Grèce : l’Allemagne met la solidarité européenne à l’épreuve

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éas Papandréou à Bruxelles le 18 mars 2010. (Photo : Georges Gobet)

[21/03/2010 11:51:53] BRUXELLES (AFP) La zone euro entame une semaine cruciale pour son avenir, au cours de laquelle ses dirigeants vont devoir tenter de surmonter les réticences de l’Allemagne à approuver un mécanisme d’aide à la Grèce, confrontée à une crise budgétaire sans précédent.

Les chefs d’Etats et de gouvernements des 27 pays de l’Union européenne se retrouvent jeudi et vendredi à Bruxelles pour un sommet en principe consacré à leur stratégie économique pour les dix ans à venir.

Mais la crise grecque s’impose à eux comme le sujet prioritaire.

La chancelière allemande Angela Merkel, confrontée à une opinion publique hostile à l’idée de devoir payer la facture pour les problèmes budgétaires grecs de crainte que cela créée un dangereux précédent, est sous pression.

Des voix s’élèvent en Europe pour l’appeler à approuver lors du sommet un dispositif d’aide financière à la Grèce, qui serait activé seulement si nécessaire. Une manière de rassurer les marchés et de récompenser le gouvernement grec pour les douloureuses mesures d’austérité qu’il a prises afin de réduire son énorme déficit.

Faute d’accord, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, qui estime payer trop cher aujourd’hui pour emprunter, menace de se tourner exclusivement vers le Fonds monétaire international. Ce qui serait vécu par beaucoup comme une humiliation.

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ère allemande Angela Merkel au parlement lors d’un débat sur le budget le 17 mars 2010. (Photo : Michael Kappeler)

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a lui lancé un appel au sens des responsabilités de Berlin. “Nous ne pouvons pas prolonger plus longtemps la situation actuelle”, a-t-il mis en garde vendredi, exhortant à trouver un accord “dès que possible”.

Mais la chancelière allemande, dont le pays désormais entend défendre d’abord ses intérêts nationaux avant ceux de l’Union européenne, reste ferme pour le moment. Elle refuse de se laisser forcer la main.

“Je ne crois pas pour le moment que la Grèce aie besoin d’argent (…) Je déconseille de provoquer des turbulences sur les marchés, en suscitant de fausses attentes du Conseil européen de jeudi”, a-t-elle dit dimanche dans une interview à la radio allemande.

Sur le fond, elle se dit ouverte à une solution de compromis de plus en plus évoquée, associant une aide de la zone euro et du Fonds monétaire international, dont le directeur général était cette semaine à Bruxelles.

“Si la Grèce devait être menacée de cessation de paiement, elle serait aidée de manière bilatérale par les Etats ou bien on aura aussi recours à l’aide du FMI”, déclare-t-elle, tout en se refusant à ce stade à prendre une décision.

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ésident de La Commission européenne Jose Manuel Barroso à Madère le 12 mars 2010 (Photo : Gregorio Cunha)

Même ambiguïté du côté de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble. “A l’extrême rigueur, on pourrait avoir des aides bilatérales coordonnées”, mais “la Grèce a par ailleurs (…) légalement la possibilité de bénéficier des aides du FMI”, a-t-il dit dans une interview publiée dimanche.

La Commission européenne n’exclut pas une contribution financière du FMI, mais seulement dans le cadre d’un mécanisme piloté par la zone euro.

Ce dispositif de la zone euro a déjà été approuvé dans ses grandes lignes par les ministres des Finances. Il serait constitué d’un système de prêts bilatéraux coordonnés, pour environ 22 milliards d’euros, à des taux inférieurs à ceux que doit verser aujourd’hui Athènes, selon une source européenne.

Mais un accord des dirigeants européens, et donc de Mme Merkel, est nécessaire pour que ce mécanisme puisse être créé au cas où.

Le sommet sera “un grand rendez-vous politique de l’Europe”, qui montrera “si nous sommes capables de prendre des décisions communes”, estime un haut responsable de la Commission européenne sous couvert d’anonymat.

Les Européens “comptent sur l’attachement de l’Allemagne à la zone euro”, ajoute-t-il.