Un groupe de défense internet enrôle des pirates informatiques à Las Vegas

photo_1280771681429-1-1.jpg
à Paris, dans les locaux de “Zi HackAdemy”, de la tête de mort qui figure sur le tee-shirt officiel de cette école, la première école officielle de hackers (Photo : Joel Saget)

[02/08/2010 17:57:52] LAS VEGAS (AFP) Une équipe américaine d’informaticiens d’élite engagée discrètement depuis plus de dix ans dans la lutte contre la criminalité s’est rendue à Las Vegas pour recruter de nouveaux cerveaux, lors d’une conférence réunissant pirates et autres “hackers”.

L’équipe nommée “Vigilant” (qui peut se traduire en français à la fois comme “les vigilants” et “milice d’auto-défense”) est décrite par son chef, Chet Uber, comme un commando internet, prenant pour cibles les terroristes, les cartels de la drogue, les mafias et autres criminels.

“Nous faisons des choses que le gouvernement ne peut pas faire”, déclare M. Uber, qui assure rester dans les limites de la légalité.

L’équipe réunit un peu plus de 600 bénévoles et compterait dans ses rangs des directeurs informatiques de grandes sociétés ainsi que d’anciens hauts responsables de l’internet au sein du Renseignement américain.

Ils écument les autoroutes de l’information pour repérer des indices sur des attaques internet et autres activités illégales.

Le groupe revendique aussi la collaboration dans 22 pays d'”agents de collecte”, qui rassemblent des informations ou coordonnent des réseaux d’informateurs.

“On va dans les bars, on cherche des listes de gens malveillants, on collecte des bribes d’informations” que nous donnent les gens, explique M. Uber. “Mais une part importante de nos renseignements vient de la surveillance d’internet. Nous regardons tout ce qu’il y a sur les sites internet, qui sont publics”.

photo_1280771838676-1-1.jpg
à Villeneuve-d’Ascq, montrant un carton contenant des disques dur d’ordinateurs saisis par la gendarmerie (Photo : Philippe Huguen)

M. Uber estime que la supériorité de son organisation par rapport aux organismes gouvernementaux tient à ce qu’elle est libre des lourdeurs bureaucratiques et des rivalités entre services.

Quand Vigilant découvre des informations qui semblent significatives, le groupe en fait part aux organismes officiels du Renseignement.

Le groupe s’est acquis une telle réputation qu’il a été invité à la conférence DefCon, rendez-vous annuel d’informaticiens et pirates à Las Vegas (Nevada, Ouest), qui cette année a pris l’allure d’un rendez-vous entre forces de l’ordre et francs-tireurs de la lutte contre la cybercriminalité.

Après avoir travaillé dans l’ombre pendant 14 ans, le réseau Vigilant veut saisir l’occasion de cette publicité inédite pour être “à pleine capacité” en recrutant 1.750 “bénévoles aux références vérifiées” d’ici à 2012.

“On est des gens bien. On ne veut de mal à personne”, assure M. Uber. “Nous avons un serment, qui est de défendre la Constitution américaine contre tous les ennemis, étrangers et intérieurs”.

Le réseau s’arroge le droit de surveiller tout ce qui est légalement accessible sur internet, seuls les courriels et transactions cryptées (achats par exemple) restant hors de sa portée.

Ce qu’il cherche par dessus tout, c’est à remonter la trace d’attaques internet, car l’impossibilité de remonter à la source fait qu’il est presque impossible pour les sociétés et les organismes gouvernementaux de se défendre.

“C’est un problème qui n’est absolument pas résolu”, note M. Uber.

Le groupe a actuellement une centaine de projets en route. Il élabore notamment un modèle mathématique destiné à repérer quand les réseaux terroristes recrutent des adolescents en ligne.

“A terme notre but est de fournir des logiciels professionnels aux organismes gouvernementaux, pour arrêter de faire du renseignement nous-mêmes”, conclut M. Uber.