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EDF. (Photo : Stephane de Sakutin)

[15/02/2011 08:27:38] PARIS (AFP) Electricité de France (EDF) a vu son bénéfice chuter de 73,9% en 2010, en raison de la conjoncture morose des marchés de l’énergie hors de France, qui a poussé le groupe public à passer d’énormes provisions dans ses filiales aux Etats-Unis et en Italie.

Le bénéfice net part du groupe s’élève à 1,02 milliard d’euros en 2010, contre 3,90 milliards l’année précédente, selon un communiqué publié mardi.

Selon un consensus réalisé par l’agence Dow Jones Newswires, les analystes financiers s’attendaient à un bénéfice net de 3,44 milliards d’euros.

Le résultat brut d’exploitation (Ebitda) progresse lui de 4,4% à 16,62 milliards d’euros (+5,2% en croissance organique), dépassant ainsi les objectifs du groupe qui misait sur +3% à +5%.

Le chiffre d’affaires a progressé de 10,2% à 65,16 milliards d’euros (+4,6% en croissance organique).

Le bénéfice a été plombé par des provisions exceptionnelles de 2,90 milliards d’euros, essentiellement passées aux Etats-Unis et en Italie. Ces provisions servent à couvrir les risques de dépréciations d’actifs des filiales d’EDF dans ces pays, dans un contexte de prix faibles et de demande morose.

EDF détient la moitié des activités nucléaires de Constellation Energy aux Etats-Unis et la moitié du capital du groupe Edison en Italie.

En outre, la performance du Royaume-Uni, qui soutenait les résultats du groupe depuis le rachat de British Energy fin 2008, a été nettement moins bonne en 2010. Le résultat brut d’exploitation a ainsi reculé de 5,9% (en croissance organique) sur ce marché, plombé par des “conditions de marché difficiles” et l’arrêt imprévu d’une centrale nucléaire.

Preuve de la situation difficile des marchés internationaux de l’énergie, les activités de trading d’EDF ont subi une baisse de 31% de leurs résultats, “en raison de l’absence de visibilité sur les marchés des matières premières”, a indiqué Thomas Piquemal, directeur financier, au cours d’une conférence téléphonique.

A contrario, “la performance a été très bonne en France grâce à une hausse de la production nucléaire”, a-t-il souligné.

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à La Défense, près de Paris, le 3 juillet 2009. (Photo : Loic Venance)

Le bénéfice brut d’exploitation y a progressé de 7,7%, porté par une hausse de la production d’électricité nucléaire (+5%) et hydraulique (+10%).

M. Piquemal a aussi mis en avant un “très gros effort de désendettement en 2010”, du fait de plusieurs opérations de cessions.

EDF a cédé ses réseaux de distribution d’électricité britanniques et vendu la part de 45,01% qu’il détenait dans le numéro trois allemand de l’énergie EnBW. Enfin, le groupe public a décidé d’allouer 50% du capital de sa filiale RTE au portefeuille d’actifs finançant le démantèlement des centrales nucléaires.

L’endettement d’EDF a ainsi été ramené de 42,5 milliards d’euros fin 2009 à 34,4 milliards d’euros fin 2010 “avant encaissement du produit de la cession d’EnBw”. Hors dette EnBW, il sera de 27,3 milliards d’euros.

Pour 2011, EDF prévoit une croissance de son Ebitda comprise entre 4% et 6% ainsi qu’un dividende au moins équivalent à celui de 2010, soit 1,15 euro par action.

Ces perspectives sont basées sur un prix de gros de l’électricité nucléaire de 42 euros par mégawattheure (MWh). En vertu de la loi sur la Nouvelle organisation du marché de l’électricité (Nome), l’électricien hexagonal va être obligé de vendre jusqu’à un quart de la production de ses centrales nucléaires à ses concurrents (GDF Suez, Poweo, Direct Energie, etc.) à un prix défini par arrêté ministériel.

Si EDF obtenait un prix de vente inférieur de un euro à sa prévision (42 euros/MWh), le groupe perdrait 40 millions d’euros en 2011, selon M. Piquemal.

“Evidemment, c’est un effet qui serait bien pire les années suivantes”, a-t-il souligné.