L’ONU a besoin de fonds pour faire face à la crise alimentaire en Afrique

Le secrétaire général de
l’ONU, Ban Ki-moon, a convoqué mardi une réunion
d’urgence avec les chefs des agences des Nations unies pour discuter de la grave
crise alimentaire qui frappe la Corne de l’Afrique. Il a exhorté les
gouvernements à contribuer à l’appel humanitaire d’urgence de 1,6 milliard de
dollars pour venir en aide aux millions de personnes affectées.

«Plus de 11 millions de personnes ont besoin immédiatement d’une assistance pour
rester en vie, alors qu’elles sont confrontées à la pire sécheresse depuis des
décennies», a dit Ban Ki-moon lors d’un point de presse.

Lors de cette réunion, le secrétaire général et les chefs du Programme
alimentaire mondial (PAM), du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR), du
Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF)) et du Bureau pour la
coordination des affaires humanitaires (OCHA) ont convenu qu’ils devaient faire
tout leur possible pour empêcher que cette catastrophe ne s’aggrave. A ce jour,
l’ONU et ses partenaires n’ont reçu que la moitié des 1,6 milliard de dollars
nécessaires pour financer les opérations de secours dans la région.

«Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre. J’appelle les Etats membres à
soutenir complètement notre appel, et sans délai», a dit Ban Ki-moon. «J’ai
décidé d’entrer en contact personnellement avec les Etats membres pour leur
demander de fournir les ressources dont nous avons besoin».

La Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Josette Sheeran,
a souligné mardi dans un communiqué que l’agence avait «décidé de renforcer, de
toute urgence, la livraison de compléments nutritionnels hautement enrichis».

«Alors que la sécheresse empire, chaque jour compte. Le PAM lance un appel de
fonds urgent pour combler un déficit de 40%, soit de 189,35 millions de dollars,
dans son budget de 477 millions de dollars pour ses opérations dans la Corne de
l’Afrique. Ces opérations incluent, entre autres, la fourniture de nourriture
destinée aux réfugiés actuellement au Kenya et en Éthiopie et dont le nombre
s’accroît», a-t-elle ajouté.

Dans son message, Josette Sheeran note que «les sécheresses dans la Corne de
l’Afrique sont de plus en plus fréquentes». «Les communautés, qui pendant
plusieurs années récupéraient l’eau des pluies régulières pour parer aux
sécheresses occasionnelles, doivent désormais apprendre à vivre dans un état de
quasi-constante insécurité alimentaire, en raison du manque d’eau», a-t-elle
expliqué.

Pour la chef du PAM, il est nécessaire de fournir une aide alimentaire non
seulement pour subvenir aux besoins urgents mais aussi pour «renforcer la
résilience et protéger les communautés locales face à l’impact des sécheresses
récurrentes». «Cette approche doit agir comme un investissement dans des
solutions durables de lutte contre la faim», a-t-elle préconisé.

De son côté, le Haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António
Guterres, a achevé lundi une mission de cinq jours en Ethiopie et au Kenya.

Durant sa visite, António Guterres a appelé « à une réponse rapide et robuste de
la communauté internationale à cette crise, ainsi qu’à un soutien aux
populations de tous les pays affectés par la sécheresse », a rappelé un
porte-parole du HCR, Adrian Edwards, lors d’une conférence de presse à Genève,
en Suisse.

Depuis début juillet, environ 11.000 personnes sont arrivées en Ethiopie et plus
de 8.600 au Kenya en provenance de Somalie. Chaque jour, le HCR dénombre
respectivement 1.700 et 1.300 nouveaux arrivants en moyenne en Ethiopie et au
Kenya.

Lundi, à Nairobi, le chef du HCR a rencontré George Saitoti, Ministre kényan de
la Sécurité intérieure et Ministre par intérim des Affaires étrangères. Ils ont
convenu de la nécessité, pour la communauté internationale, d’organiser des
opérations humanitaires importantes à l’intérieur de la Somalie. Vendredi
dernier, le HCR a lancé un appel de fonds d’un montant de 136,3 millions de
dollars afin de financer ses opérations d’urgence.

Pour sa part, l’expert indépendant de l’ONU sur la situation des droits de
l’homme en Somalie, Shamsul Bari, a exhorté mardi, la communauté internationale
à accroître ses efforts pour prendre les mesures nécessaires permettant de
répondre à la crise alimentaire en Somalie.

«Seulement 50% de l’appel de la communauté humanitaire de 530 millions de
dollars ont été récoltés pour couvrir les besoins humanitaires de plus de 2,85
millions de personnes, soit un tiers de la population somalienne», a dit M. Bari
dans un communiqué.

Le Rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter, a
également tiré la sonnette d’alarme sur les taux de malnutrition chez les
enfants dans certaines régions des pays de la Corne de l’Afrique, qui peuvent
dépasser les 30%.

«Le droit international impose aux Etats qui sont dans une position d’aider de
le faire immédiatement là où des vies sont en jeu», a-t-il conclu.