Humeurs Ramadanesques : Ramadan, An un de la Révolution tunisienne, c’est kif-kif!! (1)

On s’attendait à beaucoup de nouveautés. Le premier Ramadan, sans Ben Ali ni le
RCD, devait être mémorable! Pour l’instant, il l’est. Au point de vue hausse de
prix, spéculation, mauvaise foi, etc. On est resté les mêmes, des Tunisiens!
Pour le reste, on a tout le mois pour vérifier.

Même le Mufti, il est sorti comme d’habitude et il a manqué d’implorer Dieu le
Clément et Miséricordieux pour la “bonne santé et la réussite de Monsieur le
président …Ben …“, là on s’est rattrapé heureusement!

La Révolution n’est donc pas compatible avec le jeûne et ça se vérifierai tout
au long du mois puisque l’activité politique commence à s’éclipser doucement au
profit de palabres divers à propos de la bouffe, des Tarawihs, et des meilleures
façons de prétendre son s’hour sans se réveiller…

Nous, à Tunis, dans les milieux cultivés et «branchés» soi-disant, notre souci
quotidien ces jours-ci c’est bien sur le baromètre des inscriptions sur les
listes électorales. Il y en a même parmi nous qui poussent le bouchon jusqu’à
exhorter les gens à aller s’inscrire tandis qu’eux ou des membres de leurs
familles ne l’ont pas encore fait.

Alors, mais quand tu vas le faire ya Hammadi? Mais arrêtes, incessamment, je le
ferais demain ou après-demain. Et Hammadi continue à discourir sur les avantages
comparés des modes d’élections. C’est Tunisien et c’est en 2011, après la
Révolution, et c’est nulle part ailleurs…

Les chauffeurs de taxi sont, comme vous le savez, le baromètre des sujets les
plus populaires dans une population. Nos chauffeurs, tous, ne parlent pas de
Ramadan mais de la hausse de prix; ne parlent pas des élections et de la
démocratie, mais des sit-in; ne parlent pas du chômage mais du nombre des
nouvelles autorisations de taxi données à Kairouan ou à Bizerte…

Pour revenir à nos humeurs ramadanesques et pour ne pas déroger à la règle, j’ai
fait le tour des boulangeries de mon quartier, lundi 1er août vers 18H30,
c’est-à-dire une heure avant le Muezzin. Alors là, toutes les boulangeries
étaient pleines à craquer des gens qui veulent tous le pain chaud, le pain
spécial, le pain tabouna… Idem chez le marchand de lait pour le petit lait;
pareil chez le marchand des légumes, le boulanger, le poissonnier et même le «ftayeri»