Ridha Ben Mosbah : «Nous devons remédier au déficit structurel de la balance commerciale tuniso-turque»

Depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange entre la Tunisie et la Turquie, les échanges commerciaux ont triplé pour atteindre le chiffre de 1.100 MDT au cours des 10 premiers mois de l’année 2010. Sans oublier les projets d’investissement turcs qui ont atteint les 18.3 MDT réalisés par 23 entreprises.

A l’avantage de la Turquie, les échanges commerciaux ne favorisent pas particulièrement la partie tunisienne d’où la «nécessité de remédier au déficit structurel de la balance commerciale tuniso-turque qui a atteint les 500 MDT en 2009 avec un taux de couverture ne dépasse pas les 30%», a déclaré Ridha Ben Mosbah, ministre du Commerce et de l’Artisanat, lors de la rencontre organisée à son ministère jeudi 2 décembre.

La Tunisie ne peut admettre d’être réduite à un simple marché sur lequel sont écoulés les produits turcs. Son niveau de développement économique exige d’elle qu’elle veuille mieux et plus que d’être un simple rôle de pourvoyeur de matières premières même si les ressources naturelles dont elles bénéficient constituent pour elle un avantage plus que certain.

Différents domaines de coopération peuvent être développés dont celui de la métrologie, des certifications, des composants automobiles, des produits agroalimentaires et en particulier l’huile d’olive, les dattes, les produits de pêche, les chaussures et des médicaments: «Nous savons que la Turquie importe pour plus d’un milliard de $ en médicaments», a précisé le ministre. La Tunisie bénéficie d’un climat d’affaires stable et encourageant, ce qui est de nature à encourager les hommes d’affaires turcs à s’y implanter et développer des rapports de partenariat avec leurs homologues tunisiens.

Les hommes d’affaires turcs ont exprimé leurs vœux, au Conseil d’affaires tuniso-turc organisé au cours de cette même journée, de voir disparaître la double taxation et les procédures douanières tunisiennes «qui rendent difficile le commerce bilatéral», a indiqué le représentant du patronat turc. L’accord de libre échange n’aurait pas, en fait, réellement profité aux entrepreneurs des deux pays. M. Ben Mosbah a, à ce propos, promis de mettre tout en œuvre afin de venir à bout de tous les obstacles qui entravent le développement du courant d’affaires entre les deux pays.

 «Nous travaillerons sur la libéralisation des investissements et sur l’octroi des droits de résidence, le transfert des capitaux et une coopération plus poussée dans le secteur de l’industrie. En ce qui me concerne, je trouve que l’accord de coopération qui nous lie est beaucoup plus intéressant que l’accord de libre-échange», a pour sa part assuré Dhafar Tchagueliane.

A voir la salle archipleine dans laquelle s’est tenu le Conseil d’affaires tuniso-turc, on ne peut qu’être optimiste concernant l’avenir des échanges commerciaux entre les deux pays.

Dans un monde où la carte économique se refait à la vitesse des évolutions technologiques et au gré de crises aussi inattendues que percutantes, le seul moyen de résistance réside dans notre capacité à mettre en place les alliances les plus sécurisantes et les plus avantageuses.