BP prend des précautions contre une possible OPA, mais sans panique apparente

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à Huddersfield dans le nord de l’Angleterre, le 7 août 2006 (Photo : Paul Ellis)

[06/07/2010 19:14:42] LONDRES (AFP) Le groupe pétrolier BP, englué dans la marée noire du golfe du Mexique depuis avril, a semble-t-il sondé des investisseurs en vue de se protéger contre une possible OPA hostile, sans envisager toutefois une augmentation de capital dont il n’a pas besoin pour l’instant.

La presse prête depuis dimanche au groupe, qui a perdu la moitié de sa valeur en deux mois (il valait mardi 64 milliards de livres – 77 milliards d’euros), d’avoir approché des fonds souverains orientaux pour les encourager à prendre une participation ou renforcer leur participation actuelle à son capital, afin de l’aider à résister à un éventuel assaut d’un concurrent. Situation rendue plausible par son prix désormais relativement bon marché.

Mardi soir, alors que le directeur général Tony Hayward s’était rendu dans la journée en Azerbaïdjan et que la rumeur de sa présence à Abou Dhabi circulait dans le golfe Persique, la compagnie a admis qu’il “fait actuellement une série de visites à nos partenaires importants”.

En Azerbaïdjan où BP possède de très beaux actifs, M. Hayward, loin d’évoquer leur possible cession pour payer les coûts de la marée noire, a au contraire renouvelé son engagement dans ce pays.

Selon un spécialiste du secteur, Ilham Shaban, directeur du Centre des études pétrolières de Bakou, le patron de BP pourrait demander de l’aide au Fonds d’Etat pétrolier azerbaïdjanais sous forme de prise de participation. “Je pense que l’Azerbaïdjan pourrait satisfaire partiellement cette requête”, a dit ce spécialiste.

L’arrivée au capital de tels fonds souverains, investisseurs stratégiques qui ne se précipitent généralement pas vers le plus offrant, pourrait ainsi dissuader une éventuelle offre publique d’achat (OPA) hostile d’un concurrent, estime la presse.

Elle cite parmi les prédateurs possibles l’américain Exxon, plus grosse entreprise mondiale par la capitalisation, ou des géants plus petits comme Shell ou Total, ce dernier ayant toutefois démenti étudier un rachat.

BP a indiqué ne pas envisager d’augmentation de capital pour proposer des titres à ces partenaires, mais une porte-parole a confirmé à l’AFP que le groupe “accueillait volontiers de nouveaux actionnaires, ainsi que les actionnaires existants qui souhaiteraient augmenter leur part”.

BP, à qui la marée noire a déjà coûté 3,12 milliards de dollars et qui a promis aux Américains d’en placer 20 en trois ans dans un fonds consacré à la catastrophe, a en effet pour l’instant davantage besoin de soutien que d’argent.

Elle a en effet parfaitement les moyens de réunir cette somme en supprimant des dividendes cette année, en augmentant son programme annuel de cession d’actifs et en réduisant ses investissements pendant un an ou deux.

Tout le monde n’est pas d’accord cependant quant à l’intérêt de placer de l’argent dans BP. Alors que le responsable libyen du pétrole, (NOC), Choukri Ghanem, a estimé mardi auprès de l’AFP que BP “représente actuellement une opportunité pour tout investisseur” — sans préciser si la Libye était intéressée –, un officiel koweitien a estimé auprès de l’agence Dow Jones que “ce n’était pas forcément une bonne idée d’augmenter la part actuelle” de l’émirat, qui détient 2,8% du groupe.

Quant au gouvernement britannique lui-même, il s’inquiéterait actuellement de la situation, au point d’étudier selon le Times un possible scénario catastrophe. BP n’est pas une entreprise anodine au Royaume-Uni, où elle emploie plus de 10.000 personnes (80.000 dans le monde), veille sur des actifs énergétiques stratégiques pour le pays en mer du Nord, et a rapporté au Trésor 5,8 milliards de livres d’impôts l’an passé.