Risques d’attentats : pas de répercussion sur le tourisme pour l’instant

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âteau de Chenonceaux, sur la Loire, le 24 août 2010 (Photo : Alain Jocard)

[04/10/2010 15:55:46] PARIS (AFP) Les mises en garde des Etats-Unis ou du Japon à leurs ressortissants sur les risques d’attentat en Europe n’ont pas de répercussion pour l’instant sur le tourisme, secteur très sensible aux aléas géopolitiques et sanitaires, selon des professionnels interrogés par l’AFP.

“Il n’y a pas d’annulations pour l’instant”, assure Georges Colson, le président du Syndicat national des agents de voyage (Snav), “mais il y a des questions” de confrères pour se renseigner plus avant.

En Allemagne également, l’office de tourisme central, le DZT, n’a pas “connaissance jusqu’ici d’annulations de touristes américains”.

“Nous ne sommes pas en état de siège. Il ne faut pas paniquer pour donner raisons à des gens qui veulent déstabiliser nos pays”, ajoute M. Colson, alors que la saison d’hiver s’annonce bien grâce à des réservations en hausse “à deux chiffres” par rapport à 2009.

Avant lui, le secrétaire d’Etat français au Tourisme, Hervé Novelli, avait indiqué lundi qu’il fallait être “extrêmement vigilant”, tout en appelant à ne pas faire preuve “d’un alarmisme excessif” face à la menace terroriste.

Les grands magasins parisiens comme le Printemps ou les Galeries Lafayette n’ont pas constaté à ce jour de baisse de fréquentation française ou étrangère, alors que la résurgence de risques d’attentats est évoquée depuis une quinzaine de jours dans l’Hexagone.

La France est la première destination mondiale en nombre de touristes. 75 millions de visiteurs étrangers sont venus l’an dernier dont 3 millions d’Américains, mais 15 millions de Britanniques ou 697.000 touristes japonais.

Le patron de l’Office de tourisme de Paris est à l’unisson: “il suffit d’ouvrir le journal pour trouver tous les jours des raisons de ne pas voyager!”, déclare Paul Roll.

Attentats, grippe aviaire puis H1N1 et plus récemment en avril la crise du nuage islandais qui a paralysé le ciel européen sont encore dans les mémoires.

Cependant, a-t-il ajouté, les mises en garde du week-end ne vont “pas encourager un retour accéléré des Américains”, première nationalité étrangère à Paris (1,2 million, 15,5%), en baisse depuis 2007 sous le double effet de la crise et de la baisse du dollar.

“Avec l’élection d’Obama, un dollar plus fort et la reprise, tous les éléments étaient au vert mais les Américains ne sont pas plus là!”.

Si les touristes lointains ne devraient pas annuler leurs départs imminents, sous peine d’être pénalisés car “il n’y a pas de cas de force majeure”, le directeur de l’Office de tourisme de Paris craint plus un éventuel impact sur les décisions de réservations à venir.

Le président du cabinet spécialisé dans l’hôtellerie MKG, Georges Panayotis, a un avis plus tranché: “cela n’aura strictement aucune répercussion” car “depuis 25 ans, et encore plus après le 11 septembre, nous avons appris à vivre avec la menace terroriste”. Ce que M. Novelli appelle une “sorte d’accoutumance”.

“Les hommes d’affaires ne se sentent pas plus protégés aux Etats-Unis qu’en Angleterre, en France et en Allemagne”, affirme M. Panayotis.

“Les crises antérieures notamment depuis 2001 montrent qu’il y a un impact fort sur le tourisme tout de suite après (un attentat) mais il diminue vite les jours suivants. Le trafic reprend rapidement”, a rappelé Hervé Novelli.

Atout France, agence de développement touristique de la France qui dispose d’un observatoire permanent d’étude des flux touristiques, guette déjà le moindre mouvement. “Si on a une baisse brutale d’arrivée des Américains dans les jours à venir, on le verra”, a souligné son directeur Christian Manteï.