Tunisie – Vie publique : Les femmes ont-elles besoin de leur propre révolution?

On ne pose pas ce genre de question en Tunisie? Pas si sûr quand on voit leur
passer sous le nez toutes ces nominations au niveau des gouverneurs, des
directeurs généraux du ministère de l’Intérieur, des ministères…!

Commençons par le gouvernement provisoire. Quand on fait les comptes, on
constate qu’il comporte 1 Premier ministre, 22 ministres, 1 gouverneur de la
Banque centrale (qui a normalement rang de ministre) et 12 secrétaires d’Etat;
c’est-à-dire 36 en tout. Chiffre respectable où les femmes n’ont qu’un petit 3
(2 ministres : Habiba Zéhi Ben Romdhane et Lilia Laâbidi, et 1 secrétaire
d’Etat, Fawzia Charfi).

C’est beaucoup trop maigre pour celles que nous avons toujours considérées comme
”la moitié de la société” en Tunisie.

Pourtant, il y a pire! D’abord, les dernières nominations de nouveaux directeurs
à la tête de plusieurs districts de la sûreté nationale et des différentes
directions de la sécurité publique relevant du département. Aucune femme!

Puis la nomination de nouveaux gouverneurs dans les 24 régions de la
République… Aucune femme aussi !

Si on pousse un peu plus loin le bouchon de la vie publique, on ne peut manquer
de constater que, dans les 10 formations politiques tunisiennes qui ont annoncé
mercredi la formation d’un “Front du 14 janvier” et qui prônent “la rupture
totale” avec l’ancien régime, il n’y a aucune femme!

Moralité de l’histoire? Si tout le monde a manifesté (jusqu’aux policiers et aux
imams des mosquées…) dans la rue pour revendiquer le droit de cité, il ne
reste peut-être que les femmes qui tardent à brandir le droit de grève, non pas
uniquement là où elles exercent des fonctions mais peut-être partout où elles
pèsent de tout leur poids!