Tunisie – Bourse : La révolution des petits porteurs

A l’issue des assemblées générales ordinaires des sociétés cotées en Bourse de
Tunis, qui se sont tenues tout au long des deux derniers mois, nous avons
assisté à une «révolte des petits porteurs» au vrai sens du terme: agitations,
huées, rejet massif des résolutions proposées par les conseils d’administration…
On a même assisté à des échanges de coups de poings (lors de l’AGO de la
BT
un participant a demandé au management de ladite banque de rendre hommage à Alia
Abdallah, ex PDG de la BT).

Ainsi, pour cette année, les assemblées générales ordinaires ne sont pas de tout
repos pour les présidents des grands groupes cotés en Bourse, particulièrement
les banques. La mauvaise gestion, le redressement fiscal, les salaires
exorbitants des dirigeants et les faibles dividendes distribués, tout ceci a
attisé la colère des petits porteurs. D’ailleurs, des directeurs généraux et des
responsables ont été traités de «voleurs» et de «menteurs» lors de certaines
assemblées.

La rémunération des dirigeants


Ce sont la rémunération des dirigeants et les jetons de présence qui ont le plus
suscité les foudres de l’auditoire. Les petits porteurs se sont également
plaints des salaires qualifiés d’«astronomiques» des banquiers tunisiens. «Je
n’arrive pas à comprendre sur quelle base ces salaires ont été fixés par le
conseil d’administration? Est-ce que c’est logique dans un pays comme le nôtre,
où le SMIG est de 250 dinars, qu’un dirigeant touche 70.000 dinars nets par
mois?», s’indigne un petit actionnaire lors de l’AGO de la BT.

En ce qui concerne les jetons de présence, qui peuvent atteindre chez quelques
sociétés 50.000 dinars et plus par administrateur, les actionnaires
contestataires ont voté contre cette résolution (à l’exception pour quelques
sociétés qui ont proposé des montants nettement inférieurs). De plus, les petits
porteurs ont demandé à maintes reprises de réduire le montant alloué aux membres
des conseils d’administration puisque, estimant que, pour trois réunions par an
(à vérifier même leur présence), ce montant colossal représente un manque à
gagner pour l’entreprise.

Révision à la hausse des dividendes


Il faut dire que c’est une première pour les assemblées générales ordinaires en
Tunisie que des contestations des petits porteurs relatives à la distribution
des dividendes aboutissent à une augmentation immédiate du montant consacré aux
dividendes et proposé d’avance par le conseil d’administration. Cela a été le
cas, par exemple, de la BT et l’ATB.

Les petits porteurs actionnaires des deux établissements financiers ont, par
conséquent, bénéficié cette année de deux augmentations de leurs dividendes, à
savoir le dividende sur le titre ATB qui est passé de 0,200 dinar à 0,220 dinar
par action, et le dividende sur le titre BT passant également de 0,220 dinar à
0,240 dinar par action, et ce suite à une décision prise lors de l’assemblée
générale ordinaire desdites banques.

Pour finir, compte tenu de la dernière circulaire de la Banque centrale de
Tunisie (BCT) qui, entre autres, oblige les conseils d’administration des
banques à comporter un représentant des petits porteurs, ceux-ci envisagent,
selon certains que nous avons rencontré lors des AGO, de contribuer davantage
dans la redéfinition de certaines prérogatives du conseil d’administration afin
d’assurer la surveillance des “agissements“ de la direction générale et de
mettre en œuvre le dispositif de bonne gouvernance.