Tunisie-Algérie : Les opérateurs économiques (tunisiens) face à la loi 51/49 (algérienne)

partenariat-tuniso-alger-1.jpgLa journée de partenariat organisée le 14 octobre 2010 par la Chambre mixte tuniso-algérienne (CMTA) a connu un assez franc succès, du moins par le nombre d’entreprises qui y ont pris part –une centaine, tunisiennes aux deux tiers. Faut-il s’en étonner au regard du contexte peu favorable dans lequel les relations économiques et commerciales entre la Tunisie et l’Algérie évoluent depuis près d’une année ? Assurément.

Rappelons-nous, il y a à peine deux ans, c’était quasiment l’europhorie entre les deux pays. L’Algérie et la Tunisie concluaient, le 4 décembre 2008, un accord commercial préférentiel dont on pensait qu’il donnerait un coup de fouet à des échanges commerciaux qui tanguaient depuis des années.

Et bien qu’ils le trouvent alors –et toujours- déséquilibré (puisqu’il accorde une exonération totale pour tous les produits industriels d’origine algérienne et pour seulement 2000 produits tunisiens ; 1100 autres n’étant exonérés qu’à hauteur de 40%), les opérateurs tunisiens attendent avec impatience l’entrée en vigueur de cet accord.

En outre, à la même époque, les entreprises tunisiennes multipliaient les projets d’investissement en Algérie, un marché qu’elles croyaient porteur et relativement facile à pénétrer.

Deux ans plus tard, le soufflé est évidemment retombé et le désenchantement s’est installé. D’abord, parce que l’accord commercial préférentiel est, après sa ratification par la Tunisie (le 28 mars 2009) et l’Algérie (neuf mois plus tard, le 11 janvier 2010), entré théoriquement en vigueur le 21 avril 2010. En réalité, ce n’est pas le cas, car les deux parties doivent encore revoir les règles d’origine. Le groupe de travail mixte qui planche sur cette question devrait bientôt rendre sa copie, affirme une source tunisienne. Mais est-on sûr que, cette question tranchée, une autre ne va pas venir entraver encore une fois la mise en œuvre de l’accord commercial préférentiel ? Bien sûr, non.

Ensuite, second coup de massue pour les opérateurs tunisiens, au moment même où elle ratifiait cet accord, l’Algérie faisait marche arrière en ce qui concerne l’application du programme exécutif de la Grande zone arabe de libre échange et se remettait à appliquer des droits de douanes de 5 à 30% à 1644 produits en provenance des pays membres de ce regroupement.

Sur ce, le gouvernement algérien se fendait de la loi 51/49 qui impose à chaque investisseur étranger d’avoir un partenaire algérien majoritaire. Une disposition qui «a ralenti l’élan des entreprises tunisiennes désireuses d’investir en Algérie», souligne une note de la partie tunisienne de la Chambre mixte tuniso-algérienne. Et c’est fort probablement parce que des informations en provenance d’Algérie font état d’un éventuel assouplissement de cette loi à moyen terme qu’un léger vent d’espoir a soufflé sur la journée de partenariat tuniso-algérienne du 14 octobre 2010.

Cet espoir a également été conforté par les témoignages d’opérateurs tunisiens -dont en particulier Mounir Ben Sakhria, président de l’Union régionale de l’UTICA de Béja- qui, naviguant à contre-courant, ont monté avec des partenaires algériens des projets en Tunisie mais également en Algérie. En rusant un peu, il est vrai, avec la fameuse loi 51/49.