Prudent, PSA renonce à Mitsubishi pour ménager ses actionnaires

photo_1267642006100-1-1.jpg
ésident de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, le 10 février 2010 à Paris (Photo : Eric Piermont)

[03/03/2010 18:48:02] GENÈVE (AFP) En renonçant à se marier avec Mitsubishi Motors, PSA Peugeot Citroën, fragilisé par la crise, cherche avant tout à préserver ses finances et ménager ses actionnaires, au risque de retarder son expansion internationale.

“Il est important que quoiqu’on fasse, la priorité reste donnée à la robustesse financière”, a déclaré mercredi Philippe Varin, président de PSA, en marge du salon automobile de Genève.

“J’ai été clair sur les conditions posées en disant qu’il y avait des conditions sur la création de valeur pour les actionnaires de PSA et sur les questions financières”, a-t-il ajouté.

Après trois mois de discussions, PSA et Mitsubishi ont annoncé mercredi qu’ils renonçaient à leur projet “d’alliance capitalistique”, au moyen de laquelle le constructeur automobile français comptait éventuellement prendre le contrôle de son homologue et ami de longue date japonais.

Mais, depuis, selon la presse, la famille Peugeot, qui détient 30,3% de PSA, grinçait des dents alors que la capitalisation boursière de Mitsubishi est actuellement plus élevée que celle du groupe français (près de 6 milliards d’euros, contre 4,8 milliards pour PSA mercredi après-midi).

“La conjoncture ne se prête pas en ce moment à ce que PSA investisse dans Mitsubishi”, qui est “aujourd’hui trop gros pour pouvoir être absorbé par PSA”, estime Bertrand Rakoto, analyste automobile de RL Polk, présent au salon.

Autre facteur d’explication: la crise qui persiste sur les marchés automobiles, notamment en Europe, alors que PSA sort de deux années consécutives de pertes.

“Dans les circonstances actuelles du marché, une alliance capitalistique n’était pas appropriée”, a relevé Jean-Marc Gales, directeur général marques de PSA, compte tenu des “incertitudes sur les marchés financiers et sur les marchés automobiles”.

Pourtant, depuis son arrivée en juin dernier à la tête de PSA, Philippe Varin avait placé comme objectif pour le groupe de devenir “plus global, plus international”, alors qu’il réalise encore les deux tiers de ses ventes en Europe.

La Chine, l’Amérique latine et la Russie ont été placées au rang de zones de développement prioritaires. Dans ce cadre, Mitsubishi apparaissait comme un allié bienvenu pour le développement asiatique de PSA.

“Mitsubishi est très présent sur des marchés où PSA est à peu près absent”, souligne M. Rakoto.

En attendant, PSA va devoir continuer à compter sur ses partenariats techniques. Il a d’ailleurs indiqué qu’il recherchait d’autres terrains de coopération avec Mitsubishi, dont “l’entrée de gamme” au niveau mondial.

Les deux constructeurs coopèrent déjà dans la production de 4X4, dans les voitures électriques et construisent une usine commune en Russie qui commencera à produire en avril.

PSA a aussi noué des partenariats avec BMW dans les moteurs, avec Fiat dans la production de véhicules utilitaires ou avec Toyota pour la fabrication en commun de petites voitures.

Mais, à terme, le groupe français pourrait relancer des discussions pour s’allier durablement à un autre constructeur, voire revenir à la table des négociations avec Mitsubishi.

PSA pourrait vouloir “attendre de voir comment Mitsubishi va se comporter dans cette tourmente, et éventuellement attendre un moment plus favorable”, selon l’analyste de RL Polk.