Pour une Tunisie prospère et solidaire : Quel Partenariat Public-Privé?

Quels que soient nos différends, nous avons un seul parti la Tunisie.

prive-public-1.jpgAprès avoir enregistré une croissance relativement élevée au taux annuel de 5% sur cinq décennies, notre économie connaît une situation difficile caractérisée par une baisse du niveau d’activité (-3% au cours du premier semestre); une baisse du niveau de l’investissement; un chômage préoccupant (700 mille chômeurs dont 220 mille diplômés); une hausse rapide des prix; des régions déshéritées, et surtout par une multiplication de sit-in et autres revendications excessives, une perte de confiance et une nouvelle culture contraire à l’effort, au travail et au sacrifice.

L’urgence, à très court terme, est de faire redémarrer une machine économique en panne mais aussi de mettre en place un programme ambitieux qui assure au peuple tunisien, de demain, à la fois la prospérité et la solidarité, avec une redéfinition d’un véritable partenariat entre le secteur privé et le secteur public. La tâche incombe aussi bien au “Gouvernement provisoire“ qu’aux partis politiques et aux intellectuels du pays.

La relance de l’économie est une urgence

La situation économique est difficile. Les journées chômées, les entreprises sinistrées, l’arrêt de travail, la redistribution sans création de richesse… ont un coût élevé à payer par le peuple tunisien. Le pays doit reprendre rapidement le travail. Cela implique, d’abord et avant tout, la stabilité et la sécurité. Cela implique aussi des programmes clairs et opérationnels de relance. Certes, la tâche incombe au gouvernement provisoire (GP), mais elle incombe aussi aux partis politiques qui seront appelés à gouverner le pays après les élections de la Constituante et à prendre des décisions économiques le premier jour qui suit la formation du gouvernement à venir.

Quelle était la réaction du GP?

Le gouvernement soutient, à maintes occasions, que son objectif est de “créer un impact immédiat sans toutefois hypothéquer l’avenir”. Cette position n’est pas défendable. Dans le domaine économique, un GP n’a pas de sens. L’expérience internationale indique que les gouvernements prennent des décisions économiques, même à la veille de leur départ. Tout gouvernement doit élaborer des programmes comme s’il aller durer.

D’ailleurs, les dépenses d’assistance, y compris le projet AMAL, décidées aujourd’hui par ce GP aggravent l’endettement public. Dans ce sens, elles seront payées par les générations futures. Pire, ces décisions contribuent à développer une culture d’assistance alors que la Tunisie actuelle a besoin de sacrifices et de multiplier les efforts pour créer plus de richesses et non les détruire. Procéder à une distribution de ressources au lieu de procurer des emplois, et prévoir des investissements afin d’augmenter la productivité du travail est un pur gaspillage. Plusieurs mesures décidées sont vaines, et pourraient même se révéler nocives.

Le Programme économique et social (PES) du gouvernement provisoire lancé le 1er avril 2011 reprend les schémas et discours classiques de ces dernières années. Travaillant sous les urgences et avec une équipe de l’ancien régime, le gouvernement n’a même pas eu le temps de concevoir un programme cohérent avec une nouvelle réflexion qui sort du schéma et du discours classiques de ces dernières années. Les dix-sept mesures avancées, résumées en cinq priorités, constituent un catalogue de projets et de thérapies expérimentées en d’autres circonstances et qui n’ont pas donné les résultats escomptés. Il ne s’agit pas d’un programme mais plutôt d’un ensemble de “mesures” collectées et juxtaposés avec des schémas qui tendent à se reproduire et, pour cette raison, à s’éterniser.

Pour le «Plan économique pour la Tunisie» proposé aux responsables du G8, en dehors des discours du ministre des Finances, nous avons très peu d’informations le concernant. Sur la base de ces informations, il apparaît que ce programme s’articule autour de la création d’une Caisse des dépôts et des consignations et d’un Fonds générationnel qui serviront à financer des projets d’infrastructure de base et des entreprises du secteur privé qui n’ont pas pu accéder aux sources traditionnelles de financement.

Pour le ministre des Finances, le succès de ce programme est “tributaire de la mise en œuvre de réformes destinées à promouvoir le secteur bancaire, les ressources humaines et la micro-finance”. Mais des voix s’élèvent déjà contre ce plan. A titre d’exemple, le lauréat du prix Nobel d’économie 2006, Edmund S. Phelps, critique ouvertement ce plan, dans un article paru dans Le Monde du 18 mai 2011.

Ainsi, les deux programmes n’ouvrent pas à la Tunisie de larges perspectives. On se sent dans la continuité avec les vieux réflexes incompatibles avec le nouveau mouvement de liberté. Il n’y a pas eu une vraie rupture. Il n’y a pas de visibilité claire pour le futur des enfants de la Tunisie.

Les expériences de transition à l’Est de l’Europe ou dans d’autres pays nous ont appris que les prises de décisions dans les premiers temps des ruptures politiques sont décisives et marquent de leur empreinte les trajectoires historiques ultérieures des sociétés. L’importance des changements institutionnels sera décisive. Il est donc du devoir de nos responsables de prendre dès aujourd’hui les décisions pertinentes et structurelles qui engageront une transformation de la société tunisienne dans la bonne direction et de rompre avec les anciens modèles économiques et sociaux qui ont engendré le chômage, la pauvreté, la précarité, la marginalisation et l’exclusion.

La révolution a créé une situation nouvelle qui exige de nouvelles réflexions pour y faire face.

Quelle est la réaction des partis politiques?

Elle est soit absente soit démagogique. Aujourd’hui, deux partis seulement ont eu le mérite de diffuser leur programme économique. Si la position des partis pour gagner des voix et se positionner sur la scène politique est légitime, leur rôle est de fournir des réponses claires et précises à des questions que les Tunisiens se posent quotidiennement: Quelle est leur vision de la société tunisienne de demain? Que faire, dans le domaine économique, face à la situation actuelle caractérisée fondamentalement par l’incertitude? Comment relancer l’économie? Comment créer davantage de richesses? Comment les répartir de la meilleure manière possible? Comment créer l’emploi pour des centaines de milliers de jeunes? Comment développer les régions déshéritées?…

C’est de la clarté des réponses à ces questions et des précisions pratiques et réalisables que la Tunisie nouvelle a besoin, non pas de vœux pieux.

La mise en place d’un nouveau modèle de développement est aussi urgente

Mon sentiment profond est que les difficultés actuelles nous offrent une opportunité unique pour reconstruire notre économie et notre pays. Pour cela, il nous faut une vision claire et ambitieuse du futur de la Tunisie qui dépasse largement les programmes de moyen terme d’un mandat électoral. Il s’agit de croire et d’agir pour que la Tunisie ait l’ambition de rejoindre le groupe des pays développés à l’échéance de 2040, projetant d’accroître substantiellement le revenu par habitant; de maîtriser le chômage; de réduire les inégalités, la pauvreté et la marginalisation, grâce à une croissance soutenue à forte valeur ajoutée, le doublement et la dynamisation de l’investissement privé national, l’attraction des capitaux étrangers et l’amélioration de la productivité.

Le préalable est de rompre avec les anciens schémas de développement économique et social, qui ont engendré le chômage, la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion. La révolution présente une nouvelle situation. Elle exige de nouvelles réflexions. Des responsables, façonnés et recrutés, pendant de longues années, pour concevoir des discours présidentiels et puis les traduire en programmes et plans de développement, ne peuvent pas continuer, intellectuellement et moralement, à concevoir des programmes économiques et sociaux pour la Tunisie de demain.

L’un des aspects les plus importants de cette vision tient à la redéfinition d’un partenariat public-privé (PPP) pour que la Tunisie soit à la fois prospère et solidaire.

L’expérience internationale indique que la Malaisie est passée, en vingt-cinq ans seulement, du stade d’un pays en développement à celui d’un pays développé en mettant en place une vision ambitieuse et une politique d’investissement adéquate. Cette expérience indique aussi que la réussite d’un nouveau modèle économique résulterait, principalement, du génie, du savoir-faire et de la réactivité de son capital humain et de ses investisseurs et du choix opportun de l’Etat quant à la réorganisation, la dissolution ou la création des structures et des institutions qui relèvent de sa tutelle.

Ce choix doit refléter un large consensus entre le GP, les partis politiques et les intellectuels pour qu’il soit respecté par les différents gouvernements successifs. Il est logique que les partis politiques aient des programmes divergents sur le court et le moyen termes, mais la Tunisie appartient à nous tous avec nos différences. L’appartenance à la Nation nous réunit pour concevoir la vision du futur de nos enfants sur le long terme. Cette vision doit être la référence pour tous les programmes à moyen terme des gouvernements à venir. Chacun s’engage à la respecter et la mettre en œuvre en rapprochement le plus rapidement du but final. La réalisation de ce projet exige la clarté de la vision et la volonté politique pour le réaliser.

Quel partenariat public privé?

Pour que la Tunisie soit prospère, il faut créer le maximum de richesses possible. Sans cela, l’on assistera à un développement de la pauvreté, de la marginalisation et de l’exclusion ainsi qu’à une détérioration des services publics tels que la santé, l’éducation et les infrastructures de base. Mais aussi, sans justice sociale qui réduit les inégalités et protège les pauvres et les défavorisés, la création de richesses n’est pas assurée.

Dans ce contexte, la redéfinition d’un partenariat public-privé est un facteur de réussite. La prospérité, la stabilité politique et la démocratie en Tunisie ne peuvent être assurées que si le pays crée environ 150 mille emplois par an dans la décennie à venir pour réduire le chômage et répondre aux besoins de la population additionnelle, dont environ 80 mille emplois pour les diplômés et si le modèle économique est vu comme juste et profitant à tous.

Quel rôle doit jouer le secteur privé?

Le rôle du secteur privé est de créer le maximum de richesses possibles, de générer des emplois durables et de distribuer des revenus consistants dans le respect des textes en vigueur tels que la législation fiscale, le code de travail, la sécurité sociale… En contrepartie, il récolte le maximum de profit qui permet de couvrir les risques encourus, la créativité et l’innovation.

Pour cela, un investissement consistant est nécessaire. Les économistes le considèrent comme le moteur de la croissance et du développement. Cet investissement modifie la structure de l’offre et améliore la productivité du travail qui permet une hausse des salaires, de créer plus de richesses et de générer davantage d’emplois.

En Tunisie, le secteur privé a existé depuis le début des années soixante. Il s’est largement développé depuis cette date, principalement à partir des années soixante-dix. Ce secteur a fourni une part appréciable des emplois et a participé à la création de valeur ajoutée.

Cependant, par opposition à d’autres expériences internationales, les PME tunisiennes n’ont pas innové. Elles utilisent un stock de capital à faible niveaux technologique et ont des procédés de production qui ne dépendent pas de l’innovation.

Adoptant une logique de minimisation des coûts, ces PME ont tendance à embaucher un plus grand nombre d’ouvriers à faible qualification en vue de réaliser un niveau donné de production. Cette situation n’a pas favorisé l’emploi des dizaines de milliers de diplômés. Dans ce sens, le secteur privé n’a pas rempli son rôle.

Deux arguments peuvent être avancés. Le secteur a occasionné le gaspillage et n’a pas réussi à bâtir une économie solide.

Le chômage est un gaspillage de ressources humaines. Dans ce sens, le secteur privé n’a pas réussi, par sa faiblesse et le manque de son dynamisme, à absorber les 500 mille chômeurs en 2010 dont 157 mille diplômés.

De même, les exonérations fiscales, les subventions et les autres avantages accordés à ce secteur constituent l’autre gaspillage de ressources matérielles payés par la collectivité qu’elle aurait pu dépenser autrement.

De plus, notre économie demeure fragile basée principalement sur l’exploitation des ressources naturelles; la compression des salaires et une dépréciation continue de la monnaie nationale. Le tissu productif est composé à 90% de petites et moyennes entreprises (PME).

Pour expliquer cette situation, plusieurs avancent que la corruption a étouffé l’activité économique du pays et réduit la création de richesses. Plus de corruption, c’est moins d’investissement, et par conséquent, c’est moins de croissance et moins d’emplois. Il en a résulté de ce fait un déficit d’investissement et un secteur privé peu dynamique.

Sur la base d’une telle argumentation, certains économistes même certains membres du GP déduisent qu’il suffit d’instaurer la bonne gouvernance pour assurer une croissance de 7 à 10%, de créer suffisamment d’emplois et de réduire en conséquence le chômage.

Cette proposition est valide dans le court terme. Elle devient insuffisante à moyen et long termes. La dignité implique un emploi durable et un revenu consistant pour les Tunisiens. Cela implique une économie d’innovation et de créativité donnant une croissance plus élevée que celle réalisée pendant les années passées; à forte valeur ajoutée et créatrice d’emplois qualifiés et durables.

La prospérité future du pays repose, en grande partie, sur le doublement de l’investissement des entreprises et un secteur privé dynamique et innovant, capable de relancer les défis, pour qu’il puisse répondre à cet enjeu de création d’entreprises, de richesses et d’emplois.

Face à la concurrence internationale sur de nombreux produits, même sur les produits basiques, l’entreprise tunisienne a peu de chance d’être compétitive. Le secteur a, pratiquement, perdu ses avantages et devra trouver de nouveaux arguments de compétitivité pour maintenir sa part de marché.

Cependant, des marchés potentiels existent. C’est aux entrepreneurs tunisiens:

i) D’identifier des niches possibles et de développer des partenariats avec le capital étranger. L’IDE avec des transferts de capitaux, de technologies, de connaissances et de savoir-faire permettent l’acquisition d’avantages construits;

ii) De mettre à jour leur d’équipement par l’acquisition de technologies performantes. L’expérience internationale indique que la mondialisation exige le développement accéléré de nouvelles stratégies de valeur ajoutée. Les pays émergents opèrent continuellement de grands changements pour s’affranchir d’un rôle de sous-traitant, intenable à terme, face à la concurrence, et s’orienter résolument vers le produit fini et les marques. Cette stratégie permet d’améliorer substantiellement la productivité, la richesse, l’emploi et les salaires. Le plus délicat et lent à réaliser consiste à modifier la mentalité des acteurs économiques et à les convaincre de l’opportunité d’adopter un nouvel état d’esprit conquérant et innovateur.

Quel rôle doit jouer le secteur public?

L’intervention de l’Etat dans le système économique est un fait majeur de toutes les sociétés contemporaines. Par contre, la présence de l’Etat dans l’économie a toujours été un sujet controversé.

Sur le plan théorique, certains -les ultralibéraux- soutiennent une conception minimaliste de l’Etat. Soulignant les mérites du marché et de la concurrence, ils soutiennent que son intervention devrait se limiter à assurer la protection des individus et des biens contre le vol, la fraude ainsi que la réalisation des contrats. Une fois le droit de propriété reconnu et la concurrence garantie, le marché fournit, à lui seul, les conditions optimales pour réaliser les opérations d’échanges, de production et de distribution.

D’autres reconnaissent trois fonctions essentielles pour l’Etat: la fonction d’allocation des ressources en vue de corriger les échecs du marché; la fonction de stabilisation macroéconomique (limiter les cycles économiques) et la fonction de redistribution (réallouer les ressources plus équitablement entre les individus).

Si nous adhérons à cette deuxième conception, nous soutenons que, pour une Tunisie prospère et solidaire, l’Etat doit jouer, en plus, deux principaux rôles. Il doit jouer un rôle stratégique de premier plan. Il a, par ailleurs l’obligation de hisser le climat des affaires à un niveau international. Il va de soit que l’Etat joue son rôle d’Etat-gendarme en assurant la sécurité, la justice, de telle sorte que la sécurité des personnes soit effective, que le droit et l’ordre soient respectés et en particulier que l’économie puisse fonctionner.

Le rôle stratégique

Le secteur privé ne peut jouer seul son rôle. L’Etat doit avoir un rôle stratégique. Il doit accompagner le privé dans sa démarche pour définir les secteurs stratégiques présents et futurs. Dans ce sens, il faut subventionner massivement l’innovation et la diffusion de technologies. Il est urgent de mettre en œuvre une politique industrielle où l’Etat mise sur des secteurs d’avenir. A titre indicatif, le gouvernement actuel de la France a contracté un emprunt de 35 milliards d’euros. Pour plusieurs, une telle décision aggrave la dette publique. L’argument avancé par le gouvernement, qui risque de partir dans moins d’un an, est d’améliorer la position de la France de demain dans le système mondial. En effet, cet emprunt a été destiné, principalement, à restructurer l’enseignement supérieur et à la formation (11 milliards dont 8 pour la création de 8 campus d’excellence mettant l’accent sur la santé, les biotechnologies, et sur la capitalisation des Start-ups); à accompagner les PME des filières aéronautiques, spatiales, automobiles, ferroviaires et navales (6,5 milliards); à consolider le secteur numérique afin de généraliser Internet à très haut débit (4,5 milliards).

La responsabilité d’instaurer un climat des affaires favorable à l’initiative privée

Tout d’abord, l’Etat doit restructurer profondément les secteurs de la justice, de la finance, de l’enseignement, la formation et l’innovation. Le rôle de l’Etat est fondamental pour développer l’économie du savoir et le capital humain (c’est-à-dire la productivité des individus au travail).

La santé est un autre aspect essentiel du capital humain. Des individus en mauvaise santé ne peuvent pas être productifs ou inventifs. L’hôpital et l’école doivent être conçus comme faisant partie d’un dispositif d’ensemble destiné à maximiser le potentiel de croissance du pays tout entier.

L’Etat a le devoir de mettre en place un cadre institutionnel assurant le fonctionnement des affaires sans entraves. Les pays qui ont engagé des réformes en vue d’améliorer le climat de l’investissement, telles que la Chine et l’Inde, ont presque doublé le taux d’investissement privé. Tous les obstacles à l’initiative d’entreprendre pour tous les citoyens doivent être éliminés.

Son rôle est par conséquent d’encourager l’investissement afin d’augmenter la productivité du travail, de créer des emplois durables et de hausser les salaires.

L’investissement a un caractère prospectif et présente plusieurs risques. Les anticipations sont, alors, essentielles dans la prise de décision. Pour qu’ils décident d’investir, de ne pas investir ou de retarder cette décision, il faut que les investisseurs aient une bonne vision sur le futur. Leurs anticipations dépendent de leur état de confiance. La crise ou même la récession engendre la peur, la prudence et le pessimisme qui, à leur tour, consolident cette situation. Cette vision est, largement, façonnée par les politiques et comportement des pouvoirs publics. Un rapport de la Banque mondiale indique qu’une meilleure prévisibilité de la politique des pouvoirs publics peut accroître de plus de 30% la probabilité que les entreprises effectuent de nouveaux investissements.

Il importe aussi de remettre à plat la fiscalité. Le système fiscal tunisien est d’une complexité et d’une opacité excessives. Une fiscalité moderne doit être, au contraire, simple et juste, et permettre de financer le bon fonctionnement des institutions ainsi que les investissements d’innovation. Les pays scandinaves, en particulier la Suède, alignent de très bonnes performances en matière de croissance et d’innovation, pourtant ils maintiennent un impôt élevé et/ou fortement progressif sur le revenu. Pourquoi ne pas faire de même?

Il importe aussi de transformer profondément le système financier, d’instaurer un système de lutte contre la corruption, de réformer la justice…

La responsabilité d’assurer la paix sociale.

L’Etat doit prendre en charge les démunis. Par une politique fiscale adéquate, il veille à une répartition équitable de la richesse, corrige les inégalités et assure l’infrastructure de base.
Dans un univers où l’innovation et la croissance impliquent davantage de création et de destruction d’entreprises et d’emplois, l’Etat doit tenir sa place contre les nouveaux risques de l’économie mondialisée. Il faut réfléchir à l’idée de mettre en place un système “d’indemnisation” des employés au chômage tout en les incitant à rebondir en leur assurant une formation adéquate.

Au niveau de la redistribution, il s’agit de lutter contre l’exclusion et les inégalités sociales. Pour cela, l’instrument privilégié est l’impôt, en particulier les impôts progressifs, ainsi que la fourniture de biens ou services gratuitement ou sous condition de revenu. Ainsi, le budget de l’Etat est un instrument très important pour la réalisation de ces objectifs. La question posée est de trouver le financement du déficit budgétaire.