Les Tunisiens s’invitent dans le débat français sur la délocalisation des centres d’appels!

La Chambre syndicale nationale des Centres d’appels et de la relation client en
Tunisie
(CSN CAREC) a souhaité réagir aux déclarations récentes du secrétaire
d’Etat à l’Emploi français, M. Laurent Wauquiez. En effet, face à un chômage qui
croît, notamment chez les jeunes de moins de 25 ans, il a fait part, dans les
médias français, de sa réflexion sur un plan d’action et a annoncé
l’organisation d’«Assises des centres d’appels», afin de trouver les moyens
d’endiguer les délocalisations dans ce secteur, rendues responsables d’une perte
sèche en termes d’emplois sur le territoire franaçais.

De l’écume…

M. Alain Guettaf, vice-président de la CSN CAREC (et directeur général de
Pro2C), a bien voulu nous livrer la position de cette instance, émanation de
l’UTICA (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisana), par
rapport à cette guerre déclarée. «Cette déclaration, c’est de l’écume. M.
Wauquiez avait besoin d’une annonce à poser face aux chiffres de croissance du
chômage», une réaction non-impulsive et rationnelle qui décrypte l’ergonomie du
secteur des deux côtés de la Méditerranée. «Le développement de positions à
l’étranger est une question de rationalité économique», vu le fonctionnement du
système économique mondial actuel, les activités à fort capital humain et à
faible valeur ajoutée s’implantent là où les coûts en ressources humaines sont
moindres à compétences au moins égales.

Face à un relais de croissance

Mais, sur ce point, l’homme d’expériences insiste lourdement : les prestations
tunisiennes ne détruisent pas d’emplois en France, bien au contraire, «elles
sont un relais de croissance pour la France». En effet, pour les donneurs
d’ordre, les prestations réalisées en offshore leur permettent, financièrement,
de développer d’autres activités en France.

Dans ce sens, il rejoint d’ailleurs le point de vue de nombre de responsables
‘relation client’ français, qui avouent que sans l’offshore, leur développement
actuel n’aurait pas été possible, notamment en termes de palette de prestations
proposées aux clients.

M. Guettaf illustrait son propos par l’exemple d’une société opérant dans le
secteur de la presse spécialisée dans l’intelligence économique, qui a pu
rapidement se développer en Tunisie (plus de 120 collaborateurs) et impulser
plus de 300 emplois en France pour porter son activité.

Une invitation aux futures assises pour trouver des solutions ensemble ?

Pour M. Laurent Uberti, président du Syndicat professionnel des centres de
contact externes (SP2C), cité par Le Monde, la grande vague des délocalisations
est passée. «Après une croissance des emplois offshore autour de 80% par an
entre 2003 et 2007, on constate une stabilité depuis». Aujourd’hui, ajoute-t-il,
le taux de croissance des deux côtés de la Méditerranée “est identique, autour
de 10% à 15% par an, et la répartition des emplois et du volume de travail est
stable, selon un ratio de 80/20” (80% en France, 20% à l’étranger).

Alors, au nom de la CSN CAREC, M. Guettaf déclare qu’elle participerait
volontiers à ces futures assises afin d’identifier des «solutions qui tireraient
le débat vers le haut et d’échanger sur la mise en place de bonnes pratiques
ensemble, dans une logique méditerranéenne d’échanges». On ne peut en effet pas
continuer à vouloir développer un espace commun méditerranéen, et dans le même
temps envier les emplois de jeunes diplômés tunisiens créés dans cette
dynamique.

Le secrétaire d’Etat à l’Emploi français entendra-t-il cette disposition au
dialogue dont le but est de pérenniser des emplois de qualité en Tunisie, comme
en France, et de créer un environnement de «bonnes pratiques» communes aux
centres d’appel des deux rives méditerranéennes ?