Accusé, l’ex-dirigeant islandais dit avoir sauvé le pays de la banqueroute

photo_1309685101853-1-1.jpg
émission aux journalistes le 26 janvier 2009 à Reykjavik (Photo : Kristinn Ingvarsson)

[03/07/2011 09:27:20] REYKJAVIK (AFP) L’ancien Premier ministre islandais Geir Haarde, poursuivi en justice pour le désastre financier de 2008, estime avoir au contraire “sauvé le pays de la banqueroute”, dans un entretien à l’AFP.

“Nous avons sauvé le pays de la banqueroute”, se défend M. Haarde, qui risque jusqu’à deux ans de prison et de lourdes amendes.

“C’est une évidence si vous comparez notre situation actuelle à celle de l’Irlande, sans parler de la Grèce”, dit-il, estimant que les deux pays européens criblés de dettes “ont fait des erreurs que nous n’avons pas faites (…) nous n’avons pas garanti les dettes extérieures du système bancaire”.

Quand le secteur financier hypertrophié de cette île de l’Atlantique nord a implosé, les trois plus grandes banques du pays détenaient des actifs équivalents à 923% du produit intérieur brut de l’Islande.

“Nous devions les laisser faire. Elles ont fait faillite. Et il apparaît maintenant que c’était la bonne chose à faire”, dit-il. “Le secteur bancaire s’est écroulé mais l’économie réelle, toute la capacité de production du pays, est demeurée intacte et continue de tourner”.

La faillite bancaire a plongé l’Islande dans une profonde récession et entraîné une chute vertigineuse de sa monnaie. Mais l’île a progressivement retrouvé la croissance et des experts estiment que le pays ne sera pas obligé de recourir à la dernière tranche d’un prêt du FMI.

Mais il n’y a pas que des éloges dans la gestion de cette crise.

photo_1309685191350-1-1.jpg
élébrer la démission du gouvernement le 26 janvier 2009 à Reykjavik (Photo : Halldor Kolbeins)

Geir Haarde, leader du parti de l’Indépendance (centre-droit) a dirigé le gouvernement de la mi-2006 au début 2009. Il est le seul homme politique d’Islande poursuivi pour son rôle dans cette crise.

S’il est reconnu coupable, M. Haarde aujourd’hui âgé de 68 ans, risque jusqu’à deux ans de prison et de lourdes amendes.

Un rapport sur l’origine de la crise publié l’année dernière a mis en cause à des degrés divers l’ancien Premier ministre ainsi que trois autres ministres de son gouvernement, un bon nombre de banquiers et de financiers.

A une courte majorité, le Parlement dominé par une coalition de gauche décidait en septembre dernier qu’il comparaisse devant la Landsdomur, une cour spéciale pour juger des membres du gouvernement. Cette cour qui n’a jamais servi dans le passé reprendra ses auditions le 5 septembre.

“Je suis tellement content d’être seul! content que mes collègues ne soient pas dans cette situation”, souligne-t-il en insistant sur le fait que “ce procès est une farce politique de quelques anciens ennemis politiques sous couvert d’une affaire criminelle”.

L’un des accusateurs les plus virulents de M. Haarde est l’actuel ministre des Finances Steingrimur Sigfusson, leader du parti Gauche-Vert.

Il a regretté que que le Parlement ne poursuive pas d’autres anciens ministres de l’époque mais il a relevé que selon le rapport de la commission d’enquête M. Haarde avait fait preuve de négligence.

L’ancien chef du gouvernement espère que lorsque la cour se réunira de nouveau en septembre elle prononcera un non-lieu. “Si vous regardez le document (d’accusation, ndlr) il s’agit d’une page et demi et il est vide de preuves”, lance-t-il.

“Il y a eu un effondrement de la banque sur toute la planète (…) Pourquoi n’y a-t-il pas d’autre dirigeant politique devant une cour semblable?”, interroge M. Haarde pour qui “la crise bancaire n’est pas due à une faute individuelle de chaque dirigeant politique”.