Tunisie РLibye : Les ̩changes commerciaux subissent le contrecoup de la guerre

Par : Tallel

Dans leur analyse des relations économiques
tuniso-libyennes, les auteurs du
document “Note analytique trimestrielle pour l’Afrique du Nord: Impact du
conflit en Libye sur l’économie tunisienne“ analysent “le commerce bilatéral“
entre les deux pays, “le tourisme et la consommation d’autres services“,
“L’immigration et les transferts de fonds“, “Les investissements directs
étrangers et les opérations bancaires“.

Au cours des dix dernières années, écrivent les auteurs, le flux du commerce
bilatéral entre la Tunisie et la Libye était le plus important des échanges
bilatéraux en Afrique du Nord.

Entre 2000 et 2010, le taux de croissance annuel moyen des échanges commerciaux
était de 9%, bien au-dessus du taux de croissance annuel moyen du commerce
mondial (6%).

Figure 2 : Evolution du commerce bilatéral entre la Tunisie et la Libye (Voir
même source)

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La croissance rapide des échanges commerciaux entre les deux pays a été soutenue
par des accords commerciaux préférentiels. Depuis juillet 2010, des accords
bilatéraux ont été signés afin de faciliter les échanges et garantir la liberté
des investissements, le transit des marchandises et la mobilité des personnes.

Les deux pays voisins ont convenu en octobre 2010 de supprimer tous les
obstacles administratifs et financiers qui entravent la libre circulation des
biens, du capital et du travail.

A la fin de l’année 2009, la valeur totale des échanges s’est élevée à 1,25
milliard de dollars EU7 (environ 2 milliards de dinars tunisiens).

Le tableau ci-dessous montre que la Libye a absorbé près de 6,9% du total des
exportations tunisiennes, ce qui la place au rang du deuxième partenaire
commercial de la Tunisie après l’Union européenne.

Les importations tunisiennes en provenance de la Libye sont essentiellement
composées de pétrole représentent ainsi plus de 92% des importations totales. En
parallèle, les exportations vers la Libye sont relativement plus diversifiées,
se composant essentiellement de produits agroalimentaires, de ciment, de
matériaux de construction, de fer et d’acier (Figure 3).

Cependant, les échanges transfrontaliers sont également considérables. La Libye
représente un corridor de transit vers le marché tunisien des articles de
consommation tels que les écrans plasma, les téléphones mobiles, le tabac et
même le pétrole vendu dans des gourdes pour usage domestique.

Figure 3 : Part des produits importés et exportés (en 2009)

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En termes de facilitation des échanges, la Tunisie et la Libye ont mis en place
un guichet unique commun au poste frontalier de Ras Jedir, adopté un même
système douanier «Assycuda» et appliqué les mêmes procédures de
dématérialisation du commerce extérieur. Les organismes d’accréditation des
normes ont également été reconnus par les deux pays.

Suite à la crise en Libye, les routes et l’accès aux différents postes
frontaliers ont été entravés par des combats à la frontière contrôlés tantôt par
les forces de Kadhafi et tantôt par les rebelles libyens provoquant une baisse
des échanges aussi bien formels qu’informels.

De même, les revenus des personnes vivant dans la région frontalière ainsi que
l’activité des entreprises tunisiennes ont sensiblement diminué. Comme mentionné
plus haut, la Tunisie est un importateur net de pétrole, et jusqu’à l’éclatement
des troubles en Libye, plus de 25% de ses besoins étaient satisfaits sur le
marché Libyen à un prix préférentiel.

La Tunisie est donc contrainte de se trouver d’autres sources importations et
court ainsi le risque de payer des prix plus élevés en s’approvisionnant sur le
marché mondial. Par conséquent, la hausse des prix de pétrole engendre une
hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires, ce qui est susceptible
d’avoir des effets directs sur l’économie tunisienne.

En effet, les prix des produits agricoles sont actuellement très élevés et
s’approchent des niveaux record atteints en 2007 et 2008 et aucune baisse n’est
prévisible dans le court terme.

La hausse des prix du pétrole provoque également une augmentation du coût de
transport (les coûts de transport représentent en moyenne 5% de la valeur des
biens manufacturés importés). Généralement, un doublement du coût de l’énergie
est associé à une augmentation de 18% des coûts de transport11.

Les échanges commerciaux bilatéraux entre la Tunisie et la Libye ont
considérablement baissé au cours du premier trimestre de l’année 2011, en
comparaison à ceux des années 2009 et 2010. Durant cette période, le solde de la
balance commerciale avec la Libye a été excédentaire du fait que le déclin des
exportations est compensé par une baisse colossale des importations (tableau 2).

Le tableau 2 montre qu’au cours du premier trimestre de l’année 2011, les
exportations Tunisiennes vers la Libye ont diminué de 34%, tandis que les
importations ont enregistré une chute spectaculaire de l’ordre de 95% par
rapport à la même période de l’année 2010. Cette baisse est due à l’interruption
des importations du pétrole brut, qui représentent la majorité des importations
Tunisiennes en provenance de la Libye.

Les exportations des industries mécaniques et électroniques ont également reculé
au cours des quatre premiers mois de l’année 2011. La baisse est estimée à 48,6
MDT par rapport à la même période de l’année précédente13. Toutefois, les
exportations de denrées alimentaires ont progressé de 53,2 MDT, atteignant 124,9
MDT durant les quatre premiers mois de l’année 2011, contre 71,6 MDT au cours de
la même période de l’année précédente.

Afin d’évaluer les effets de la crise Libyenne sur les exportations tunisiennes,
nous considérons deux scénarios: un scenario optimiste et un autre pessimiste.
Dans le premier, nous supposons que les exportations vers la Libye continuent à
baisser au même rythme que celui enregistré au cours du premier trimestre de
l’année 2011. A l’inverse, dans le deuxième scénario, nous supposons un arrêt
total des exportations. Compte tenu du fait que ces dernières sont de l’ordre de
1050 MDT en 2010, les simulations des deux scénarios montrent que les pertes
varient entre 357 MDT et 886 MDT en 2011.

(Source : BAD)