Tunisie-Industrie : Un Fonds Commun de Placement au secours de la restructuration des PME

industrie-24082010-art.jpgEnfin, le Fonds de restructuration financière des PME exerçant dans l’industrie
et les services liés, est sur pied. Nous pensons qu’il vient clore le dispositif
de financement des PME. Il y a eu le FOPRODI et les
SICAR pour subvenir par des
dotations aux fonds propres des promoteurs. Puis sont venus les fonds
d’investissement dont la fonction est de les relayer. Arrive ensuit la
BFPME
(Banque de financement des petites et moyennes entreprises), une banque entière
qui leur est dédiée. Elle sera suivie de la
SOTUGAR (Société tunisienne de
garantie) qui fait la contrepartie pour les promoteurs démunis. Et à présent le
fonds de restructuration, un FCP (Fonds Commun de Placement) avec une dotation
de 25 millions de dinars, qui vient compléter l’ensemble des mesures d’appui et
de soutien qu’on peut apporter aux
PME.

Le bon choix : les entreprises performantes d’abord

Le Fonds dispensera ses subsides aux entreprises performantes. En seront exclues
les entreprises en difficulté, notamment. Cela est important à souligner car le
but recherché est de donner de la consistance aux entreprises qui sont
positionnées avantageusement pour en faire le fer de lance du secteur
industriel. Et nous savons tous que la PME industrielle est le cheval de
bataille de notre système économique. La PME est la souche dominante. Et
l’industrie est notre secteur fétiche à l’export. De tous les pays de la région,
la Tunisie est le pays qui a la proportion la plus élevée de produits
industriels dans ses exportations. A l’évidence et point besoin de le préciser,
le Fonds ciblerait les entreprises qui ont réalisé leur mise à niveau. Et elles
sont légion autour de 1.000 environ avec une enveloppe de 1.600 millions de
dinars, représentant plus de 170.000 emplois, qui sont désormais bien protégés.

Deux maux…

Les PME, et parmi elles celles exerçant dans l’industrie et les services liés,
sont généralement à caractère familial. Or cette concentration du capital les
prive de l’arrivée de nouveaux actionnaires tiers, comme actionnaires passifs
«Sleeping partners». Privées de Ces appoints d’investissement, les PME sont
livrées à leurs propres carences financières. Elles sont pour la plupart
sous-capitalisées, et elles sont trop dépendantes des banques pour le
financement de leur cycle exploitation. Ce sont deux maux terribles qui ont
bridé leurs chances de croissance et de développement et qui ont miné leurs
rapports avec les banques. Il faut donc espérer que leur restructuration leur
permette d’avoir une meilleure assise et de juguler ainsi les frais financiers
qui les rongent et qui plombent leurs comptes grevant leur rentabilité.

…Un remède

«Small is beautiful», dit un dicton anglo-saxon. Mais en dehors de ce trait de
coquetterie, dû à sa taille, la PME a certaines inerties dont notamment la
sous-utilisation des immobilisations. Le phénomène était déjà régulièrement
relevé par l’API (Agence de promotion de l’industrie) depuis ses débuts ainsi
que par le Centre National des études industrielles avant que l’Agence
l’absorbe. On avait observé que les PME étaient sur-immobilisés par des
équipements qu’elles n’utilisent que très partiellement mais qu’elles étaient
obligées d’acquérir faute de marché viable et fiable de sous-traitance. Si les
responsables de la stratégie du Fonds œuvraient à rapprocher les entreprises
entre elles, on remporterait un grand combat. Reconfigurer la physionomie des
filières de pointe est tout à fait possible. Ce fonds possède un similaire en
Italie, soit l’ETE et au Japon qui s’appelle le MITI. ET tous deux travaillent à
ce même objectif de restructurer en fusionnant les entreprises ou en les
engageant dans une dynamique d’alliance stratégique.

De notre point de vue, l’émancipation d’un marché de la sous-traitance et une
dynamique de concentration donneraient un appoint de masse critique salutaire à
ces entreprises. Outre que ce fonds, de notre point de vue encore une fois,
pourrait doper l’activité du
Marché alternatif
en cas où il souhaite passer la
main à des investisseurs privés. Ce faisant, il les brancherait sur le marché et
le financement direct, ce qui est une issue rêvée.