étaire américain au Trésor Timothy Geithner, le 29 octobre 2009 à Washington. (Photo : Tim Sloan) |
[21/01/2010 08:35:12] WASHINGTON (AFP) Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner se retrouve au coeur d’une ténébreuse affaire liée au sauvetage du groupe d’assurances AIG et dans laquelle deux banques françaises viennent jouer les invitées surprise.
Retour sur les faits: Mi-septembre 2008, AIG, au bord de la cessation de paiement, est sauvé de la faillite par un prêt de la banque centrale (Fed) selon un plan conçu en l’espace d’un week-end par le secrétaire au Trésor du moment, Henry Paulson, le président de la banque centrale (Fed), Ben Bernanke, et M. Geithner, alors président de la branche new-yorkaise de la Fed.
L’opération permet d’éviter une panique financière catastrophique, mais s’avère insuffisante: Les pouvoirs publics sont obligés de remettre la main au portefeuille une deuxième fois, puis une troisième. Au total, plus de 150 milliards de dollars de fonds publics seront mobilisés.
Le sauvetage d’AIG empoisonne régulièrement M. Geithner depuis sa confirmation (difficile) à la tête du Trésor il y a près d’un an.
Très mal perçue dans l’opinion publique, qui reproche volontiers à ses concepteurs d’avoir dépensé à fonds perdus des sommes qui auraient pu servir a soutenir l’emploi, le sauvetage de l’assureur a aussi été très mal vécu par le Congrès qui n’a pas eu son mot à dire sur la question.
L’affaire est revenue au premier plan au début du mois lorsqu’une commission parlementaire a demandé à M. Geithner de venir témoigner devant elle.
Sur la base de courriers électroniques internes à la Fed de New York, la commission soupçonne celle-ci d’avoir conseillé à AIG de cacher certaines informations qui auraient révélé au public que plusieurs dizaines de milliards de dollars de l’aide accordée à AIG allaient finalement atterrir dans les mains de grandes banques, notamment européennes, à qui le groupe devait de l’argent.
M. Geithner a fait savoir qu’il avait été déchargé de ce dossier à l’époque des messages incriminés, après que le président élu Barack Obama eut annoncé son intention d’en faire son ministre des Finances. Il a néanmoins accepté de témoigner devant la commission le 27 janvier.
L’affaire a connu un nouveau rebondissement mardi avec la publication d’un article du Wall Street Journal sur la façon dont les banques françaises Société Générale et Calyon (banque d’investissement du Crédit Agricole), soutenues par la Commission bancaire française, ont tenu tête à la Fed de New York pour obtenir le versement de l’intégralité des sommes que leur devait AIG en invoquant une particularité du droit français qui les auraient empêchées d’accepter une décote.
La détermination française a été telle que la Fed a accédé à leur demande qu’AIG rembourse finalement toutes les autres banques dans leur cas, pour ne pas faire de différences.
Ces informations ne sont pas nouvelles puisqu’elles ont été exposées dans un rapport officiel publié mi-novembre mais passé alors totalement inaperçu. La parution de l’article dans un journal réputé conservateur survient alors que M. Obama voit sa popularité s’effriter et que l’opposition multiplie ses attaques.
La ligne directrice de l’article est qu’il n’est pas brillant de se faire flouer par les Français, un argument également employé par le représentant républicain Darrell Issa, le “découvreur” des courriels litigieux, qui accuse M. Geithner d’incompétence.
Sans véritable expérience du jeu politique, M. Geithner est une cible de choix des républicains, qui réclament régulièrement sa démission. Face aux critiques, la Maison Blanche a réaffirmé le 8 janvier que le secrétaire au Trésor avait toute la confiance de M. Obama.