Le téléphone mobile, nouvelle “pointeuse” de la femme de ménage

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à domicile en milieu rural (Photo : Romain Perrocheau)

[26/11/2010 11:30:41] PARIS (AFP) Innovation technologique ou régression sociale : les femmes de ménage, gardes d’enfants et autres salariés des services à la personne peuvent désormais “pointer” au domicile des particuliers via des systèmes de télégestion, un marché en plein développement.

Au Salon des services à la personne à Paris, des entreprises ont présenté leurs applications sur téléphone mobile, qui offrent aux associations ou entreprises privées intervenant chez les particuliers une meilleure traçabilité de leurs salariés.

Concrètement, au début et à la fin de son intervention chez le client, la femme de ménage “flashe” avec son téléphone portable (fourni par l’employeur et muni d’un logiciel), un code barre, un lecteur à puces (RFID), ou un badge NFC (“Near Field Communication”, identique au passe Navigo de la RATP).

Le code-barre est installé chez le client sur le frigo, dans un placard, ou pour les personnes qui vont chercher un enfant à l’école, dans le cartable ou autour du cou de l’élève.

Les données sont envoyées directement à l’employeur. “Cela permet de voir si l’intervention a bien été réalisée”, dans un souci de “qualité du service et de traçabilité”, souligne-t-on chez Medisys, éditeur de logiciels, affirmant: “le flicage n’est pas le but premier”.

Pourtant, si les associations d’aide à domicile se lancent dans ce créneau, c’est “à la demande des financeurs (Conseils généraux en charge de l’aide personnalisée d’autonomie, Caisses d’assurance vieillesse, etc.), qui ont des doutes sur les heures réelles effectuées”, affirme Gérard Sauty (CFTC).

“Cela permet de demander aux financeurs de payer la part qui leur revient”, reconnaît Annie Morel, de l’association d’aide à domicile ADMR.

L’intérêt est aussi de pouvoir mieux gérer les plannings, que le salarié reçoit directement sur son portable, explique Caroline Noublanche présidente de Prylos, qui a lancé la solution “Y-dom”.

Les coûts varient entre 12 et 20 euros par mois et par salarié. Mais les employeurs y “gagnent en productivité”, par rapport aux fiches de présence que le salarié devait faire signer en fin de mois aux particuliers, ou dans le traitement des fiches de paye, explique-t-elle.

Le dispositif permet aussi “une plus grande réactivité en cas d’anomalie”, souligne Sophie Sibille, directrice chez O2, entreprise de services à la personne qui a équipé ses 6.300 salariés.

“C’est aussi une protection pour le salarié, puisqu’il peut avertir s’il a un problème”, insiste Pierre Waeselynck, chef de projet chez Annva.

Dans ce secteur où les rémunérations sont souvent faibles, obtenir un mobile représente aussi un avantage en nature, d’autant que les employeurs accordent chaque mois entre 20 minutes et 1 heure de communication. Cela permet de “fidéliser nos salariés”, explique Mme Sibille.

“Cela les conforte dans l’idée qu’ils ont un vrai métier”, ajoute Sandrine Chaix, présidente de l’association Aappui (aide aux personnes âgées et handicapées), qui affirme ne pas avoir rencontré de fortes oppositions de ses salariés.

Tous soulignent que les plus réfractaires ne sont pas les salariés, mais plutôt les clients, parfois inquiets “du flicage de leur femme de ménage”.

Mais les syndicats restent réticents: “pas sûr que cela participe à une meilleure qualité de service” estime Denis Raguet (FO), craignant “une course à la productivité”. “0n s’inquiète de savoir si l’heure de prestation a été faite, mais pas comment elle l’a été”, ajoute M. Sauty (CFTC).

Et certains employeurs refusent catégoriquement le dispositif: “J’ai confiance en mes collaborateurs”, assène Patrice Deniau, PDG de Maison et services.

Site du Salon des services à la personne