BP, un géant qui aura trouvé splendeur et misère aux Etats-Unis

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éant pétrolier BP (Photo : Natalia Kolesnikova)

[17/07/2010 06:37:27] LONDRES (AFP) Le groupe britannique BP, qui entrevoit la fin du cauchemar de la marée noire dans le golfe du Mexique, a commencé en Perse mais c’est aux Etats-Unis qu’il a connu la splendeur dans les années 2000 et désormais la misère d’être associé pour longtemps à une catastrophe écologique.

L’histoire de BP commence en 1901 en Perse, qui n’était pas encore l’Iran, quand un homme d’affaires britannique, William D’Arcy, dépense une fortune dans une expédition qui mettra sept ans à faire sourdre son premier jet de pétrole, le 26 mai 1908.

L’épopée d’Anglo-Persian, devenue Anglo-Iranian en 1935 puis British Petroleum en 1954, se confond avec l’histoire de la technologie et de la géopolitique du 20e siècle.

Regorgeant de pétrole sans personne à qui le vendre avant 1914, la compagnie voit ses problèmes réglés grâce à l’attention d’un nouveau venu dans la vie politique britannique, Winston Churchill: il croit en cette énergie, et convainc le gouvernement d’acheter une grosse part de l’entreprise.

Au début des années 60, l’industrie pétrolière est encore tâtonnante, au-delà du Moyen-Orient. Mais BP bénéficie de découvertes dans deux nouvelles régions particulièrement riches, la Mer du Nord et l’Alaska en 1968. Elle subit ensuite, comme ses concurrentes, le réveil des gouvernements du Moyen-Orient, dont la plupart, à partir de 1971, s’engagent dans la nationalisation de leurs activités pétrolières.

De 1975 à 1983, le volume de pétrole transporté depuis le Moyen-Orient par les tankers de BP tombe de 140 millions à 500.000 tonnes. Sur la même période, la région passe de 80% à 10% de ses approvisionnements.

Dans la foulée, le groupe entame une frénésie d’achats aux Etats-Unis. Pour traiter le pétrole d’Alaska, il entre au capital de Sohio, et l’achète en 1987, année où le gouvernement britannique vend ses dernières actions de BP.

BP accélère alors son expansion, achetant Castrol au Royaume-Uni en 2000 et Aral en Allemagne en 2002, mais surtout Amoco en 1998 et ARCO en 2000 aux Etats-Unis.

Cette vague d’acquisitions, qui porte le groupe au rang de géant mondial, est dirigée par l’ancien directeur général, John Browne, qui préside en 2000 à la réinvention du groupe sous le nom de Beyond Petroleum (“au-delà du pétrole”) avec le logo en forme de soleil jaune et vert.

Dès 1997, lord Browne a fait figure de visionnaire dans le monde polluant de l’industrie pétrolière. Cette année-là, il lance dans un discours: “Nous sommes tous citoyens d’un même monde, et nous devons partager la responsabilité de son avenir”, appelant à “un équilibre entre les besoins du développement et la nécessité de protéger l’environnement”. BP est alors à la pointe de la recherche sur les énergies alternatives.

Mais le soupçon émis par de nombreux analystes, d’une vague d’acquisitions un peu trop rapide aux dépens du soin apporté à l’intégration, se concrétise en 2005 quand une raffinerie texane exploitée par BP explose, faisant 15 morts, puis lorsqu’en 2006, la fuite d’un oléoduc en Alaska crée une vaste pollution dans cette région protégée. Des faits qui expliquent en partie aujourd’hui la rancoeur des riverains du golfe du Mexique envers BP.

Avant la catastrophe, BP avait enregistré un bénéfice de 16,6 milliards de dollars en 2009 pour un chiffre d’affaires de 246 milliards de dollars. Sa production journalière était de quatre millions de barils.

Le groupe venait juste de repasser devant sa rivale, la compagnie anglo-néerlandaise Shell, en termes de capitalisation boursière. Aujourd’hui, après avoir pourtant regagné 40% depuis ses plus bas de fin juin, sa valeur n’est plus que de 70% celle de Shell.