Tunisie – Maghreb : Quand le débat sur la laïcité exclut les musulmans de France…

L’élan populiste, auquel les observateurs sont, certes, habitués à l’approche
des élections un peu partout en Europe, intervient, aujourd’hui, dans un
contexte tout à fait nouveau pour les partenaires de l’Europe et notamment pour
la France.

Un débat sur «l’exercice des cultes en France -notamment l’islam- et sa
compatibilité avec les lois laïques de la République» aura lieu le 5 avril 2011.
L’annonce a été faite par Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP (Union
pour un Mouvement Populaire), parti majoritaire, au pouvoir.

Le président
Sarkozy en personne aurait, par ailleurs, applaudi à cette
initiative «devant la nouvelle direction nationale, conduite par J-F Copé» si
l’on croit une dépêche de l’Agence France Presse datée du 10 mars 2010.

Une initiative qui ne fait pas l’unanimité. Et pas seulement dans les rangs de
la gauche, socialiste et communiste. Abderhmane Dahmane, conseiller du président
français à l’intégration, a invité les Français musulmans «à ne pas renouveler
leur adhésion à l’UMP». Ce qui lui a valu son limogeage.

Abdallah Rezki, responsable de section pour l’UMP dans le Gard (sud-est de la
France), a déchiré jeudi 10 mars, devant des journalistes et en présence du
recteur de la mosquée de Paris, sa carte d’adhérent à l’UMP, appelant «tous les
musulmans de l’UMP» à l’imiter car «on ne peut pas être dans un parti qui nous
stigmatise et nous attaque en permanence».

L’UMP ou du moins une partie de ce mouvement ne cache pas le pourquoi de son
initiative. Il s’agit de ne pas laisser la candidate déjà déclarée du parti
d’extrême-droite, le Front National, Marine Le Pen, précisément fille de
Jean-Marie Le Pen, fondateur du mouvement, dominer le débat combien mobilisateur
de l’immigration et la sécurité.

D’autant plus qu’un récent sondage, réalisé en France, donne Marine Le Pen
gagnante au premier tour de l’élection présidentielle française qui aura lieu au
printemps de l’année 2012.

Et pour ne rien arranger, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, vient
d’enflammer le débat en déclarant que “les Français ont l’impression de ne plus
être chez eux“, faisant allusion aux étrangers en France, notamment les
Maghrébins. La réaction de Marine Le Pen n’a pas tardé, elle offre une carte
d’adhésion au ministre de l’Intérieur. Ce qui est logique, étant donné que la
droite traditionnelle est en train de pêcher dans les eaux de l’extrême droite.

Un discours plus «brutal» que par le passé

Cet élan populiste, auxquels les observateurs sont, certes, habitués à
l’approche des élections un peu partout en Europe et qui caresse le citoyen
moyen qui a perdu ses repères avec une crise économique qui se poursuit
intervient, toutefois, aujourd’hui, dans un contexte tout à fait nouveau pour
les partenaires de l’Europe et notamment pour la France qui a toujours entretenu
des relations étroites avec les pays situés en Afrique du Nord, essentiellement
au Maghreb.

Du Maroc à l’Egypte en passant par la Tunisie, les peuples accèdent à la liberté
et expriment une fierté nationale qui pèsera tôt ou tard sur les relations
Nord-Sud. Les gouvernements des pays du Sud et notamment leurs dirigeants
politiques décideurs économiques et diplomates ne peuvent qu’en tenir compte. Et
le discours devra être plus «brutal» que par le passé.

Inutile de préciser que des questions seront posées sur bien des schémas de
développements jusqu’ici dessinés: du Processus de Barcelone à l’UPM (Union pour
la Méditerranée) fêté un certain 13 juillet 2008 et qui n’a été lancée que pour,
aux dires de certains, retarder l’entrée de la Turquie à l’Union européenne.
Sinon de lui fermer définitivement les portes de l’Europe.

Inutile de préciser qu’outre la pression des «officiels», les gouvernements
européens devront compter avec les pressions de leurs sociétés civiles et de
celles des pays du Sud. On comprend bien que le climat de liberté qui a
maintenant droit de cité dans ces derniers pays est de nature à assurer une
jonction entre ces composantes essentielles des sociétés modernes. Et une
coopération plus grande en vue de faire avancer leurs doléances.

Et si les choses étaient en train de changer. Radicalement!