Tunisie – Médias : Ben Ali a-t-il compris tous les messages du peuple tunisien?

Par : Tallel

Les événements que vit notre pays depuis un mois, aussi dramatiques qu’ils
soient, ont montré les failles du modèle économique et social tunisien. Dans son
allocution du jeudi 13 janvier, le chef de l’Etat a affirmé avoir compris les
messages que lui a adressés le peuple tunisien. A-t-il compris tous les
messages?

N’empêche, il est impératif de suivre chaque seconde, chaque minute, chaque jour
et chaque heure la concrétisation de toutes les promesses du chef de l’Etat.
Car, il est évident que, en 23 ans de règne, des clans se sont formés autour du
président, avec tout ce que cela a engendré comme intérêts personnels.

Dans ce cas, est-ce que les promesses du chef de l’Etat peuvent se réaliser
facilement et rapidement? Le bon sens voudrait qu’on soit sceptique sur
certaines d’entre elles du moins.

Certes, dans les faits, l’Internet a été libéré dès hier soir. Et on pense que
Ammar et 404 ont été mis hors d’état de nuire. Pour l’instant. Certes les prix
de certaines denrées alimentaires ont baisser… Mais pour les autres promesses,
rien n’est moins sûr pour plusieurs raisons, dont celle que nous avons évoquées
plus haut.

Le président de la République a également affirmé avoir été trompé par son
entourage. Cela dit, un décideur, de quelque nature qu’il soit, n’a pas droit à
l’erreur. Alors la question qui se pose aujourd’hui c’est de savoir si le
“nouveau“ Ben Ali a ou aura les moyens de ses promesses.

D’ailleurs, après son discours d’hier soir, il y a eu certes des rassemblements
“spontanés” en sa faveur, mais des tirs et des casses aussi. Et ça c’est
vraiment inquiétant.

Quel rôle pour les médias et les journalistes?

D’abord, il faut partir du principe que les médias nationaux (télévision et
radio) appartiennent à tous les Tunisiens, sans exception. Par conséquent,
toutes les opinions doivent être entendues, chacun doit pouvoir s’exprimer
librement, dire son avis, contester ce qui est décidé, etc. Sur ce point, on
doit faire très attention à l’expression “manifester ou ceci ou cela dans le
respect de la loi“, est un concept dangereux, car il limite notre liberté
d’action, inhibe nos énergies et nous empêche d’avancer.

Ensuite, pour les journalistes qui ne travaillent pas dans les médias publics,
ils ont une lourde responsabilité face au peuple concernant les informations
qu’ils diffusent. Ils ne doivent pas faillir à la déontologie journalistique.
Mais cela ne veut pas dire non plus que nous devons avoir, désormais, peur de
parler de tout ce qui ne va pas, de dénoncer les abus, sans pour autant verser
dans le sensationnel.

En tout cas, avec le développement de l’Internet et son corollaire les réseaux
sociaux -Facebook et Twittre-, on nous a montré que tout le monde peut être
historien de l’instantané, du présent, c’est-à-dire journaliste citoyen, face à
des journalistes enfermés et empêchés –souvent par leurs patrons- de faire
correctement leur boulot, celui d’informer.