Tunisie – Emploi : Le secteur privé s’implique dans la formation professionnelle

utica-150911-1.jpgL’adéquation entre la formation et les besoins de l’entreprise, une problématique, à la nouvelle et ancienne, et qui est donc au centre des débats, depuis de nombreuses années, sur les perspectives de la formation professionnelle et marché de l’emploi en Tunisie. Mais force est de reconnaître que les débats portant sur la question de l’emploi se trouvent encore au point zéro puisqu’aucun progrès n’a été réalisé.

On a beau faire des consultations nationales, des études, des évaluations, mais dans la pratique, la même situation perdure. En effet, Abdelaziz Hallab, vice-président de la Fédération de l’électricité (FEDELEC), rappelle que la consultation nationale sur l’emploi de 2008 a montré les constats suivants: la création d’emploi par l’économie est freinée, les relations de travail n’incitent pas à l’emploi, et une employabilité faible des diplômés. Rien n’a changé.

Levier de compétitivité…

Pour les organismes de formation, la non-implication de l’entreprise dans les processus de formation constitue un handicap majeur. A cela s’ajoute un manque d’équipements et de programmes de formation adéquats.

Face à ce constat à la fois alarmant et inquiétant pour l’avenir du pays, l’UTICA semblé avoir décidé, enfin, d’agir. C’est ainsi que nous apprenons qu’un plan en cours d’élaboration sera présenté au prochain congrès de l’organisation patronale, consistant en une politique de formation.

Lors d’une conférence tenue, le 15 septembre 2011, sur le thème «Emploi et formation complémentaire» dans le cadre du mois de l’emploi, M. Hallab indique que la qualification des ressources humaines est le principal levier de la compétitivité, ce qui accorde à l’UTICA un rôle d’acteur et non d’observateur dans le processus de formation. Des outils de mise en œuvre ont été mis en place pour formuler cette vision.

Ils s’appuient sur l’observation sectorielle et l’identification des besoins. Un répertoire des métiers et des compétences a été élaboré, englobant une description par tâches et par compétences requises. On évoque également l’approche régionale: comment décliner la politique nationale au niveau des régions? Un schéma de développement des ressources humaines a été ainsi mis en place.

Pilotage régional…

Pour le moment, ce schéma concerne Ben Arous et La Manouba, le premier étant un gouvernorat dynamique en matière d’emploi et d’investissement industriel (7 mille emplois créés chaque année) alors que le deuxième est un gouvernorat en transition du secteur agricole au secteur industriel. Il sera, ensuite, procédé à une couverture de toutes les régions.

Ce schéma permettra, selon M. Hallab, d’avoir une visibilité régionale, d’aider à la décision en matière de planification du développement et au pilotage régional de la formation et de l’emploi par l’identification des besoins, des secteurs demandeurs et des offres de formation. Il s’agit aussi de mettre à nu les défaillances au niveau du système de formation, d’infrastructures, des structures du marché de l’emploi. D’ailleurs, l’emploi, fait observer M. Hallab, est une problématique à traiter à la base depuis l’école secondaire et le choix des spécialités. Il indique que, par exemple, pour Kasserine, Sidi Bouzid et Gafas, 50% des élèves sont en section lettres alors qu’ils sont 15% seulement à Ben Arous.

D’un autre côté, il a souligné que la formation par alternance est un outil qui s’adapte bien aux besoins des entreprises, puisqu’il permet un recrutement direct et assure une formation permettant aux candidats d’être productifs. Mais elle doit être bien préparée pour pouvoir réussir.

Communication…

Moustapha Lakhal, formateur, a son point de vue sur la question, et considère que ceci a transformé la finalité de la formation d’une logique de partenariat à une logique de sous-traitance. «C’est pour cela qu’il faut se mettre autour d’une table et s’interroger sur la nécessité ou non d’augmenter les effectifs ou de réduire les coûts».

Les formateurs présents à la conférence évoquent d’autres problématiques, liées à l’organisation des centres, leur emplacement, le déroulement des stages en entreprises où les étudiants sont très souvent non assistés par un tuteur professionnel.

Bref, il semble que toutes les problématiques soulevées soient directement liées à un manque de communication entre les différents acteurs concernés par la formation professionnelle, ou plutôt à une incompréhension des enjeux. Il est bien de lancer le dialogue mais c’est encore mieux de trouver des solutions en totale concertation entre tous.

Espérons que “le mois d’emploi“ sera un premier pas vers la réconciliation et que le secteur privé assumera pleinement sa responsabilité pour le bien du pays.