Le Royaume-Uni est enfin sorti de la récession, mais très poussivement

photo_1264507513911-1-1.jpg
érienne du quartier d’affaires de Canary Wharf dans l’est de Londres le 22 juillet 2008 (Photo : Leon Neal)

[26/01/2010 12:06:02] LONDRES (AFP) Le Royaume-Uni est officiellement sorti de récession fin 2009, mais de justesse et après tous ses voisins du G7, affichant une maigre croissance qui laisse présager une reprise lente et fragile, et assombrit encore l’avenir de Gordon Brown à cent jours des élections législatives.

L’Office des statistiques nationales (ONS) a publié ce mardi sa première estimation du Produit intérieur brut (PIB) du quatrième trimestre 2009.

Il a augmenté de 0,1% seulement par rapport au trimestre précédent, renouant ainsi avec la croissance après six trimestres de baisse, mais décevant les économistes, qui tablaient sur une progression plus vigoureuse, de 0,4% en moyenne.

Sur un an, le PIB du quatrième trimestre s’est replié de 3,2%. Moins bien, là encore, que le recul de 3% espéré par les analystes.

Ce retour à la croissance in extremis est dû aux secteurs des services et de l’industrie qui ont chacun crû de 0,1%. L’activité du BTP a en revanche été stable, et celle de l’agriculture a reculé de 0,6%.

Sur l’ensemble de l’année 2009, l’économie britannique s’est contractée de 4,8%, a ajouté l’ONS, ce qui constitue la plus forte baisse en année pleine jamais enregistrée par l’institut, depuis le début du calcul de cette statistique en 1949.

La récession dans laquelle le Royaume-Uni avait basculé au deuxième trimestre 2008, dans le sillage de la crise du crédit, aura donc duré six trimestres, et aura vu l’économie se contracter en tout de 6%. Ce qui en fait la récession la plus sévère subie par le pays depuis la grande dépression des années 1930, selon certains économistes.

Les experts de la City n’ont pas caché leur déception, estimant que ce retour poussif à la croissance préfigurait un rétablissement lent et difficile de l’économie britannique, qui risque d’être compliqué par une remise en ordre attendue des finances publiques. La livre sterling a elle-même accusé le coup, en chutant par rapport à l’euro et au dollar.

Jonathan Loynes, du cabinet de recherche Capital Economics, a qualifié ces chiffres de “coup dur”. “Avec des revenus des ménages sous pression, un crédit toujours peu abondant, et la perspective d’un plan d’austérité budgétaire, le chemin de la reprise va être long et semé d’embûches”, a-t-il résumé.

“Le Royaume-Uni est peut-être sorti officiellement de la récession, mais il est loin d’être sorti de l’auberge économique”, a renchéri Howard Archer, d’IHS Global Insight.

Une opinion partagée par le ministre des Finances Alistair Darling, qui a commenté ces chiffres avec un air d’inquiétude.

Même s’il prévoit toujours une croissance autour de 1,25% cette année, il a déclaré à la BBC qu’il fallait rester “très prudent”, et a refusé d’exclure une éventuelle rechute du PIB dans les trimestres qui viennent.

Mais il a aussi jugé que cela justifiait de maintenir les mesures de relance tant que la reprise ne serait pas solidement établie, comme le veut le Premier ministre Gordon Brown, alors que l’opposition conservatrice, donnée gagnante aux prochaines élections, presse au contraire le gouvernement de juguler sans tardée l’envolée du déficit budgétaire.

Le parti travailliste au pouvoir s’est lui-même engagé sous la pression grandissante des agences de notation à réduire le déficit public de moitié en quatre ans, mais a repoussé toute baisse concrète au prochain budget, qui sera présenté en mars ou en avril.

Les élections législatives se tiendront probablement le 6 mai, soit dans tout juste cent jours.