Tunisie – Développement : Banque mondiale, cette institution qui pense pour nous

Un petit prospectus intitulé «le portefeuille de la Tunisie en bref» et
distribué, vendredi 12 février 2010 à Tunis, à l’occasion de la présentation du
Cadre du partenariat stratégique (CPS) Tunisie- Banque mondiale pour la période
2010-2013, a attiré notre attention.

Le prospectus est en fait une longue liste des études sectorielles et
macroéconomiques élaborées par la Banque mondiale pour le compte de la Tunisie.
Le nombre de ces études est impressionnant. Il donne à croire que cette
institution ne pense que pour nous et que le think tank tunisien est, désormais,
soit à créer, soit à réinventer tant ses études englobent tous les secteurs
socioéconomiques.

Le groupe de la Banque mondiale ne s’en cache pas, du reste. Il en tire même
satisfaction. Dans un autre document du dossier de presse remis aux
participants, «Activités de la Banque mondiale en Tunisie en bref», par la même
occasion, l’institution rappelle que «la Banque mondiale joue un rôle actif en
appuyant les choix et réformes de politique en produisant des analyses
approfondies des questions clés».

Pour ne citer que les récentes études, le document met en exergue celles menées
par le groupe de
Bretton Woods sur les politiques de développement (promotion de
l’innovation pour accélérer la croissance de la productivité), un rapport sur
l’intégration mondiale de la Tunisie, un programme d’appui à l’intégration et la
compétitivité, un rapport sur l’emploi, le développement des compétences et la
protection sociale, l’étude sur les petites et moyennes entreprises, les centres
techniques et la gestion des terrains industriels, un rapport sur l’agriculture,
une étude régionale sur les obstacles aux investissements et au commerce
transfrontaliers au Maghreb, et une étude sur l’évaluation du coût de la
dégradation de l’eau et de l’environnement.

Côté perspectives, la Banque mondiale prépare actuellement une nouvelle étude
sur le développement de l’emploi, la gestion énergétique, la note sectorielle
sur les finances des PME, les pôles de compétitivité, les réseaux de protection
sociale…

Lors de rencontres publiques, les responsables de la Banque mondiale accordent
un intérêt particulier à l’activité études – analyses et en font la promotion.

A titre indicatif, Mme Eavan O’Halloran, chargée des ‘’Opérations principales’’
à la Banque, qui a présenté à Tunis le CSP Tunisie-Banque mondiale pour
2010-2013, a tenu à rappeler systématiquement et à maintes reprises, dans son
exposé que son institution est disposée à accompagner les projets qu’elle aurait
à cofinancer par une étude sectorielle, macroéconomique ou régionale. La
stratégie du groupe de la Banque mondiale est, désormais, claire.

Par delà cet alignement, le Tunisien moyen aurait pu fermer les yeux si ces
études-prêts avaient considérablement contribué à l’amélioration de son
quotidien.

Qui oserait dire que l’étude sur
l’enseignement supérieur a abouti sur une
quelconque amélioration du niveau de nos étudiants, et partant, de notre
université laquelle ne figure dans aucun classement ?

Qui oserait dire que l’étude
stratégique sur le tourisme de 2004 a favorisé un
meilleur positionnement du secteur ? Ce dernier continue à se débattre dans des
créances douteuses et à vampiriser de nouvelles lignes de crédit mobilisées pour
sa mise à niveau ? D’ailleurs, depuis 2008, le ministère de tutelle a programmé
une nouvelle étude pour la promotion du secteur à l’horizon 2016.

Qui oserait dire que l’étude stratégique sur la santé a permis aux Tunisiens
d’être mieux soignés dans nos hôpitaux ? Est-il besoin de rappeler, ici, que
pour avoir un rendez-vous pour un IRM, il faut attendre aujourd’hui plus de six
mois ?

Et pour balayer devant nos portes, le temps est venu de s’interroger sur
l’incapacité viscérale de certains «méga-bureaux d’études» de piloter et de
mener à terme des études similaires.