En pleine crise de l’emploi, la France veut doper le microcrédit

photo_1269255196341-1-1.jpg
économie, lors d’une conférence de presse, le 18 mars 2010 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

[22/03/2010 10:54:12] PARIS (AFP) Sur fond de flambée du chômage, la France entend développer le microcrédit, considéré comme un levier pour la création d’entreprise et la réinsertion, en associant davantage les banques et les particuliers à son financement.

La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, vient d’annoncer une série de mesures en faveur de ce type de crédits, qui doivent être ajoutées au projet de loi sur le crédit à la consommation, débattu mercredi à l’Assemblée nationale.

Ces prêts s’adressent aux exclus du système bancaire ou à des publics en difficulté comme les chômeurs, qui se voient prêter des sommes inférieures à 25.000 euros, leur permettant de sortir du chômage en créant une entreprise.

Selon un récent rapport de l’Inspection générale des finances, 48.000 emplois ont ainsi été créés ou maintenus en France en 2008 grâce à ces crédits.

“Le contexte économique et la création d’entreprises comme voie d’insertion vont alimenter la demande” de microcrédit, prévoit ce rapport.

Elle a déjà progressé de 64% entre 2006 et 2008 avec 13.000 microcrédits professionnels distribués cette année-là, et le rapport s’attend désormais à 100.000 demandes annuelles par les publics les plus précaires.

Pour “doper” ces crédits, le gouvernement propose notamment de faciliter leur financement en permettant aux particuliers qui le souhaitent de prêter aux associations de microcrédit, via des plateformes internet.

“Aujourd’hui, un Français peut financer le microcrédit en Inde, mais pas en France”, fait-on remarquer dans l’entourage de Christine Lagarde.

Parallèlement, les banques françaises, qui se sont engagées fin janvier à favoriser le microcrédit, devront désormais dresser un bilan de leur action, “pour permettre un suivi de leurs engagements”, indique-t-on de même source.

Pour les principaux acteurs du microcrédit en France, ces mesures sont encourageantes: “nous ne voulons pas d’une banque des pauvres, mais bien d’une banque pour tous”, souligne Christian Sautter, président de l’association France Active, qui permet à des “micro-entrepreneurs” d’accéder aux prêts bancaires en se portant garante.

Pour lui, les banques ont toutes les raisons d’accompagner le mouvement: “pour des raisons éthiques” et “parce qu’on leur propose de bons clients”.

Les associations sélectionnent en effet de façon très rigoureuses les projets avant de les accepter.

“Il faut faire très attention à ne pas conduire les personnes que l’on accompagne à des situations de surendettement”, explique Maria Novak, présidente de l’Adie, association pionnière en France en matière de microcrédit.

“Ce n’est pas parce que la demande est plus forte qu’il faut accorder davantage de prêts”, ajoute-t-elle.

Selon elle, les mesures annoncées sont très positives mais il faut encore davantage mettre l’accent sur l’accompagnement des créateurs d’entreprise.

“En cette période de crise, nous jouons un rôle très important dans le maintien et le développement de l?activité économique”, insiste Bernard Brunhes, président de France Initiative, qui accorde des prêts d’honneur à taux zéro permettant de déclencher des prêts bancaires.

C’est grâce au microcrédit que Chantal et Alain Charbonnier ont ainsi évité le pire. Anciens débitants de tabac en Haute-Savoie, ils ont dû vendre l’an dernier leur commerce, beaucoup moins cher qu’ils ne l’avaient acheté, “pour éviter la liquidation”.

L’Adie leur a consenti un prêt de 4.000 euros, que toutes les banques leur avait refusé, pour lancer un commerce ambulant en Provence. “On démarre la semaine prochaine”, indique Mme Charbonnier. “C’est une nouvelle vie qui commence”.