Tunisie : Réconcilions-nous!

Par : Autres

A trois mois des élections tant attendues, il n’y a pas foule pour aller
s’inscrire sur les listes électorales; en revanche, maintes personnalités se
bousculent dans les médias pour nous inciter à le faire.

Aussi bien dans la presse écrite qu’à la radio, je constate les critiques
permanentes du régime déchu et aussi de celui qui l’a précédé.

Dans la rue où la saison touristique n’a jamais été aussi calme, les taxis et
les restaurateurs désespèrent et certains en arrivent à regretter cette
révolution qui a fait fuir les étrangers, et qui selon eux a libéré des
délinquants qui tentent maintenant d’imposer leurs lois.

Nous ne sommes pas des MEDITERRANEENS pour rien: nous voulons tout et tout de
suite.

Y a-t-il eu une seule révolution dans le monde sans dégât? Comment, après avoir
été montrés et suivi comme exemple par plusieurs autres pays, en arrivons-nous à
entendre des personnes exprimer des doutes sur cette révolution et regretter
cette «sécurité» dans laquelle nous vivions?

Que d’énergie pour expliquer que cette «sécurité» n’était là que pour garantir
l’immunité d’une poignée de familles de tous bords qui pillaient les ressources
de la TUNISIE au détriment de son développement social et économique. Nous avons
peur et nous avons perdu confiance. Qu’allons-nous faire? Les procès
s’enchaînent les uns après les autres et la justice n’en a pas fini avec
l’apurement de ce passif.

Les bruits courent déjà selon lesquels des puissances économiques du régime
déchu financent plusieurs partis politiques pour noyauter le nouveau système
émergent. Un fait est sûr: ils sont confortablement installés et plus ou moins
visibles. Devons-nous faire avec et pouvons-nous faire sans? Les éradiquer est
impossible sans une violente chasse aux sorcières qui n’est pas dans la culture
des Tunisiens. Les contourner paraît difficile puisqu’ils sont au cœur de notre
économie, et qu’on le veuille ou non, ils ont participé et participent au
développement de celle-ci. Alors, il nous reste le choix de nous réconcilier
avec ce passé morbide pour protéger notre avenir.

La justice continuera son chemin et nous devons continuer le nôtre. Oui notre
chemin sera long mais nous avons déjà pris le risque de nous engager dans une
certaine voie. Nous avons le choix de ne plus faire marche arrière et surtout de
ne plus laisser le champ libre à de mauvaises herbes qui étouffent les jeunes
pousses tunisiennes qui ne demandent qu’à participer à sa mise en culture.

Cessons de nous leurrer et avançons lentement même en boîtant pendant quelque
temps. Pour assurer notre souveraineté, acceptons certains compromis, mais cela
ne nous empêche pas de rester vigilants et de continuer à tenir la main de ceux
qui partagent nos valeurs civiques. Alors allons voter pour la réconciliation.