Cette foutue Afrique!

Cette foutue Afrique!

yaounde-1-2010.jpgQuand je suis arrivée à Yaoundé dans mon périple africain -offert par mon patron un jour où je venais encore une fois rouspéteuse, il sortit son chéquier et me dit
: “vas faire un tour ailleurs et tu comprendras !”-, j’étais déjà surprise par
la beauté du site : la ville s’étale paresseusement entre l’altitude 800 et 1400
m avec une population de 3 millions d’habitants et est la capitale de l’un des pays les plus grands et les plus riches potentiellement d’Afrique. Mais les traces de la colonisation rigide et aberrante sont partout : déjà au niveau de
la monnaie, le franc CFA -1000 FCFA c’est 3 DT ENVIRON- est rigidement lié à
l’euro et l’Afrique subit d’une manière directe les effets de la guéguerre
dollar/euro, et le pire –excusez cet écart de langage– c’est que les CFA du
centre de l’Afrique qui ont la même valeur de ceux de
l’Afrique de l’Ouest ne
sont pas interchangeables sauf en allant faire du change à la banque !
Du coup, dans ces pays si on compare à la Tunisie, tout est presque 3 fois plus
cher avec des PIB parfois 10 fois plus faibles … ; alors le calcul est simple et
justifie le titre de ce papier.

Et si on parle de corruption en Afrique, je pense qu’elle se justifie car c’est
il est aberrant de payer dans un hôtel 3 étoiles 40.000 fcfa -120 dt- une femme
de chambre à 20.000 fcfa par mois, ou dans le secteur public où le niveau des
salaires est aberrant. Du coup, on se rattrape comme on peut d’autant plus que
ces pays ont des drames naturels : ils ont des sols et des sous sols riches,
tout le monde vous dira que le Congo Kinshacha est un scandale géologique, que
la Guinée-Conakry est un bauxite-pays, etc. Parfois je suis tellement heureuse
que le seigneur ait épargné notre pays de toutes ces richesses en voie de
perdition.

Ajoutez à cela le poids des traditions qui ont parfois du bon –les tontines des
bamilenkés, par exemple, protégent le Cameroun de la crise financière.
Mais de par ma nature et quand je vois cette population grouillante souvent mal
vêtue, mal nourrie, mal logée qui, malgré tout, n’a pas le mal de vivre et est
souriante et semble souvent jouer la comédie de la pauvreté “patron donne-moi
quelque chose, ma femme est à l’hôpital”, je reste profondément optimiste et me
dis : quand les derniers billets de FCFA seront usés, et qu’on finira par
adopter une monnaie adaptée à ces régions – pourquoi pas le kory- qui ne
dépendent pas rigidement des sautes d’humeur d’un gouverneur d’une Banque
centrale occidentale, l’Afrique finira par bien partir, n’est-ce pas M. Dumont!