Tunisie : Elyès Jouini a-t-il contracté le «virus» de la politique?

elyes-jouini-1.jpgA peine sorti du premier gouvernement intérimaire –où il a été ministre chargé des Réformes économiques et sociales et de la Coordination sur les réformes- Elyès Jouini a entrepris de plancher sur un projet de think tank destiné à proposer «un programme de gouvernement, pour les 5 et 10 prochaines années.

Universitaire réputé, et administrateur indépendant (de la Banque de Tunisie, par le passé, et aujourd’hui de Magasin Général, Comar et Altran Telnet Corporation) de plus en plus sollicité, Elyès Jouini va-t-il prendre la casquette de «serviteur de la République», c’est-à-dire d’homme politique?

Bien que son expérience ministérielle se soit achevée plus tôt que prévu, le vice-président de l’Université Paris Dauphine ne semble pas avoir perdu goût pour la «chose publique» (Res publica).

Un mois et demi après avoir quitté le premier gouvernement intérimaire, que dirigeait Mohamed Ghannouchi, dans lequel il a été ministre auprès du Premier ministre, chargé des Réformes économiques et sociales et de la Coordination avec les ministères concernés, le voici en tout cas qui revient sur le terrain politique, avec un projet de think tank.

Baptisé «Forum Economique et Social» (FES), le think tank projeté par Elyès Jouini vise à mener une réflexion «sur les chantiers à développer à et les mesures à prendre» afin de doter le pays d’une vision, d’un programme de gouvernement, pour les 5 et 10 prochaines années, et «sur lesquelles pourrait s’appuyer toute majorité au pouvoir».

Le FES mènerait sa réflexion autour de trois nécessités représentant autant d’ «axes structurants»: «repenser le développement régional pour placer les régions au cœur du débat et réduire la fracture qui s’est opérée entre une Tunisie émergente et une Tunisie délaissée pendant des décennies», «redonner un avenir aux jeunes en développant l’emploi et la compétitivité de notre économie dans le respect des normes sociales ambitieuses et en assurant à nos enfants une éducation et une formation de qualité», et «mobiliser tous nos atouts pour libérer la croissance économique dans le cadre d’une économie pleinement intégrée à l’économie maghrébine, méditerranéenne et internationale».

Le “Forum économique et social“ serait composé de personnalités venant d’horizons et de pays divers organisés en cinq structures («comité d’honneur», rédacteurs, experts, conseil scientifique et comité de liaison). Il devra rendre sa copie, en l’occurrence un rapport, avant l’échéance du 24 juillet 2011, date de l’élection de l’Assemblée constituante.

Ce projet constitue-t-il une manière pour son promoteur de revenir en politique d’une autre façon après y être entré –brièvement- par le biais du premier gouvernement de transition de l’après-Ben Ali? Ce n’est pas exclu, d’autant qu’à la question -posée en février dernier par «Le Point»- de savoir s’il se voyait poursuivre son expérience gouvernementale après le 24 juillet, le ministre chargé des Réformes économiques et sociales et de la Coordination sur les réformes qu’il était a répondu clairement qu’«il ne faut jamais dire fontaine, je ne boirai pas de ton eau». .

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