriture saine, mais seulement ceux qui ont des bons revenus”, a écrit quelqu’un.

“Justice économique, changement social”, peut-on lire sur une autre fiche.

“Prêts étudiants”, “Changement climatique”, “J’ai besoin d’un meilleur job”, “Construisez des maisons de retraite”… Aucune fiche ne ressemble à l’autre.

Dans la boîte des solutions, quelqu’un a glissé: “Vous devriez avoir des revendications plutôt que de manifester”.

Pour Jane Heilman, qui lit les fiches, ce manque d’objectifs précis risque de nuire au mouvement. “Sans voix unie, les gens ne peuvent pas nous prendre au sérieux”, dit-elle.

Mais elle est minoritaire sur le square: pour beaucoup, des revendications trop précises risqueraient justement de faire perdre l’élan d’un mouvement qui rassemble des gens très différents.