Réduction des déficits : conférence à l’Elysée présidée par Sarkozy

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çois Fillon lors d’une réunion avec les syndicats le 10 mai 2010 à l’Elysée (Photo : Christophe Ena)

[20/05/2010 04:25:46] PARIS (AFP) Après un premier tour de vis budgétaire qui a ranimé le spectre de la “rigueur”, Nicolas Sarkozy préside jeudi la deuxième manche de la conférence sur la réduction des déficits, sous la pression insistante de Bruxelles en pleine crise de la zone euro.

Fin janvier, le chef de l’Etat avait conclu le premier “round” de la réunion en assumant, au nom de la relance de l’économie, le dérapage vertigineux des comptes publics de la France, mais en renvoyant à avril les “décisions extrêmement importantes” pour l’enrayer.

Entre-temps, la débâcle financière grecque et la panique conséquente sur les marchés financiers ont contraint le gouvernement à accélérer son calendrier. Avant le rendez-vous de jeudi à l’Elysée, François Fillon a donc annoncé il y a quinze jours un premier coup de ciseau dans le train de vie de l’Etat, aussitôt dénoncé à gauche comme un “plan de rigueur”.

Le Premier ministre a décrété un “gel en valeur” des dépenses de l’Etat pour les trois ans à venir, au prix d’une baisse de son train de vie, d’une remise à plat de ses aides sociales et d’un rabotage des niches fiscales.

Mais, de l’avis général, ces mesures seront insuffisantes pour permettre à la France de ramener, comme elle s’y est engagée, fin 2013 dans la limite européenne de 3% du produit intérieur brut (PIB) un déficit public qui a atteint 7,5% du PIB en 2009 et devrait passer à 8% en 2010. La facture de ce retour à l’orthodoxie budgétaire est évaluée par le ministère de l’Economie à environ 95 milliards d’euros sur trois ans.

La Commission européenne a jugé le scénario français exagérément optimiste et, plutôt que sur les 2,5% espérés par Paris, continue à tabler sur une croissance plus modeste de 1,5% en 2011. “Pour atteindre cet objectif, il faudrait de la croissance que nous n’avons pas”, concède le président centriste de la commission des Finances du Sénat Jean Arthuis, “même si le rééquilibrage attendu de l’euro pourrait nous rapporter de l’ordre d’un demi-point”.

Après les mesures annoncées pour l’Etat le 6 mai, le porte-parole du gouvernement Luc Chatel a suggéré mercredi que la conférence de jeudi insisterait sur les contributions des secteurs de la santé et des collectivités locales à l’effort de réduction des déficits. “Il est important, au moment où l’Etat a indiqué qu’il allait faire preuve de modération (et) être exemplaire, que l’ensemble des collectivités territoriales s’engagent dans la même démarche”, a jugé M. Chatel.

Nicolas Sarkozy devrait ainsi évoquer les “conclusions intermédiaires” des rapports commandés en janvier sur les moyens de tenir les dépenses de santé, qui concourent pour moitié aux déficits, de limiter celles des collectivités locales, ou d’inscrire, comme en Allemagne, le principe de l’équilibre des comptes publics dans la Constitution.

Comme en janvier, les présidents PS des associations des départements et des régions ont annoncé qu’ils bouderaient la réunion de jeudi, en répétant que l’Etat était le seul responsable de la hausse de leurs dépenses.

Même si Nicolas Sarkozy a encore écarté cette hypothèse la semaine dernière, la réunion de jeudi devrait raviver le débat sur la hausse des impôts et la modification du bouclier fiscal, que nombre d’économistes et d’élus, y compris à droite, jugent incontournable pour réduire les déficits.

“Ce qui compte, c’est le solde”, tranche le rapporteur de la commission des Finances du Sénat Philippe Marini (UMP), “et une volonté politique forte pour rendre crédible notre engagement de réduction des déficits”.