L’Institut Pasteur de Tunis à l’heure de l’exportation

En poste à la tête de l’Institut Pasteur de Tunis (IPT) depuis juillet 2007,
professeur Hechmi Louzir a été frustré à de nombreuses reprises de ne pas
pouvoir satisfaire la commande de sérums thérapeutiques d’un gouvernement
maghrébin ou africain. Car la mission première de l’organisme dont il est le
directeur général depuis trois ans et demi est de satisfaire les besoins locaux
–et la production de l’IPT y suffit tout juste.

A l’avenir, professeur Hechmi Louzir ne connaîtra plus pareilles situations
embarrassantes et, surtout, frustrantes. Car l’Institut Pasteur, le plus ancien
du Maghreb et d’Afrique (créé en 1893), détenteur d’une quinzaine de brevets
–dont quelques uns ont fait l’objet de prises d’option exclusives de la part de
firmes pharmaceutiques mondiales- est en train de se donner les moyens
d’augmenter sa production de BCG et de sérums thérapeutiques (l’Institut Pasteur
de Tunis produit deux types du premier et trois du second) et, donc, d’en
exporter une certaine quantité.

Pour ce faire, l’IPT s’est mis au Partenariat Public Privé, en l’occurrence
MMBIO, une société appartenant à Sami Marzougui qui va piloter la société née de
ce partenariat –MMBIO Pasteur Tunis- en qualité de directeur général, alors que
professeur Hechmi Louzir en sera le président conseil (au nom de l’IPT détenteur
de 20% du capital).

Le patron de l’IPA s’est engagé sur cette voie après avoir réalisé que «la
production de médicaments et autres produits bio se fait de plus en plus dans le
privé, en raison des normes spécifiques», professeur Hechmi Louzir justifie le
recours à un partenaire privé par la souplesse qu’offre son mode de gestion. La
production de médicaments et vaccins «a besoin d’une certaine souplesse de
gestion, de personnel dédié, d’une certaine efficacité marketing», souligne le
patron de l’IPT. Or, «nous avons réalisé à l’IPT que cette activité est
difficilement compatible avec les mécanismes de gestion du système public, qui a
ses avantages mais également ses inconvénients», observe notre interlocuteur.
Outre la difficulté voire l’impossibilité de s’astreindre à une logique de
rentabilité dans la production, la gestion publique ne permet pas, par exemple,
d’acheter des machines en urgence.

Noué «en cohérence avec les politiques de l’Etat visant à développer l’industrie
pharmaceutique et le partenariat public privé», le virage vers le privé n’a pas
été trop difficile à négocier pour l’Institut Pasteur de Tunis. Car la
production était déjà indépendante des autres activités», note professeur Hechmi
Louzir.

Mais l’IPT a dû quand même avoir recours aux services d’AMC Ernst & Young qui
l’a accompagné dans les négociations avec MMBIO, après avoir réalisé l’étude de
faisabilité du projet.

Avant la création de MMBIO Pasteur Tunis, les actionnaires ont conclu le 6
novembre 2010 une série de documents fixant les règles de fonctionnement de
cette joint-venture: un pacte garantissant les intérêts de l’IPT, minoritaire,
et imposant que certains actions ne pourront se faire qu’avec l’accord unanime
de tous les membres du conseil d’administration; un contrat de location de
l’espace et des équipements de production de produits figurant dans le
portefeuille de l’IPT et le développement d’autres –moyennant le paiement d’une
redevance- et d’un contrat de savoir-faire et de marque.

Les règles du jeu étant définies, MMBIO Pasteur Tunis va bientôt entrer en
activité pour augmenter la production des produits existants et à venir, à la
fois pour satisfaire le marché local mais aussi inaugurer une activité d’export.
Pour ce faire, une étude a été lancée afin de déterminer les marchés maghrébins
et africains qui vont être ciblés.