Les Français rêvent d’une maison à la campagne : le prix du foncier s’envole

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Une maison en Normandie (Photo : Robert Francois)

[24/05/2011 15:19:38] PARIS (AFP) Les Français rêvent de faire construire leur maison à la campagne, poussant toujours plus haut les prix du foncier agricole, au détriment du monde paysan, selon l’étude annuelle de la Fédération nationale des Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (FNSafer).

En France, “aussitôt qu’on a les moyens, on essaie de s’installer à la campagne, ce qui pose un certain nombre de problèmes” d’aménagement agricole, a regretté mardi le président de la FNSafer André Thévenot.

“La fonction résidentielle de l?espace rural prend le pas sur la fonction de production”, a ajouté M. Thévenot lors d’une conférence de presse.

Pour la quatrième année consécutive, le marché des terrains agricoles voués à être lotis (3,6 milliards d?euros) a dépassé celui des terres dont la vocation agricole est conservée (3,4 milliards d?euros).

Le marché des anciens corps de fermes ou anciens bâtiments agricoles avec terrains attenants s’est montré particulièrement actif, avec 34.000 transactions, soit 14,9% de plus qu’en 2009. En moyenne, ces lots se sont échangés l’an dernier à 169.000 euros (+6,3%).

La valeur des terrains constructibles de moins d’un hectare acquis par des particuliers a flambé de 17,3% en 2010, à 312.000 euros l’hectare.

En comparaison, le prix de terres agricoles n’a progressé que de 1,9%, à 5.230 euros l’hectare.

Créées par une loi de 1960, les Safer ont pour mission d’acheter ou vendre des terres, pour protéger l’agriculture, la forêt et les paysages. Sur environ 350.000 hectares agricoles achetées en 2010, un cinquième est passé entre leurs mains.

Cette urbanisation des surfaces agricoles est inégalement répartie sur le territoire. Sans surprise, elle s’affiche galopante à proximité des grandes villes, du littoral, des vallées, et des grands axes de communication.

Les agglomérations de Paris, Lyon, Lille, Toulouse et du Mans, ont prélevé en 2010 des surfaces agricoles environnantes à un rythme trois fois plus élevé que la moyenne nationale des villes, révèle l’étude.

Les particuliers ne sont pas les seuls à acheter: les investisseurs, déjà actifs en 2009, “se tournent vers des valeurs refuge: biens agricoles et forestiers, bâtis ou non bâtis”, soulignent ses auteurs.

L’appétit des investisseurs a fait grimer aussi les prix du vignoble en 2010, de 2,3% à 95.200 euros l’hectare pour les appellations de qualité, et de 0,6% à 10.600 hectares pour les vins de qualité courante.

La valeur des forêts a parallèlement progressé de 1,2% à 16.000 euros l’hectare, une autre étude réalisée par la Société Forestière, filiale de la Caisse des dépôts, confirmant un regain d’intérêt des investisseurs pour le placement forestier.

Au total, “les plus-values immobilières réalisées sur les terrains destinés à l?urbanisation et sur les bâtiments quittant l?usage agricole sont évaluées à 6 milliards d?euros” en 2010, estime la FNSafer.

Mais “elles échappent très largement au secteur agricole”: les agriculteurs en activité n?en récupèrent que 4% à 6%, le reste allant plutôt à leurs héritiers ou aux agriculteurs à la retraite, observe l’étude.

Au rythme actuel de l’extension urbaine, “en quatre ans, c’est l’équivalent des terres agricoles d’un département entier qui disparaît”, à déclaré à l’AFP Robert Levesque, directeur de Terres d’Europe-Scafr (Société de Conseil pour l’Aménagement Foncier Rural).

“Si on poursuit cette tendance, à l’horizon 2050 on aura 11% des surfaces agricoles en moins” et “13% à 14% du potentiel agricole disparaîtra, si l’on se base sur la valeur agronomique des sols et la réserve en eau des sols”.