Tunisie : Portrait robot d’un opportuniste

Par : Autres

Qui suis-je… indice…

Top !
Jeune tunisien entre 30 et 40 ans, je n’ai jamais fait de politique et n’ai
jamais condamné publiquement le gouvernement Ben Ali et le RCD.
Je vis mon quotidien en me plaignant en silence de la corruption qui me touche à
mon niveau, une corruption menée de main de maître et souhaitée par le RCD.

De 2007 à 2010, il m’arrive plusieurs fois de me plaindre secrètement de la
censure sur Internet.

Je suis ? Non ?

Top !
De 2000 à 2010 j’accepte le système de la corruption et en profite même à
plusieurs reprises.
Durant les évènements liés à Sidi Bouzid, je ne partage aucun lien sur Facebook
par peur de la répression et suit une activité professionnelle aussi normale que
possible.
Pendant la même période je ne crois pas à la révolution tunisienne et je
conseille à tous mes proches et amis de ne pas commenter publiquement les
évènements.

Je suis ? Alors ? Toujours rien ?

Top !
Lors du discours de Ben Ali je me félicite de ses promesses de lever le cadenas
sur les libertés individuelles et je critique violemment les fous furieux qui
voulaient tout de même manifester le lendemain. Durant la même période je me
frotte les mains en pensant à comment profiter de la nouvelle situation pour
faire des affaires.

Je suis ? Non ? Alors je suis ?

Top !
Le 14 janvier 2011 je ne participe pas à la manifestation, et quand bien même
j’y participe, je ne scande pas de slogan et reste en retrait comme simple
spectateur.
Lorsque le gouvernement Ben Ali tombe, je crie encore une fois victoire et me
frotte, encore une fois, les mains en pensant à comment profiter de la nouvelle
situation pour mes affaires.

Toujours rien ? Alors ?

Top !
En janvier 2011, lorsque je vois les mêmes fous furieux essayer de faire tomber
le RCD et ralentir encore une fois notre économie, je les critique très
violemment et ai le culot d’évoquer le sang des martyrs qui ne sont pas morts
pour rien et que nous nous devons d’honorer.

Je suis ? Non ? Pas encore ?

Top !
Dès le 17 janvier 2011, dans une énième tentative de récupération, je décide
d’envoyer messages et vidéos à tous en tant que héros de la révolution pour que
nous continuions la lutte en allant au travail. Durant cette période, j’ai le
culot de clamer mon appartenance au peuple de Tunisie qui a fait la révolution
et m’érige en fin stratège de la politique et de l’économie en réprimandant tout
Tunisien qui appelle à la continuation de la révolution.

Top je suis ? Alors, je suis ? Allez c’est facile, qui suis-je ?