Le Sénat, rampe de lancement du programme économique de la gauche pour 2012

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énat à Paris, le 25 septembre 2011 (Photo : Miguel Medina)

[26/09/2011 11:59:43] PARIS (AFP) A sept mois de la présidentielle, la gauche, désormais majoritaire au Sénat par deux sièges d’avance, dispose d’une tribune rêvée pour donner plus de visibilité à son projet d’alternance dès l’examen du projet de budget 2012 en novembre.

Aurélie Filippetti a donné le ton lundi: “Cela va nous permettre de gêner les projets les plus iniques de Nicolas Sarkozy, à commencer par l’examen de la loi de finances 2012 présentée en conseil des ministres mercredi”, a écrit sur son blog la députée PS ralliée à François Hollande.

Dimanche soir, le favori de la primaire socialiste, et Jean-Vincent Placé, nouveau sénateur écologiste, ont enterré l’adoption par la France de la “règle d’or” sur l’équilibre budgétaire que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel voulaient imposer à toute l’Europe.

“Je pense qu’aujourd’hui Nicolas Sarkozy sait que c’est fini”, a déclaré M. Hollande.

Avec la poussée de la gauche au Sénat, le chef de l’Etat ne peut plus espérer arracher l’indispensable majorité des 3/5es exigée pour l’adoption de cette réforme constitutionnelle par le Parlement réuni en Congrès.

“La règle d’or n’avait déjà aucune chance d’être consacrée par le Congrès. Donc, à fortiori maintenant, elle n’en a plus aucune”, reconnaît le centriste Jean Arthuis, qui espère conserver la présidence de la Commission des Finances, malgré la nouvelle majorité.

Deuxième conséquence: la gauche sénatoriale a les moyens de rejeter le projet de budget 2012, qu’elle examinera en novembre après l’Assemblée et après la désignation du candidat socialiste à la présidentielle (9-16 octobre). L’exécutif rappelle cependant que l’Assemblée, où l’UMP a la majorité absolue, aura toujours le dernier mot pour approuver un texte conforme à ses voeux.

“Le débat budgétaire sera important pour montrer aux Français que l’on n’est pas des rigolos”, a prévenu la sénatrice PS Nicole Bricq, qui brigue soit la présidence de la commission des Finances, soit le poste de rapporteur général détenu par l’UMP Philippe Marini. “S’il y en a une, c’est moi!”, a déclaré à l’AFP cette proche de François Hollande.

Sur le fond, comme ils l’ont fait lors des précédents débats budgétaires, les sénateurs PS défendront une multitude d’amendements pour populariser leur projet présidentiel (pôle bancaire public, fusion Impôt sur le revenu/CSG, réduction des écarts de rémunération dans les entreprises…).

Nicole Bricq n’entend pas davantage se contenter d’une taxe transitoire sur les hauts revenus et demande entre autres de taxer les bonus des hauts dirigeants d’entreprises. “L’obole que veulent nous faire les très riches, ce n’est pas pour nous”, prévient-elle.

Ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Ollier s’attend à des joutes animées: “Il est vrai que cela va compliquer le travail parlementaire et cela va compliquer le travail qui est le mien notamment”. Toutefois, rappelle-t-il, “M. Jospin a été Premier ministre avec un Sénat d’opposition et M. Mitterrand aussi” et “cela n’empêchera pas le gouvernement de fonctionner”.

Reste à savoir si la gauche pourra profiter de sa majorité samedi pour obtenir la présidence du Sénat et celle de la commission des Finances. “Je ne veux pas être une variable d’ajustement!”, prévient Mme Bricq, qui redoute de possibles “arrangements” sous les ors du palais du Luxembourg.