Tunisie : A la recherche d’un modèle alternatif de développement

Par : Tallel

C’est sur le thème “Economie sociale décentralisée et cohésion sociale: pour
un modèle alternatif de développement” que l’Institut des hautes études
commerciales de Carthage (EHEC) organise un forum, le 27 courant à Tunis (Hôtel
Concorde – Les Berges du Lac)

Dans un communiqué diffusé en ce sens, les organisateurs soulignent que la
Tunisie, à l’instar des pays émergents, traverse une période historique qui se
caractérise par un changement de la façon fondamentale de créer la richesse. Ce
sont maintenant les facteurs mentaux, et non matériels, qui déterminent le
phénomène, et c’est ce phénomène technologique qui favorise le reste. De sorte
que tenter de l’aborder comme un phénomène idéologique constitue la première
erreur que nous risquons de commettre. Cela peut aussi nous amener à tracer un
plan de vol qui risque de nous conduire sur des chemins erronés. Et la Tunisie
ne peut pas se permettre de prendre de tels chemins.

Toujours selon le document, il est indiqué que la Tunisie s’est engagés
aujourd’hui, et c’est une rupture fondamentale, dans un mouvement social et
culturel qui consiste à transformer l’individuel en collectif, sans vouloir
élever l’individuel en le fondant dans le collectif comme le veut la morale
civique, l’esprit national.

Lorsque l’on compare un pays comme la Suède, et autres pays scandinaves, qui
disposent d’institutions sociales particulières depuis près d’un siècle, et que
l’on observe la répartition des revenus dans ces pays, on commence à comprendre
le rôle de l’éducation dans la diffusion des valeurs de cohésion sociale.

Il semblerait que le défi aille bien au-delà de la conception d’un système
éducatif, pensent les organisateurs de cette rencontre. Le modernisme qui
accompagne la culture industrielle. L’éducation publique a été conçue en pensant
au type d’être humain qu’il fallait façonner en fonction des variables de cette
culture. Ne conviendrait-il pas mieux de concevoir d’autres hommes pour une
nouvelle culture, même si cette culture semble insaisissable. Elle ne correspond
pas à un changement d’époque mais à une époque de changements permanents.
Nous sommes confrontés au défi le plus important que nous ayons connu en
Tunisie: définir ce qui se passe, comment cela se passe, à quel rythme et
répondre aux questions que pose la nature même de ce phénomène.

Tout cela représente un formidable défi à l’être humain. L’éducation
traditionnelle a été modelée par une culture finissante et nous devons définir
les nouveaux objectifs, les nouvelles méthodes à employer à une époque que nous
nous sommes accordés à dénommer l’ère de la connaissance, usant ainsi un langage
repris par des auteurs de grand renom.

Dans quelle mesure la transformation fondamentale commanderait les politiques
sociales qui se substituent aux politiques sociales qui s’écroulent. Et nous
sommes engagés, tous, aujourd’hui, à faire une politique sociale qui soit
centrée sur l’individu sous tendue par un renversement de la situation où
l’appel à la reconnaissance de la diversité constitue la pierre angulaire. A mon
avis, on a déjà trop de social contre productif.

Le vrai défi, c’est de dire NON au gaspillage des ressources

D’aucuns considèrent qu’il règne une grande incertitude en ce qui concerne les
manières de stimuler la croissance. Il existe différentes alternatives. Mais les
opportunités sont très différentes. La question est de savoir comment allier
l’efficience économique à l’efficience sociale.

Dans quelle mesure plus de croissance rime avec plus d’inégalités? Au point de
modernité où nous sommes arrivés, en Tunisie, ne devons nous pas, renverser la
vapeur pour construire un mode de société, où la démocratie est définie à partir
des demandes d’autonomie, de responsabilité de chaque individu.

A un autre niveau, dans quelle mesure, la compréhension de l’économie sociale
est sous tendue par l’idée que l’économie réelle ait plus d’importance que
l’économie financière. Comment parvenir à une croissance plus élevée au niveau
national et au niveau régional avec une politique monétaire moins restrictive et
à une politique fiscale moins rigide.
Dans quelle mesure la stabilité exigée par la globalisation et l’ouverture
extérieure ainsi que l’adoption nécessaire de réformes sur le marché du travail,
auraient servi de prétextes à une réduction des prestations sociales.

Dans quelle mesure les réformes dans le marché du travail sans relancer la
croissance, accroîtrait la frustration sociale : Nous aurions des travailleurs
plus efficients, mais sans emploi. En d’autres termes, ne serait-il pas erroné
de perdre de vue l’aspect humain de l’offre d’emplois.

Dans quelle mesure, plus la société avance vers une cohésion et un consensus
interne, plus les pouvoirs publics disposeraient de possibilités d’action au
niveau national, sous contraintes du processus de mondialisation. Dans quelle
mesure la réussite d’un consensus national constitue un préalable à l’action
efficiente en matière de politique internationale, contribuant ainsi à ce que
les partenaires, et spécialement de l’UE, ne soient pas seulement considérés
comme des marchés, mais aussi comme un espace social, défini par les mêmes
contours?

Dans quelle mesure l’élaboration d’un Programme d’Economie sociale
décentralisée, qui allie l’efficience économique et l’efficience sociale,
soutenable qui s’imposerait de lui-même, aux différentes composantes sociales ne
serait-il pas réalisable à moyen terme?
Le premier Forum d’Economie sociale décentralisée, qui réunit des
universitaires, experts, hommes d’affaires et
ONG de tous bords, a la prétention
de poser les chalons d’une réflexion productive et approfondie sur les divers
champs d’action dans un domaine incontournable, pour aboutir sur une feuille de
route à moyen terme où l’économique et le social sont indissociables.

Pour ce faire, les organisateurs ont invité des personnalités et autres experts
de renom qui interviendront sur plusieurs sous-thèmes. Parmi les panels
proposés, on cite :
– «Efficience économique» – BAYAHI Tahar (Groupe Magasin général), BEN AYED
Abdelwaheb (Groupe Poulina), KARM Ahmed (Amen Bank), SAIDANE Ezzeddine (Banquier
– Consultant international)…
– «Gouvernance – Investissement – Emploi»,
– «Cohésion sociale»