Goldman Sachs/fraude : le Français Tourre pressentait la crise des crédits à risque

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à la Bourse de New York, le 24 juillet 2009. (Photo : Chris Hondros)

[25/04/2010 16:38:12] WASHINGTON (AFP) Fabrice Torre pressentait au début de l’année 2007 que le marché des crédits immobiliers à risque allait exploser, selon des courriels écrits par ce Français au coeur de l’enquête pour fraude visant Goldman Sachs et communiqués dimanche à l’AFP par la banque d’affaires.

“Le résumé de la situation n’est pas très folichon pour le marché américain des produits immobiliers à risques… D’après Sparks, ce segment d’affaires est totalement mort, et les pauvres petits emprunteurs peu solvables ne vont pas faire de vieux os”, écrivait M. Tourre le 7 mars 2007 à une amie, faisant référence au nom du directeur des produits immobiliers chez Goldman Sachs.

“Tout ceci me donne des idées sur mon futur à moyen terme, dans la mesure où je n’ai pas l’intention d’attendre l’explosion totale du secteur”, ajoute le message écrit dans un mélange de français et d’anglais.

“Le boulot est toujours aussi pénible, c’est bizarre j’ai l’impression de venir chaque jour au taf et chaque [jour] je vis le même calvaire”, écrit M. Tourre dans un message adressée à une autre correspondante le 29 janvier de la même année.

“En gros je trade un produit qui valait 100 dollars il y a un mois et qui n’en vaut plus que 93 aujourd’hui et qui perd en moyenne 0,25 dollar par jour… Présenté comme ça ça n’a pas l’air énorme, mais quand tu penses qu’on achète et on vend ce truc sur des montants nominaux de [plusieurs] milliards, ben ça commence à faire beaucoup de sous”.

M. Tourre est au centre de la plainte pour fraude déposée contre Goldman Sachs le 16 avril par l’autorité de régulation des marchés boursiers américaine (SEC), mais aucune charge ne le vise personnellement.

La SEC accuse la banque d’avoir trompé des investisseurs en leur faisant faire des placements sur des titres risqués dont elle savait qu’ils allaient baisser, sans les informer qu’elle-même pariait sur la baisse des produits qu’elle leur faisait acheter.